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Olivier Philipponnat (Préfacier, etc.)
EAN : 9791039204125
496 pages
Archipoche (09/11/2023)
  Existe en édition audio
4.18/5   1461 notes
Résumé :
Ecrit dans le feu de l'Histoire, Suite française dépeint presque en direct l'exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique de nombreuses familles françaises. De son village de Saône-et-Loire où elle est réfugiée, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d'une population en déroute. Au fil de l'écriture et de l'avancée allemande, son roman se fait le miroir inquiétant du quotidien d'un pays sous le joug,... >Voir plus
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4,18

sur 1461 notes
Sans doute le roman le plus humain que j'ai lu sur la Seconde Guerre Mondiale, d'autant plus poignant lorsqu'on remet en perspective les conditions de sa rédaction, puis de son édition tardive 62 ans plus tard, couronnée par le Prix Renaudot 2004.

Il y a peu de destins qui m'émeuvent autant que celui d'Irène Némirovsky. Prenez seulement deux minutes pour consulter sa fiche Wikipedia, et vous comprendrez à quel point l'on peut être ému à la lecture des "Feux de l'automne" et de "Suite française", ce dernier restant inachevé car conçu comme une série dont seuls les deux premiers tomes ont eu le temps d'être écrits.

C'est pourquoi en ouvrant "Suite française", vous découvrez deux romans pour le prix d'un : "Tempête en juin" et "Dolce", ce dernier ayant récemment fait l'objet d'une adaptation cinématographique avec Michelle Williams, Matthias Schoenaerts et Kristin Scott Thomas en têtes d'affiche. Mais vous limiter au film serait une grave erreur tant le roman est davantage dense. D'autant que "Tempête en juin" est un riche témoignage, quasi journalistique, de la débâcle ayant suivi l'entrée de l'armée allemande dans Paris, et entraîné un exode sans précédent de la population civile française. D'ailleurs, hasard ou hommage discret, au moment où l'on redécouvrait "Suite française" en librairie sortait le film "Bon voyage" de Jean-Paul Rappeneau mettant en scène un scénario proche de "Tempête en juin".

"Suite française" est peut-être le cinquième ou le sixième roman d'Irène Némirovsky que je lis et au-delà de sa parfaite maîtrise de la langue (elle maîtrisait sept langues et écrivait en français) et de son talent de narratrice, je reste surtout touchée par la grande humanité qui transparaît derrière chacun de ses personnages, qu'il occupe le premier plan ou non.

Avec quel oeil critique et ironique l'auteur scrute-t-elle les événements qui l'entourent ? Réfugiée avec son mari et ses deux filles dans un petit village du Morvan, en Bourgogne, vivant journellement dans l'insécurité et le manque de liberté, Irène relate ce qu'elle a elle-même vécu, et ce qu'elle vivra jusqu'à son arrestation en 1942 et sa déportation à Auschwitz où elle sera assassinée parmi tant d'autres.

Ce roman est un coup de coeur ; et s'il y a bien un auteur que je voudrais voir pleinement reconnu et lu à travers les générations, c'est bien elle, la courageuse et talentueuse Irène Némirovsky, morte avant quarante ans, victime de l'inhumanité des hommes. C'est le plus bel hommage que l'on puisse lui rendre.


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C'est à la lecture d'un échange entre Michfred et Migdal que je me suis décidée à lire « Suite Française » d'Irène Némirovsky.

Ce livre vaut aussi par sa préface qui est rédigée par Myriam Anissimov. Elle permet de mettre en lumière les motivations d'Irène que l'on retrouve dans tous ses écrits. Myriam Anissimov a écrit, aussi, de très belles pages sur notre Romain Gary national.

La première chose qui frappe dès le début de la lecture, c'est le français impeccable dans lequel sont rédigés les deux récits qui composent cet ouvrage. le premier « Tempête en juin » et le second « Dolce ». Je ne peux m'empêcher de songer à la plume poétique d'Andréï Makine. Décidément, nos écrivains russes francophiles sont très souvent les garants de la langue de Molière. Il est vrai qu'en Russie, la littérature est essentielle.

