La Source perdue

Voila un roman qui n'aurait même pas mérité le moindre commentaire, s'il n'avait pas été signé par la merveilleuse Marie-Josée Neuville qui avait si bien su charmer notre enfance, durant les années 50. En achetant ce livre, je croyais y retrouver les chefs-d'oeuvres dans l'art de manier les mots, qu'étaient chacune de ses chansons. Chacune était un véritable exercice de style, l'oeuvre de quelqu'un qui avait les idées bien claires et les bons mots pour les exprimer. D'ailleurs, même aujourd'hui, où ma jeunesse m'a quitté depuis longtemps, et où INTERNET m'a permis de trouver les disques et de découvrir les chansons que je ne connaissais pas, j'ai pu retrouver, du moins pour toutes celles de ses débuts, et un certain nombre de celles de sa tentative de retour durant les années 60, tout ce qui fait une bonne chanson : il suffit de l'écouter quelques fois pour qu'elle reste à jamais gravée dans la mémoire.
Il est vrai que, après un succès phénoménal pendant quelques années, et quelques chansons marquantes durant les années 60, le public l'a boudée, abandonnée. Mais qu'a-t-il donc pu se passer entre l'écriture de telles chansons, et celle de ce roman ? Criblé d'invraisemblances, je l'ai lu jusqu'au bout, certes, mais j'avais "décroché" depuis longtemps, et à chaque rebondissement ( Dieu sait s'il y en a ! ) on ne peut que se dire "elle n'a rien trouvé de mieux"... J'ai commencé à "décrocher" quand j'ai compris que les 2 enfants n'avaient qu'environ 5 ans quand ils étaient dans le couvent, alors qu'elle leur prête des comportements, des propos, invraisemblables à cet âge. Un tout petit exemple : "Plus que 2 frères ordinaires, ils s'étaient choisis.
- C'est du béton, avait dit Charles
- du titane, avait enchéri Joril"
A 5 ans !!!
le fait que c'étaient des enfants juifs qu'on cachait dans les couvents étant rappelé par l'éditeur, ce que personne, depuis la fin de la guerre, ne peut ignorer, ça n'est pas dévoiler l'intrigue que d'écrire que, là où veut nous mener l'auteur, c'est à la découverte, par chacun des 2 anciens amis, de leur appartenance au monde des juifs. Oui mais, pour être crédible, il faudrait que chacun des 2 de son côté, pourtant 2 garçons intelligents, instruits, n'aient jamais compris jusqu'au moment choisi dans le roman, qu'ils étaient juifs !
L'éditeur nous précise que Marie-Josée Neuville veut, entre autres, nous amuser. C'est vrai qu'il y a des scènes qui devraient être drôles, mais elles arrivent tellement "comme un cheveu sur la soupe" qu'elles n'ont même pas réussi à m'amuser !
Je ne peux que répéter ma question : mais que s'est-il donc passé entre ces chansons et ce roman ? On ne peut qu'émettre des hypothèses dont aucune n'a d'éléments de réponse. Alors, il vaut mieux n'en aborder aucune, et oublier bien vite ce roman, pour ne garder de Marie-Josée Neuville, que ses merveilleuses chansons que, malheureusement, la jeunesse ne peut plus connaître puisque, même les émissions de télévision actuelles, qui reprennent si souvent des chansons anciennes, ne reprennent jamais celles de Marie-Josée Neuville, et là encore, on aurait de bonnes raisons de se demander pourquoi, mais c'est un autre sujet !

simplement magnifique