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Critique de kathel


kathel
12 septembre 2010
1974, c'est la première année d'université pour Genna Hewett-Meade, jeune fille de bonne famille, dont les parents, bourgeois engagés et vaguement hippies, sont liés aux fondateurs du Schuyler College où elle va commencer ses études. Genna est ravie de partager sa chambre avec une étudiante noire, fille de pasteur boursière. Voilà qui va lui permettre d'appliquer les grands principes humanitaires de son père et de briller aux yeux de celui-ci.

Mais dès les premiers jours, Minette Swift, sa camarade de chambre, se montre hautaine et indifférente à tout, en particulier aux tentatives d'amitié de Genna. Elle ne met d'ailleurs pas plus d'enthousiasme à sympathiser avec quiconque, devient le centre de l'attention par son attitude désagréable puis, par la suite, par les incidents dont elle est victime.

Un véritable plaisir de lecture ! Troisième livre de Joyce Carol Oates que je lis, après Les chutes et Délicieuses pourritures, j'ai retrouvé l'atmosphère des universités américaines de ce dernier roman, mais le thème en est plus intéressant dans Fille noire, fille blanche. Ou plutôt les thèmes, car sous celui assez évident du racisme, apparaissent celui du poids de la famille et du poids de l'histoire. Genna fait des études d'histoire, et ce n'est pas par hasard. le thème de la culpabilité aussi marque tout le récit de Genna, raconté à la première personne, une quinzaine d'années après les faits. Dès le début, on sait que Minette meurt dans des circonstances dramatiques et que tous les évènements vont converger vers celui-là. Mais c'est compter sans l'art de JC Oates, qui a le don de vous forcer à tourner les pages pour y trouver soudain quelque incident inattendu, quelque révélation sulfureuse, quelque remarque vraiment déroutante… L'histoire est déjà passionnante en elle-même, on ne les attend donc pas spécialement, mais elle arrive toujours à surprendre.

Car tout n'est pas donné dès le début, les personnages se dévoilent progressivement. Genna est blanche, de corps et d'esprit, voire même un peu transparente, mais dans son éducation, son père est terriblement présent. Max Meade, dit Mad Max, avocat des causes difficiles comme la défense des protestataires contre la guerre au Vietnam, celui à qui elle veut plaire à tout prix, celui qui lui a transmis la honte d'être blanche. Il faudra donc bien qu'au fil des pages, la vraie Genna apparaisse enfin.

Minette est noire « Cette fille si noire que sa noirceur se répand sur ceux qui l'accompagnent. » et malgré son éducation religieuse, qu‘elle doit à son père pasteur, elle ne fait aucun effort pour montrer aux autres un aspect un tant soit peu agréable d'elle-même : mal habillée, pas très soignée, revêche, sarcastique avec tout le monde, elle devient victime d'actes aussitôt qualifiés de racistes… Tout s'enchaîne alors.

Il faudrait aussi parler des couleurs, enfin du blanc et du noir, omniprésents, de la lumière, d'un carreau qui la laisse passer et par lequel tout commence lorsqu'il est brisé, mais sans en dire plus, j'espère avoir tout simplement donné quelque envie de lire Joyce Carol Oates.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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