Le château des millions d'années, tome 1 : L'héritage des ancêtres

Sachant pertinemment que je ne pourrai pas lire toutes les séries Imaginaire qui me tentent – je ne suis pas Highlander – je me rabats pour certains sur une adaptation BD. C'est le cas pour La Moïra et, à présent, pour le Château des Millions d'Années, de Stéphane Przybylski.
Eh bien je ne m'étais pas trompé : l'ambiance est tout-à-fait ce que je supposais, plus complexe même : un mélange de politique, d'espionnage, d'exotisme proche oriental et science-fiction ; un mix d'Indiana Jones et de X-files.

A la veille de la deuxième Guerre Mondiale, le Reich avance ses pions et cherche des alliances. Il se rapproche en particulier de pays arabes qui s'exaspèrent déjà de l'arrivée massive de Juifs au Proche-Orient. Cela doit se faire avec doigté dans la mesure où ces pays sont sous contrôle Français ou Anglais. Tout à la fois, le Reich cherche des preuves de l'origine quasi divine de la race aryenne, origines qui seraient aussi à chercher au Proche-Orient. Friedrich Saxhäuser, un nazi de la première heure, ancien membre des SA, est chargé de mener ces opérations simultanées avec l'aide d'un professeur archéologue réputé. Ses recherches l'amènent à faire d'étranges rencontres, comme ce gamin qui apparait et disparait comme par enchantement et lui tient des discours bizarres, ou ces espèces d'avions ultrarapides et maniables qui voltigent dans la nuit du désert.

Faut bien avouer, il n'est pas évident d'éprouver de la sympathie pour le héros de l'histoire. Même si Saxhäuser s'interroge au fond de lui sur les méthodes cruelles de Hitler, qu'il connait personnellement, et ne semble pas manifester un antisémitisme fanatique, il reste un nazi patriote. Et il en va de même avec son éblouissante maitresse Andrea von der Goltz. On ne peut pas dire que je souhaite la réussite de leurs projets.
En revanche j'ai rapidement été appâté par les mystères et le jeu politique ainsi que par l'ambiance orientale. L'effet page-turner est là, pas de doute. J'ai hâte de lire la suite.

Le dessin de Zelijko Vladetic est bon, mais comme pas mal d'autres, il a du mal à stabiliser les traits de ses personnages qu'on a parfois du mal à reconnaître directement, il faut se fier à la chevelure ou aux vêtements.

Bien qu'impatient, j'hésite à me lancer tout de suite dans le tome 2 car la suite n'est pas encore publiée. Après ce sera ceinture pendant des mois.

Berlin, 1938

Le Sturmbannführer Friedrich Saxhaüser est rappelé d'urgence au siège de la Gestapo.
Une première entrevue avec le Gruppenführer Heydrich, le bras droit du Reichsführer Himmler, avant une réunion avec ce dernier.

Sous couvert d'une mission archéologique en Irak, Friedrich a en effet pour mission de rallier les arabes de la région à la cause du Reich.

Une alliance en apparence contre-nature pour un régime prônant la supériorité de la races aryenne.

Mais les arabes sont d'une part lassés de l'omniprésence et ingérence franco-anglaise, mais surtout, de leur projet de créer un état juif dans la région.

Et en connaissant l'antisémitisme d'Adolf Hitler, ce rapprochement serait, de fait, bénéfique pour toutes les parties.

Lors de la mission archéologique, les Allemands sont invités à explorer cité d'Hatra El Shamash, méconnue, éloignée, et selon les dires de certains bédouins, sujette à phénomènes surnaturels.

Les archéologues sont intrigués et décident de se rendre sur place.

Mais était-ce vraiment une bonne idée ? ....

Friedrich est officier SS, sous les ordres d'Himmler, il part en Arabie Saoudite pour prendre contact avec les responsables politiques dans leur lutte contre les juifs. Himmler pense que leur antisémitisme en font des alliés potentiels.
En accompagnant une mission archéologique, Friedrich va faire une découverte exceptionnelle. Mais...on en découvre que petit bout par petit bout. Personnage très ambigu, qu'on devine blasé et sceptique par rapport aux nazis dans les premières pages, qu'on découvre comme SA de la première heure, très ancien compagnon du pouvoir en place.
L'histoire est plutôt bien faite, bien menée même si c'est parfois complexe à suivre avec des allers retours fréquents dans la temporalité.
Pas mal, à suivre.

La BD, cet art devenu majeur, loué par les intellectuels, muséifié et élevé au rang intouchable d'icône banquable, se souvient que pour beaucoup, elle fut sous-culture, tout droit sortie d'un endroit excitant et peu recommandable où le stupre, la violence et l'outrance ravissent l'adolescent boutonneux qu'on est resté à l'intérieur. Avec cette fresque à mi-chemin entre Indiana Jones et les délires extraterrestres, c'est un peu de ce plaisir honteux qu'on retrouve. En gros: les nazis sont en pleine expansion gourmande, et des espions envahissent l'Afrique, à la poursuite d'aliens aux pouvoirs qui devraient inquiéter tout ce beau monde. Une mise en bouche qui donne envie de voir arriver la suite.