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Critique de Nastie92


Il fait nuit.
Une voiture quitte la route et tombe à l'eau ; le conducteur arrive à en sortir mais sa passagère sera retrouvée morte le lendemain.
Un accident.
Un banal fait divers comme il s'en produit tant.
Ce qui n'est pas banal, c'est l'identité du conducteur : le sénateur Ted Kennedy. C'est pourquoi ce drame fit couler beaucoup d'encre à l'époque (1969) et reste toujours dans les mémoires américaines des décennies plus tard.
Si vous ne connaissez pas cette histoire, je vous conseille de taper "affaire de Chappaquiddick" dans un moteur de recherche avant de démarrer votre lecture.
Ensuite, faites confiance à Joyce Carol Oates pour tout vous faire comprendre.

Le caractère éminemment dramatique de l'accident et ses circonstances assez floues ne pouvaient qu'inspirer la grande romancière qui rembobine en trente-deux petits chapitres la vie de la passagère.

On affirme communément qu'à l'approche de la mort on voit sa vie défiler : c'est ce qui arrive à la victime, qui se remémore des scènes de sa vie, depuis sa petite enfance jusqu'à sa rencontre toute fraîche avec le sénateur.
Par petites touches, Joyce Carol Oates brosse le portrait de la jeune femme, d'une façon en apparence un peu décousue, alternant faits importants ou anodins.
Mais tout est savamment calculé et les éléments s'assemblent parfaitement, comme les morceaux d'une mosaïque qui finit par donner une idée assez précise de qui était la malheureuse.

La grande dame de la littérature américaine ne prétend pas résoudre une affaire dont beaucoup de points restent obscurs mais en donne sa vision, tout en profitant pour mettre en avant certains thèmes qui lui sont chers, comme son opposition farouche à la peine de mort.
Plutôt coutumière des gros pavés, l'écrivaine fait ici dans le format court, mais arrive en très peu de pages à nous faire vivre le drame de l'intérieur en nous faisant partager l'angoisse de la claustration dans cette voiture qui prend l'eau inexorablement.
Le texte est court, mais le temps raconté semble très long au lecteur.
C'est sans doute ça, le talent.
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