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Citations sur Fille de la campagne (43)

Nous n'avions connu qu'une fraction l'un de l'autre, mais cette fraction était sacrée. Je m'étais bercée d'illusions, vivant de miettes émotionnelles, et les mots amers de Yeats étaient devenus mon univers : je m'étais "nourri le coeur de fantaisies, et à ce régime mon coeur était devenu brutal".
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Il souscrivit pour moi un abonnement dans une bibliothèque de Dublin où je pouvais obtenir toutes les nouveautés, et c'est ainsi, en vérité, que débuta mon véritable apprentissage d'écrivain.
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Dans un article, j'avais dit qu'il convenait de réécrire les serments du mariage au bénéfice de la femme (...)
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Il m'apparut dès mon plus jeune âge que j'appartenais à un peuple furieux...
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En attendant, il y avait le vertige de la liaison, les multiples tours et détours, les sagesses reconsidérées, les alizés soufflant le chaud et le froid et de nouveau le chaud. Il est impossible de saisir l’essence de l’amour par l’écrit, seuls demeurent les symptômes, l’absorption érotique, l’immense disparité entre les temps passés ensemble et les temps de séparation, le sentiment d’être exclu. Je me souviens d’une amie me téléphonant pour me raconter une soirée dont Lochinvar était le principal invité, comment il s’était donné un coup de peigne en passant devant un miroir de l’entrée, et toutes les femmes qui l’adulaient. J’aurais marché sur l’eau pour être là-bas. Peut-être ma demande d’amour était-elle excessive pour lui faire une place dans la vie quotidienne.
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Noël approchant, le chef de la compagnie des transports annonça qu'il n'était plus nécessaire que les gares de chemins de fer ressemblent aux gares victoriennes et que, de surcroît, histoire de bannir le spectre du rationnement, elles seraient éclairées pour susciter une "atmosphère de fête". Ainsi vit-on surgir des panneaux d'accueil décorés, des corbeilles de fleurs suspendues, des festons et des guirlandes électriques. Le plus grand arbre jamais vu dans la capitale était celui de Westland Row. Mais je rentrais à la maison par une autre gare, "Kingsbridge des âpres vents", avec dans ma valise un volume de l'autobiographie de Sean O'Casey, que j'avais emprunté. Je portais le même vieux manteau de tweed, mais avec une touche de flamboyance supplémentaire, une écharpe d'homme en soie blanche avec une somptueuse frange que j'avais achetée pour rien dans une boutique d'occasion. A mon arrivée, l'accueil fut furtif, et ma mère tripota les boucles d'or, comme si elles lui rappelaient d'une certaine façon sa jeunesse.
Le lendemain matin, n'ayant pas à enfourcher mon vélo, je dormis jusqu'à midi et elle me réveilla avec une théière et des doigts de pain grillé très délicatement découpés. Elle était curieuse de Dublin, du style dans les vitrines, des autels des nombreuses églises, des frères dans leurs robes brunes qui pressaient le pas dans les rues pour s'occuper des malades, et de nos cousins qui, même s'ils venaient chaque été et mangeaient comme des gloutons, étaient trop pingres pour nous offrir une tasse de thé.
Plus tard, j'allai aux champs. C'était glacial, l'herbe cassante et sèche, et l'on entendait le beuglement d'un animal à plus d'un kilomètre à la ronde. J'avais oublié à quel point j'aimais ces champs, mon haleine presque bleue dans l'air pur, nos deux chiens trottinant à côté de moi et détalant parfois quand un lapin était sorti de son trou comme une flèche et, dans sa bêtise affolée, commençait par se diriger vers eux, puis courait pour sauver sa peau. Les oiseaux voletaient et piquaient avec insouciance, se perchant parfois sur les fils du télégraphe d'où venait un sifflement vibrant. Puis soudain ils s'envolaient hardiment quelque part ailleurs et reprenaient, sans doute, leur concert. Je savais que je reviendrais toujours à Drewsboro, et pourtant que je n'y reviendrais jamais entièrement. Insouciante, je restai un bon moment dehors, poussai jusqu'aux collines pour voir la rivière, l'eau glacée claire comme le cristal, avec les cygnes sauvages qui frissonnaient dans ls joncs.
Les yeux de ma mère étaient furibards, avant même qu'elle n'ouvrît la bouche. Elle tenait le volume de l'autobiographie de Sean O'Casey ouvert à la page incendiaire. C'est à cela que j'occupais mon temps ? La voilà, leur récompense pour les sacrifices qu'ils avaient consentis afin de m'envoyer à Dublin ? J'étais troublée, n'ayant lu que les quarante premières pages, qui portaient sur la famille, le mouvement syndical et les rivalités de coulisses à l'Abbey Theatre. Je faillis défaillir quand elle lut tout haut :
Il se disait souvent, parmi les initiés, que si l'on voulait empêcher un moine d'enfourcher une nana, il fallait l'enfermer dans un cercueil de pierre et ne l'en laisser sortir que sous la garde d'une centaine de hallebardiers le temps de prendre une collation aux première, deuxième et troisième veilles du jour, mais comme ce gardiennage des dames était trop onéreux et lourd, les moines n'en faisaient qu'à leur tête, et il n'y avait pas une gamine de tout le vaste monde qui ne connût d'expérience une braguette, lors même que ses yeux étaient clos et son esprit en vadrouille.
Elle était sur le point de le brûler. Je l'implorai de ne pas le faire, expliquant que le livre n'était pas à moi et que je devais le rendre. Je la suppliai et la détestai.
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Quand les visiteurs masculins s'en allaient, elle faisait deux choses : elle tapotait les coussins et flairait le cuir de la chaise, histoire de voir s'ils avaient pété, et dans ce cas, elle retirait le siège amovible pour l'aérer toute la nuit, sur le rebord de la fenêtre.
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Muni d'une perceuse Black & Decker, il voulait me percer un trou au centre du front pour me donner le troisième œil et les lumières que je désirais ardemment. Là encore, je pris la fuite, tout en courtisant inconsciemment la catastrophe.
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Dans le même temps, interrogé sur mon livre par Jack Lambert, l'écrivain L. P. Hartley décréta qu'il s'agissait de l'histoire frivole de deux nymphomanes irlandaises.
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Partout des livres. Sur les étagères et sur le petit espace au-dessus des rangées de livres, et par terre, sous les chaises, des livres que j'ai lus, des livres que je n'ai pas lus
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