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Critique de 974JerLab34


Une fourmi de dix-huit mètres…
Ça vous rappelle quelque chose ?
Pour ma part, un souvenir de gosse et puis, quelques années plus tard, devenu instit, le sentiment même pas honteux de se rendre populaire à peu de frais : avec la Fourmi, j'ai un succès fou. A-do-rée des élèves : « facile » « courte » « rigolote »… A-do-rée des parents parce que ce moment d'apprentissage de la poésie ne va pas virer en conflit familial. Desnos, c'est l'anti La Fontaine… « Gentille » cette fourmi qui a la bonne idée de venir sans cigale ? Pas exactement en fait… Ce qui se cache derrière cette inoffensive fourmi, ce que Robert Desnos a imaginé, est bien loin du petit animal… Une anecdote parmi les innombrables autres que cette « Légende d'un dormeur éveillé » délivre.
Je connaissais mal Desnos, sa vie comme son oeuvre. A part un autre souvenir, terrible celui-là, la visite du camp de concentration de Theresienstadt… Grâce à Gaëlle Nohant, j'en sais désormais beaucoup plus sur lui. Sur Youki aussi, son grand amour, sur Foujita, sur Prévert, Breton, Aragon, Cocteau, Jean-Louis Barrault, Pascin, Neruda, Carpentier et tant d'autres…
Malgré les judicieuses citations du poète et le style clair et rythmé de Nohant, j'ai pourtant eu des doutes dans la première partie du livre, qui en compte quatre. Un peu trop mondain à mon goût, un peu trop parisien, ce récit de la guerre picrocholine des Surréalistes… La deuxième partie s'amorçait mal également, heureusement, c'était toujours très bien écrit…
Puis, on sort de Paris pour Madrid et surtout L Histoire vient percuter le canevas finalement banal de cette Bohême : la crise de 1929, la montée des périls totalitaires, la parenthèse du Front Populaire et cette connerie de guerre, l'occupation, la déportation. Desnos est toujours artiste mais il est aussi résistant. le récit se tend, les salauds sont là aussi, hélas : Leaubraux, Luchaire, Céline… le tourbillon des événements rend le livre émouvant et indigné…
Dans la dernière partie, Youki devient la narratrice, l'émouvant et l'indigné laisse la place au bouleversant et au révoltant.
Je ne suis pas certain que ce livre me fera aimer davantage le poète Desnos. Ce qui est certain, en revanche, c'est que ce livre m'a permis d'admirer l'homme Desnos.
En 1955, Prévert a rendu hommage à son ami. Un poème intitulé : « Aujourd'hui ». Jacques, ne m'en veux pas de te tutoyer, c'est pas moi qui ai commencé, mais, surtout pardonne-moi de te piquer ta magnifique clausule :
- À ta santé
Robert
et même si tu es mort
à ton rêve éveillé.
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