Irène est née en 1903 à Kiev dans une famille aisée de la bourgeoisie juive. En 1918, sa famille décide de fuir la révolution qui s'accompagne de pogroms pour s'installer en France en 1919. Elle y rencontre Michel Epstein qu'elle épouse en 1926 et dont elle aura deux filles.

Devant les évènements dramatiques qui se profilent à l'horizon des années 30, le couple demande la nationalité française en 1938 qui leur sera refusée : ce qui de toute façon n'aurait pas changer grand-chose quant à leur avenir. C'est à Issy-l'Evèque, un petit village du Morvan, où le couple et leurs deux filles se sont réfugiés qu'Irène griffonnent ses carnets peut-être par devoir de mémoire où tout simplement pour exorciser ses angoisses ! Ecrire devient un réflexe de survie lorsque les illusions se sont évaporées.

Si vous voulez suivre en direct l'exode de juin 40, alors n'hésitez pas, c'est saisissant ! Irène Némirovsky rapporte avec l'exactitude de celle qui l'a vécue, à travers une fiction, ces instants terribles où des millions de personnes se sont retrouvées jetées sur les routes de France, fuyant à la fois l'envahisseur allemand mais aussi les bombardements. C'est justement ce qui fait la grande valeur de ce récit inachevé, écrit en 1942, juste avant qu'elle ne soit arrêtée par la Gestapo et déportée à Auschwitz. C'est un reportage en direct qui braque l'objectif sur quelques familles et leurs individualités. L'auteure trace avec précision leur lâcheté, leur héroïsme, le désordre ambiant, la peur, le mépris, la collaboration mais aussi quelquefois la solidarité ! le portrait d'une France en perdition !

En lisant « Suite Française » aujourd'hui, on y retrouve un peu du scénario actuel du « Village français » mais aussi du « Silence de la Mer » de Vercors. le roman de Vercors a été lui aussi écrit en 1941 mais publié en 1942 dans la clandestinité et édité par Edmond Charlot. (Les Richesses de Kaouther Adimi).

Avant d'être lui-même déporté, Michel Epstein, le mari d'Irène, a confié le manuscrit à leurs filles, Denise 13 ans et Elisabeth 5 ans, soigneusement conservé dans une valise avec instruction d'y veiller précieusement. Les deux enfants se sont cachées sans jamais abandonner cette fameuse valise qu'elles n'ont pas osé ouvrir tant que les cicatrices ne s'étaient pas estompées. Denise n'imaginait pas l'importance de ces écrits. C'est en voulant les confier à l'Institut de la Mémoire, en 1975, et en les dactylographiant à l'aide d'une loupe, qu'elle va prendre la mesure du document qui est sous ses yeux. Il faut l'insistance des Editions Denoël pour qu'enfin paraisse ce témoignage écrit sur le vif.

Le 8 novembre 2004, Irène connaît le succès à titre posthume et « Suite Française » reçoit le Prix Renaudot.

Je tenais à rendre hommage à ces quelques écrivains comme Stefan Zweig, Sandor Maraï et Irène Némirowsky que je qualifierai de « gardiens de la mémoire » et qui ont eu cette idée géniale d'écrivain d'annoter sur leurs carnets tous les grands et petits détails du quotidien alors que le monde autour d'eux s'écroulait.

