Les tyrans s'appuient sur l'espérance des peuples. (p.401)
Il devait rentrer, il avait du travail. Un nouveau canevas de montage à composer. .../... Mais il serait diffusé , et dans la plus grande salle de cinéma de son époque : ce marché complètement libre de narcissiques jacasseurs, ce far west de la désinformation et de la fraude, cet océan infini livré aux pirates, cette république dont les milliards d' électeurs votaient d' un clic de souris. L' internet.
Elle était aussi damnée qu'un fantôme s'apprêtant à quitter définitivement ce monde. Un spectre qui ne règne plus que sur les quelques pièces vides d'une existence dépeuplée. Une ombre qui observe, plus tout à fait ici, pas encore ailleurs, qui écoute le son de toutes les voix joviales et claires, mais n'offre jamais la sienne.
Elle avait résisté plus longtemps, tenu bon quand certains avaient renoncé.Elle se sentit soudain envahie par le regret, et le désespoir qui l’accompagnait. Elle s’était faite à l’idée de payer pour des actions commises à un âge où la raison et l’expérience n’ont pas leur mot à dire. Elle avait beau réexaminer son passé, formulant des hypothèses ou corrigeant certains détails, il demeurait immuable et promettait toujours de l’amener exactement là où elle se trouvait présentement, seule. Elle se sentait prête. Avalant sa salive, elle sortit le lourd calibre 38 de son sac à main. Et dire qu’elle était l’un de ceux qui avaient eu de la chance.
On avait l'impression que la mort se tenait à nos cotés dans le noir.
Mais laissez moi vous dire une chose à propos du boulot de flics. Jour après jour, la police est confrontée à la lie de l'humanité. C'est notre job.
- Tu sais, à l’aéroport, en venant, j’ai observé les gens autour de nous. (Kyle secoua la tête, allongé sur le sol, les yeux fixés sur les dalles du plafond en polystyrène.) Bon nombre d’entre eux pensaient avoir un public. Ils étaient en représentation. De nos jours, tout le monde croit avoir un rôle à jouer, dans le spectacle du grand « Je ». Facebook. Twitter. Twitter, mon cul. Les téléphones mobiles? Hein? Ils ne servent pas à communiquer, mais à diffuser le spectacle du grand « Je ». On est devenu le public du premier abruti venu équipé d’un iPhone. Impossible d’allumer la télé sans tomber sur une pétasse aux dents longues qui étale sa connerie.