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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Rarement lecture ne me fut plus ardue que celle-ci ! Roman que je me suis forcée à lire jusqu'au bout pour cause d'un choix commun de mon club lecture. Battu mon record : 9 jours pour lire à peine 400 pages !
Un bébé naît hermaphrodite. Elle commence sa vie comme fillette, puis va alterner selon ses envies sexuelles. Il va devenir provocateur sur les réseaux sociaux et à la radio et ouvrir un centre d'accueil pour personnes victimes de violences sexuelles pour que lui-même et ses collègues puissent les violer eux-aussi en les droguant. On suit aussi le cheminement de sa mère et ses réactions quand elle apprend aux informations que son fils est recherché pour multiples viols. Une liberté d'écriture parfois amusante chez cet auteur islandais comme, je cite : « iel rentra chez ellui. » Confirmation de ce que peut engendrer internet : haine, insultes et pires. J'ai vite été à saturation des scènes de sexe qui banalisent la violence, du langage grossier et du mot « viol » écrit un nombre incalculable de fois. Et la tendresse ? Bordel !
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Je découvre cet auteur islandais avec ce roman « Troll » que je n'aurais jamais lu s'il ne m'avait été envoyé, dans le cadre d'un jury, sans que je l'aie choisi.
« Troll » a un double sens : c'est un être de la mythologie nordique, incarnant les forces naturelles, caractérisé principalement par son opposition aux hommes et aux dieux mais c'est aussi, dans la sphère Internet, un internaute qui poste des messages volontairement offensants afin de déclencher des polémiques. le titre résume bien le personnage central du roman, Illmur Thöll/Hans Blaer qui rejette toute autorité qui restreindrait sa liberté et se délecte des polémiques qu'il suscite sur les réseaux sociaux.
En effet, Illmur/Hans Blaer est né(e) hermaphrodite ; sa mère l'a identifiée comme fille, Illmur, statut qu'elle a accepté jusqu'à l'adolescence puis a rejeté, en choisissant d'être un homme (Hans Blaer) ; mais iel (pronom non genré islandais) fluctue douloureusement entre ses deux identités. Pour se sentir exister, iel, 33 ans, joue la provocation à outrance dans un talk-show radiophonique, à la télévision, sur les réseaux sociaux et devient une célébrité. Iel se moque totalement des règles et des convenances afin de, croit-il, jouir d'une liberté totale. Mais la société ne peut le laisser impunément créer le chaos et iel sera rattrapé(e) par l'action de trop.
Ce roman est intéressant par la nature du personnage principal, hermaphrodite, qui nous fait réfléchir à ce qu'est le genre, le sexe auquel on s'identifie qui n'est pas forcément celui que la nature a attribué ; il aborde également des thèmes sociétaux actuels comme le politiquement correct qui marginalise ceux qui pensent autrement, la puissance destructrice des réseaux sociaux où haine, insultes, menaces se déversent sans filtre et pratiquement sans contrôle, le féminisme et ses excès. Il pose la question essentielle : que veut dire être libre, jusqu'où peut-on aller pour cela, quelles limites peut-on transgresser? Afin de rendre les messages percutants, le style est volontairement agressif, ordurier comme ce que l'on peut trouver sur les réseaux sociaux mais j'ai trouvé ce procédé lassant lorsqu'il s'étale sur un roman complet.
Ce roman est l'exemple poussé à l'extrême de l'écriture inclusive qui colle parfaitement au personnage à genre double qu'est Illmur/Hans avec l'utilisation du pronom non genré « iel », des pronoms « ellui, lea » et des accords mixtes comme « armé.e ». L'auteur semble aimer jouer, non seulement avec l'écriture inclusive, mais avec les mots en général et les niveaux de langage : il aime les allitérations, l'utilisation de la deuxième personne du prétérit qui donne une impression désuète à la langue lorsqu'il parle de sa mère de 60 ans tout en émaillant le texte de quelques « merde, putain ». Je salue ici le remarquable travail du traducteur pour transcrire tous ces jeux linguistiques et faire preuve d'une inventivité sans frein pour traduire les insultes, les grossièretés et le langage plus que fleuri concernant le sexe.
Malgré l'originalité du propos et son traitement sans concession qui ne peut que déclencher la réflexion, je n'ai pas été emballée par ce roman peut-être à cause de l'omniprésence des réseaux sociaux, de la provocation systématique et du vocabulaire ordurier.
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Le héros, hermaphrodite, se considère à la fois homme et femme.

Ce personnage hors norme, ce troll, à la sexualité débridée, permet à Eirikur Orn Norddahl de surfer sur la vague dite de la modernité.

Pour cela il nous inflige une écriture asexuée avec des iel à foison et des kyrielles de participes passés masculin-tiret-féminin.

Sexe, drogue, viol, dépression...La totale.

C'est affligeant.