« Mon Dieu ! Que me fait ce pays ? Puisqu'il me rejette, considérons le froidement, regardons le perdre son honneur et sa vie. Et les autres que me sont-ils ? Les empires meurent. Rien n'a d'importance. Si on le regarde d'un point de vue mystique ou d'un point de vue personnel, c'est tout un. Durcissons-nous le coeur. Attendons ». Irène Némirowsky

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Juin 1940 : les Parisiens fuient en masse la capitale bombardée par les Allemands. Il y a la famille Péricand, l'écrivain Gabriel Corte et sa maîtresse Florence, Jeanne et Maurice Michaud et bien d'autres qui s'élancent vers les provinces. « Ainsi, pendant un naufrage, toutes les classes se retrouvent sur le pont. » (p. 40) Quitter Paris, quitter sa vie, c'est éreintant : que faut-il prendre ? Les objets de première nécessité ou plutôt les souvenirs ? Ou plutôt les valeurs et les biens précieux ? Comment être sûr que tout restera en place avant un éventuel retour ? À pied, en voiture, en charrette ou en train, chacun fait son chemin comme il le peut. « Cette multitude misérable n'avait plus rien d'humain ; elle ressemblait à un troupeau en déroute, une singulière uniformité s'étendait sur eux. » (p. 95) Parfois pris dans un convoi mitraillé ou arrêtés en rase campagne sans essence, les fuyards sont tous égaux dans la peur qui, sous la poussée allemande, les pousse sur les routes et qui les expulse de Paris.

Il y a la faim, il y a la peur, il y a l'incertitude. La générosité est soudain un bien qui se vend très cher : chacun vit pour soi dans l'exode et la débâcle. Devant la même menace et l'imminente défaite française, comment préserver la dignité et les apparences ? Et pourquoi ? Alors que certains s'accrochent à leur luxe et à leurs privilèges, la mort fauche à grandes brassées. « En un mot, que les catastrophes passent et qu'il faut tâcher de ne pas passer avant elles, voilà tout. Donc d'abord vivre : Primum vivere. Au jour le jour. Durer, attendre, espérer. » (p. 269) Et les morts ne traînent pas : certaines sont absurdes, d'autres sont hideuses.

Dans la deuxième partie, l'exode a laissé place à l'occupation. Lucile Angellier et sa belle-mère sont contraintes d'accueillir Bruno von Falk dans leur grande demeure. Il en va de même pour Madeleine et Benoît Labarie dans leur ferme. Quelle attitude les Français doivent-ils adopter avec les occupants ? Faut-il composer ? « On a été battus, n'est-ce pas ? On n'a qu'à filer doux. » (p. 452) Faut-il les défier et les mépriser ? « La force prime le droit. » (p. 330) Ou faut-il les accueillir les bras, voire les draps, grands ouverts ? « On nous complique assez l'existence avec les guerres et tout le tremblement. Entre un homme et une femme, ça ne joue pas, tout ça. » (p. 399) Chacun voit l'ennemi à sa porte et choisit son camp. Les occupants, sous leurs terribles habits verts, sont pourtant très courtois. « Il met des gants blancs pour exercer ses droits de conquête. » (p. 374) Mais personne n'oublie que la guerre gronde ailleurs en Europe. « En temps de guerre, aucun de nous n'espère mourir dans un lit. » (p. 359) du point de vue de Lucile, à laquelle la seconde partie s'attache particulièrement, la question est simple : est-il possible d'aimer l'ennemi ?

