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Critique de Splash18


Comme le nom du livre l'indique, les journaux d'Anaïs Nin sont ses journaux intimes tout simplement. Débutés lors de sa traversée de l'Atlantique, alors que le bateau sur lequel elle se trouve l'emmène sur le continent américain - loin d'un père qui à l'évidence n'en avait rien à faire d'elle - la petite Anaïs se décide à y noter les évènements qui jalonnent sa vie. Elle consigne alors ses pensées et ses journées dans un journal dans l'espoir, un jour, que son père rattrape les années qu'il n'aura pas passées en sa compagnie.

Le Journal que nous avons lu nous narre, lui, les années 1931 - 1934 alors qu'Anaïs Nin a entre 28 et 31 ans. Ce qui surprend tout d'abord, c'est la forme que prend son journal. Loin des mises en pages conventionnelles, suivant le quotidien de celui qui l'écrit au jour près, celui-ci est une longue suite d'évènements organisés par mois plus que par jours. Ce découpage donne parfois lieu à des changements de sujets étonnant d'un paragraphe à un autre sans que l'on sache vraiment le temps qui sépare l'écriture de l'un de l'écriture de l'autre. (On espère que c'est clair, en tout cas, dans notre esprit ça l'est).

Si Anaïs Nin y note ses réflexions sur l'art, sur ce que c'est que d'être artiste et y retranscrit ses conversations avec ses amis écrivains (attention, y a du beau monde dans ce livre là), elle semble aussi y instaurer peu à peu des éléments qui s'éloignent du réel. À plusieurs reprise, l'autrice sous-entend de fait que ses propos ne sont pas exemptes de mensonges. À l'instar de June, épouse de Henry Miller qui la bouleversera tout autant que l'auteur, Anaïs semble vouloir renvoyer au monde une image d'elle construite de toute pièce. Ses journaux racontent sa vie, « ornée, pimentée, dramatisée comme il faut », en somme c'est elle-même qui nous l'avoue au détour de la page 159. Les exemples pullulent dans ce sens et ce n'est un mystère pour personne, c'est même ce qui fait la spécificités de ses journaux : on ne peut jamais en démêler le vrai du faux, on ne peut en aucun cas se fier à l'autrice qui, mentant aux autres, se ment à elle-même entre les pages de son journal et par ricochet à nous aussi.

Anaïs Nin nous gratifie parfois de passages poignants, sincères qui viennent relever une lecture qui, sinon, resterait plutôt mauvaise. D'où notre l'aspect mitigé de notre chronique, vous l'aurez compris. Ainsi les passages qui évoquent sa relation avec son père nous ont semblé plus authentiques et par conséquent bien plus intéressants. On pourrait en dire de même de toute la dernière partie de l'oeuvre. Après sa rencontre avec Otto Rank, un véritable changement s'observe dans la façon dont Nin écrit dans son journal. L'autrice nous écrit et affirme paradoxalement « ne plus écrire dans son journal », et pour cause, l'usage qu'elle en fait semble se modifier imperceptiblement. le psychanalyste l'encourage effectivement à laisser la fiction pour ses romans et à se servir de ce journal uniquement de manière classique, comme un lieu où elle parle de sa vie et non plus de celle qu'elle se rêve. Ainsi la dernière partie du Journal, s'il nous parle toujours d'Anaïs Nin (Bah oui, c'est un journal quand même) semble moins « nombriliste » si l'on puis le dire ainsi. L'autrice y semble plus sincère et on a enfin l'impression de se retrouver face à un journal qui tient plus de l'intime que de la fiction.

Par certains passages, Anaïs Nin prouve qu'elle était capable de parler d'elle avec sincérité, sans fard. Et quand elle le fait, on est totalement emportées. Dommage que ces passages authentiques, de confessions, etc. restent rares, nous laissant un goût de pas assez.
Lien : https://albertebly.wordpress..
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