Tout ça, pour ça !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Bien que l'écriture soit intéressante, l'auteur se donnant une grande liberté : temps grammaticaux, pronoms ouverts//inclusifs pour parler du personnage principale, vocabulaires à la fois populaire et savants... Ce livre est perturbant pour plusieurs raisons évidentes.
Le livre m'a parfois intéressé et parfois dégouté.
En cause, le personnage principale Hans Blear, un anti héros n'ayant aucune empathie. Iel est tragiquement égocentrique et perturbateur (un Troll).

D'après moi le problème de ce roman se situe du coté de l'écrivain. Dépeindre une personne trans et intersexe à notre époque relève d'une question sociétal très importante car jusqu'ici ces personnes ne sont pas reconnu et souvent quand elle le sont il s'agit de les ridiculiser en place publique et ou montrer toute l'horreur de leur identités. Ce que fait très Eirikur Orn Nordddahl en rapprochant et superposant les images : du Troll (bête fantastique de conte, assez hideuse et informe), du Troll ( personne qui se joue des autres grâce a l'anonymat des identités internet, ouvertement vicieux et hébété) et du Trans//Intersexe (qui dans son histoire est relié aux bêtes de foire et à la monstruosité).

L'écrivain Eirikur Orn Nordddahl est un homme blanc cis hétéro. Il n'a donc aucune expérience de cette identité (un grand pan de la littérature est dédié a des personnes ( pour la plus part de hommes) qui se mettent à vivre ou à regarder au travers d'autres identités comme si eux même était neutre. Mais en 2022 je pense que cette manière de faire devrait être remise en question.)

Le personnage principale est une personne non binaire vacillant entre les genres (homme et femme), étant né intersexe, iel se défini comme trans qu'après cette fait opéré (pour avoir de plus gros seins). Sa non-binarité fait écho dans le livre a sa volonté d'être libre (ce qui me semble totalement compréhensible d'un point de vue logique). Cependant sa liberté personnelle de faire ce qu'il veut de ellui même empiète sur sa relation aux autres. Ielles se sent libre de faire ce qu'il veut sur l'autre, violence morale comme physique, oscillant entre le fait d'être le persécuteur et quand il est accusé, devenir une victime.

Au travers de ce livre, l'écrivain est lui même un Troll.
Il utilise le personnage de Hans Blear comme d'une identité qui prend le dessus sur la sienne pour avoir des propos transphobe, misogyne.. sans que cela ne pose problème car ces propos semble sortir d'une personne trans mais au contraire ils sortent ou sont écrit par un homme blanc cis hétéro.

Comme tout le monde le sait, une personne noir aux états unis qui dis négro n'est pas un problème, mais quand une personne blanc le fait ça en devient un. du même coup en utilisant hans blear, Eirikur Orn Nordddahl peut être transpose sans que l'on ne le juge. rapprochant Hans blear de la droite extrémistes, d'hommes en manques de violences car il semble que le viol n'est aucune importance pour eux...

Mais la question est de savoir si le viol n'a aucune importance pour Hans Blear ou Eirikur Orn Nordddahl ?
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Hans Blaer est né.e Ilmur Thöll : une fille avec un "sphinx", autrement dit une personne intersexe. Elevé comme une fille, iel a vite réalisé sa différence, et a décidé de ne pas choisir, se genrant tantôt homme et tantôt femme, pour finalement rester fidèle à sa nature de personne intersexe. Et pourtant, ce cheminement n'a pas été de tout repos, et s'est fait souvent dans la provocation, pour moins se laisser atteindre, peut-on imaginer. Cela donne, à l'âge adulte, un être semblant dénué de tout sens moral, et qui en joue, avec perfidie. Un véritable anti-héros.

Le troll, c'est selon, soit une créature de la mythologie nordique, soit une personne qui joue les provocateurs sur les réseaux sociaux, et s'amuse des polémiques ainsi déclenchées. A en voir le contenu de ses posts Facebook, retranscrits dans le roman avec leurs statistiques, Hans Blaer s'en délecte volontiers. Iel réalise plusieurs coups d'éclat, remontés jusqu'à la scène publique, et finit par franchir la ligne de trop, provoquant bien plus que des réactions outrées : des blessures profondes chez d'autres personnes.

Difficile de savoir quoi penser de ce roman atypique. Si on a tendance à condamner Hans Blaer pour ses actions devenues depuis longtemps répréhensibles, on ne peut s'empêcher de sourire, de partir dans un long rire caustique devant sa narration et son interprétation des événements. C'est en effet un troll d'une grande qualité, et quand on sait reconnaître un troll, on s'amuse finalement des réactions de ceux tombés dans le panneau du premier degré. On reste ici dans cette ambivalence, entre le rire, et la vision de tout ce qui peut ici choquer.

Difficile en fait de savoir à quel endroit du spectre de cette ambivalence se positionne l'auteur. J'ai vu certains lecteurs juger ce roman transphobe (on justifie des atrocités commises par le fait que s'assumer transsexuel est forcément signe de déviance). Mais en réalité, n'est-ce pas là un énième troll de l'auteur lui-même ? Je reste néanmoins dubitative, malgré les sourires que ce roman m'a tirés.
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