Ce roman est inachevé : l'auteure a été arrêtée, déportée et exécutée en 1942. Il manque clairement un pan à ce tableau en trois volets. Lire les notes finales, premières ébauches de la main de l'auteure est éclairant, mais j'ai préféré ne pas poursuivre ma lecture et m'en tenir à l'oeuvre partiellement achevée. Il y a quelques destins croisés entre les familles. le texte est surprenant et suit presque au jour le jour l'exode et l'occupation. La guerre est vue de l'intérieur, mais loin des tranchées et sans héros. Les petites résistances ou les premières collaborations n'ont aucun éclat : finalement, le quotidien reste le même, la banalité est juste légèrement ébranlée par quelques coups de canon. Cette Suite française est un roman poignant, au style percutant. Irène Nemirovsky a très largement son prix Renaudot posthume en 2004.
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Un roman écrit pendant la guerre, un roman inachevé, un roman écrit par une auteur qui ne reviendra pas de cette guerre, et pour conclure, les notes retrouvées de l'auteur, des échanges écrits entre les proches de l'auteur.
On suit réellement dans cette histoire différents personnages au coeur de cette première partie de guerre, de l'exode à l'occupation.
Personnellement, j'ai beaucoup apprécié l'écriture d'Irène Némirovsky, pas de jugements, pas de parti pris. Juste un état des faits, le ressenti des personnages, dans tout ce qu'il y a de bon et de mauvais.
Un roman qui complète les connaissances que l'on peut avoir sur cette période.
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Cocottes en goguette éparpillées aux quatre vents, bourgeois ventripotents et égoïstes suffocant loin de leur cher Paris, rombières bourgeoises affublées de familles nombreuses, petit peuple traînant ses guêtres le long des routes, tout ce beau monde projeté au coeur du chaos que fut l'exode au printemps 1940, reprend vie à travers la plume d'Irène Némirovsky. Par le prisme de son regard sans concession, scrutateur et intransigeant, l'auteur qui connut également cet épisode douloureux, nous livre à chaud cette expérience traumatisante pour des millions de Français jetés sur les routes. Cela est d'autant plus remarquable qu'elle l'a écrit dans une quasi immédiateté (à peine 2 ans plus tard) et relève le défi d'y apporter un certain recul (bien qu'on y perçoive, à travers sa prose incisive, une critique à peine voilée des excès de comportements engendrés par cet épisode). Suite française se voulait comme une peinture sans concession de cette France occupée, une saga débutant avec l'exode et l'arrivée imminente des Allemands et poursuivant avec le quotidien d'une poignée de Français sous le joug nazi, les uns lâches et collabos, les autres entamant la résistance. Malheureusement Irène Némirovsky sera arrêtée puis déportée avant d'avoir pu finir son oeuvre. C'est sa fille Denise Epstein qui cachera les 2 premiers tomes du roman et finira pas les faire publier 60 ans plus tard. Ma lecture de cette oeuvre fut d'autant plus teintée d'émotions quand on sait qu'Irène Némirovsky ne reviendra jamais des camps.

Le deuxième tome de Suite française – Dolce - (celui qui a été adapté au cinéma récemment) s'intéresse à la vie d'une poignée de villageois d'un patelin paumé du centre de la France. Il esquisse une idée d'un quotidien, quasiment un huit clos, au contact de l'ennemi qui prend une place importante au coeur de leurs intimités. Plus calme que la première partie dont le rythme est à l‘image de l'émotion et de la houle induites par l'Exode, Dolce, plus intime, se lit posément, disséquant avec précision et acuité le ressenti des personnages aux prises avec l'occupant allemand et comment au final on s'accommode de tout dès lors qu'une routine s'installe.

