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Citations sur Flétrissure (14)

Une joie anticipée l'envahit. Il le ferait de nouveau. La mauvaise conscience et la culpabilité, qui l'avaient torturé, n'étaient plus à présent qu'un écho de plus en plus faible enfoui à l'intérieur de lui.
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[...] ... - Je n'ai pas d'explication. Mais c'est indubitable. Tout à fait indubitable, disait le Dr Henning Kirchhoff [= le médecin-légiste] en secouant la tête lorsque Bodenstein entra.

Son flegme professionnel et son cynisme avaient entièrement disparu. Son assistant et Pia paraissaient, eux aussi, médusés, le procureur mordait sa lèvre inférieure d'excitation.

- Qu'avez-vous trouvé ? demanda Bodenstein.

- Quelque chose d'incroyable, dit Kirchhoff en lui faisant signe d'approcher de la table et en lui tendant une loupe. J'ai remarqué quelque chose à l'intérieur de son bras gauche, un tatouage. Je ne l'avais pas vu à cause des meurtrissures que le cadavre présentait au bras. Il était tombé sur le sol du côté gauche.

- A Auschwitz, tout le monde était tatoué, objecta Bodenstein.

- Mais pas comme ça."

Kirchhoff montra le bras du mort. Bodenstein plissa les yeux et observa l'endroit désigné à travers la loupe.

- On dirait ... hum ... deux lettres. En gothique. Un A et un B, si je ne me trompe pas.

- Vous ne vous trompez pas, dit Kirchhoff en lui reprenant la loupe.

- Qu'est-ce que ça signifie ?

- Je renonce à mon métier si je me trompe, répondit Kirchhoff. C'est incroyable, car enfin Goldberg était juif.

Bodenstein ne comprenait pas l'émotion du légiste.

- Vous mettez ma curiosité à rude épreuve, dit-il. Qu'est-ce qu'un tatouage a de si extraordinaire ?

Kirchhoff regarda Bodenstein par-dessus le bord de ses lunettes. Il baissa la voix comme un conspirateur.

- C'est un tatouage indiquant le groupe sanguin. Il est identique à celui qu'avaient les membres de la Waffen-SS. A vingt centimètres au-dessus du coude, à l'intérieur du bras gauche. Après la guerre, comme ce tatouage était un signe de reconnaissance, beaucoup d'anciens S. S. ont essayé de le faire disparaître. Cet homme aussi. ... [...]
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On le murmure déjà en interne depuis un moment. Bodenstein éteignit la lampe de son bureau. Nierhoff craint des problèmes diplomatiques. Dans une enquête comme celle-ci il n'y a aucune couronne de laurier à récolter, c'est clair.
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Je suis allée en Pologne et j'ai fait des recherches. Malheureusement il n'existe plus aucun témoin. Ensuite je suis allé voir Schneider et Anita : toujours la même chanson ! Il fit une grimace de dégoût. Tous les trois ont joué les imbéciles, ces vieux nazis arrogants avec leur Heimatabend et leurs discours sentencieux. Je n'ai jamais pu les souffrir, aucun d'eux.
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Le vieil homme était agenouillé sur l'étincelant marbre blanc du hall, à moins de trois mètres de la porte d'entrée. Son buste avait basculé en avant, sa tête baignait dans une flaque de sang coagulé. Bodenstein ne pouvait savoir à quoi ressemblait son visage ou plutôt ce qu'il en restait. La balle mortelle était entrée dans l'occiput, le sombre petit orifice était d'une discrétion trompeuse. Elle avait causé des dégâts considérables. Du sang et de la masse cervicale avaient giclé partout, sur la tapisserie de soie aux motifs sobres, sur les boiseries, les tableaux et même sur le grand miroir vénitien suspendu près de la porte d'entrée.
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A présent, il n'était plus qu'un fossile, un survivant d'une époque grise dont les amis, les connaissances et les compagnons avaient depuis longtemps disparu.
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[...] ... Personne, dans sa famille, n'avait compris sa décision de venir finir sa vie en Allemagne, pas même lui. Brusquement, il avait senti qu'il ne voulait pas mourir dans le pays qui, pendant soixante ans, s'était montré si généreux avec lui. Il était pris de nostalgie à l'idée de lire des journaux allemands, d'entendre le son de la langue allemande. David Goldberg n'avait pas quitté l'Allemagne de son plein gré, en 1945, c'était une question de vie ou de mort, et il avait tiré le meilleur avantage de la perte de sa patrie. Mais à présent, plus rien ne le retenait en Amérique. Il avait acheté la maison près de Francfort voilà presque vingt ans, peu après la mort de Sarah, pour ne pas avoir à passer la nuit dans des hôtels anonymes quand ses nombreuses affaires ou les devoirs de l'amitié l'appelaient en Allemagne.

Goldberg poussa un profond soupir en contemplant les contreforts de Taunus. Le soleil du soir les teintait d'une lumière dorée. Il se souvenait à peine du visage de Sarah. Les soixante années qu'il avait passées aux Etats-Unis s'étaient comme effacées de sa mémoire, et il avait parfois du mal à se rappeler le nom de ses petits enfants. En revanche, les événements de l'époque d'avant l'Amérique, auxquels il n'avait plus pensé depuis longtemps, revenaient avec force. Parfois, en se réveillant après un petit somme, il avait besoin de quelques minutes pour savoir où il était. Alors il observait avec mépris ses mains osseuses et tremblantes à la peau tavelée de taches de vieillesse. Vieillir n'était pas un cadeau, c'était même une absurdité. Au moins le destin lui avait-il épargné de devenir un invalide dépendant comme beaucoup de ses amis et compagnons de route qui n'avaient pas eu la chance d'être emportés par un infarctus. Il avait une constitution solide qui étonnait toujours ses médecins et qui l'avait immunisé pendant de longues années contre les atteintes de l'âge. Il devait cela à une discipline de fer qui lui avait permis de relever tous les défis de la vie. Il ne s'était jamais laissé aller. Encore aujourd'hui il veillait à être correctement vêtu et soignait son apparence. Goldberg frissonna en pensant à sa dernière visite dans une maison de retraite. La vue des vieux, traînant les pieds dans les couloirs ou assis, sans but, en robes de chambre et pantoufles, hirsutes et le regard vide, l'avait dégoûté. La plupart étaient plus jeunes que lui et pourtant, il n'aurait pas supporté de vivre avec eux. ... [...]
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Cette journée si funestement commencée, fonça à la vitesse d’un TGV vers le point absolu de la noirceur.
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Vieillir n'était pas un cadeau, c'était même une absurdité. Au moins le destin lui avait-il épargné de devenir un invalide dépendant comme beaucoup de ses amis et compagnons de route qui n'avaient pas eu la chance d'être emportés par un infarctus.
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...Elles commandèrent les spécialités de la maison, des burgers grillés sans graisse provenant de vaches heureuses.
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