Témoignage d'une période sombre et trouble des premières années de l'Occupation, Suite française est un ouvrage qui se lit à la fois comme un roman, un reportage et un testament. Pour avoir lu d'autres romans d'Irène Némirovsky, j'ai trouvé que Suite française concentrait l'essence même du talent de cette femme de lettres remarquable. Poignant par la portée de ce roman et son destin, acerbe par le regard porté sur cette période, Suite française ne peut vous laisser indifférents.
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Citations et extraits (243) Voir plus Ajouter une citation
Un chat tenait avec circonspection entre ses dents aiguës un morceau de poisson parsemé d’arêtes : l’avaler lui faisait peur, le cracher lui donnerait des regrets.
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Qu'ils aillent où ils veulent; moi, je ferai ce que je voudrai. Je veux être libre. Je demande moins la liberté extérieure, celle de voyager, de quitter cette maison (quoique ce serait un bonheur inimaginable !), que d'être libre intérieurement, choisir ma direction à moi, m'y tenir, ne pas suivre l'essaim. Je hais cet esprit communautaire dont on nous rabat les oreilles. Les Allemands, les Français, les gaullistes s'entendent tous sur un point: il faut vivre, penser, aimer avec les autres, en fonction d'un État, d'un pays, d'un parti. Oh, mon Dieu ! je ne veux pas ! Je suis une pauvre femme inutile; je ne ne sais rien mais je veux être libre ! Des esclaves nous devenons, pensa-t-elle encore; la guerre nous envoie ici ou là, nous prive de bien-être, nous enlève le pain de la bouche; qu'on me laisse au moins le droit de juger mon destin, de me moquer de lui, de le braver, de lui échapper si je peux. Un esclave ? Cela vaut mieux qu'un chien qui se croit libre quand il trotte derrière son maître. Ils ne sont même pas conscients de leur esclavage, (...) et moi je leur ressemblerais si la pitié, la solidarité, "l'esprit de la ruche" me forçaient à repousser le bonheur.
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Un extraordinaire tumulte, une confusion d'idées et de passions l'agitait, mais ce qui dominait dans son cœur, c'était le mépris qu'il éprouvait pour l'humanité entière. (...) Il avait été un si bon petit enfant! Le monde à ses yeux était simple et beau, les hommes dignes de respect. Les hommes...un troupeau de bêtes sauvages et lâches. Ce René qui l'avait incité à la fuite, qui était resté ensuite à se dorloter sous la couette, tandis que le France périssait. Ces gens qui refusaient aux réfugiés un verre d'eau, un lit, ceux qui faisaient payer les œufs à prix d'or, ceux qui bourraient leurs voitures de bagages, de paquets, de provisions, de meubles même, et qui répondaient à la femme mourant de fatigue, à des enfants venus à pied de Paris : "Vous ne pouvez pas monter...Vous voyez bien qu'il n'y a pas de place...". (...) Le monde extérieur incohérent et hideux était peint aux couleurs de l'enfer, un enfer où jamais Jésus ne redescendrait "car ils le mettraient en pièces", songea Hubert.
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Où allait le monde ? Que serait l'esprit de demain ? Ou bien les gens ne penseraient plus qu'à manger et il n'y aurait plus de place pour l'art, ou bien un nouvel idéal ? Cynique et las, il pensa: "Une nouvelle mode !" Mais lui, Corte, était trop vieux pour s'adapter à des goûts nouveaux. Il avait déjà en 1920 renouvelé sa manière. Une troisième fois, ce serait impossible. Il s'essoufflait à le suivre, ce monde qui allait renaître. Ah ! qui pourrait prévoir la forme qu'il prendrait au sortir de cette dure matrice de la guerre de 1940, comme d'un moule d'airain, il allait sortir géant ou contrefait (ou les deux), cet univers dont on percevait les premiers soubresauts. C'était terrible de se pencher sur lui, de le regarder... et de ne rien y comprendre. Car il ne comprenait rien. Il pensa à son roman, à ce manuscrit sauvé du feu, des bombes, et qui reposait sur une chaise. Il éprouva un intense découragement. Les passions qu'il décrivait, ses états d'âme, ses scrupules, cette histoire d'une génération, la sienne, tout cela était vieux, inutile, périmé. Il dit avec désespoir: périmé !
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Les bottes... Ce bruit de bottes... Cela passera. L'occupation finira. Ce sera la paix, la paix bénie. La guerre et le désastre de 1940 ne seront plus qu'un souvenir, une page d'histoire, des noms de batailles et de traités que les écoliers ânonneront dans les lycées, mais moi, aussi longtemps que je vivrai, je me rappellerai ce bruit sourd et régulier des bottes martelant le plancher.
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Elle fut l'une des romancières les plus en vue des années 30 puis on l'a oublié après sa mort en déportation… jusqu'à sa redécouverte il y a quelques années. Son nom ? Irène Némirovsky;
« Suite française » d'Irène Némirovsky, c'est à lire aux éditions Denoël.
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