Citations sur Reflets en eau trouble (19)
− Et vous avez toujours été − dans la politique ?
Il découvrit ses grandes dents en un sourire épanoui, car c'était visiblement sa question favorite.
− L'État est une création de la nature, et l'homme est un animal politique − par nature.
L’esprit sportif. Pour certains, l’élégance dans la victoire est aussi difficile que dans la défaite. (p.123)
La Toyota de location conduite par le Sénateur avec une impatiente allégresse, fonçait sur une route en terre qui ne portait pas de nom, glissait dans les virages en dérapages ivres, puis, sans prévenir, pour une raison quelconque, la voiture sortit de la route, versa côté passager, l'eau noire s'y engouffra et elle disparut rapidement.
Est-ce ainsi que je vais mourir? - Comme ça?
…Thomas Mann le disait bien, tout, absolument tout est politique, peu importe que des gens de l’extérieur jugent cela mesquin, égoïste, stupide [...] (p..110)
Cela faisait peu de temps, quelques mois seulement, que Kelly s'était portée volontaire pour le programme de formation de la Fondation nationale contre l'illetrisme aux États-Unis, et elle ressentait un vif enthousiasme pour son travail... mais aussi une autosatisfaction hautaine, une condescendance blanche mêlée à une peur viscérale de la menace, de la violence physique, non pas à l'intérieur même du bâtiment des services sociaux mais dans les rues alentour, dans le Roxbury désolé, le long de l'autoroute jonchée de débris, dans la vulnérabilité de sa peau blanche.
Pas maintenant. Pas comme ça.
Vingt-six ans et huit mois, c'était trop jeune pour mourir ainsi ; stupéfaite, incrédule, elle ne poussa pas un cri quand la Toyota s'envola et heurta la surface de l'eau à peine visible, comme si elle allait flotter un instant au lieu de couler : comme si la trajectoire de l'envol allait porter la voiture, pesant de tout son poids, de l'autre côté de l'eau dans un enchevêtrement sinueux de buissons, de vignes et d'arbres rabougris, sur l'autre rive.
On se prépare à toutes les éventualités mais finalement on reste sans voix, il n'y a pas de mots.
Le Sénateur était ce qu'on appelle un conducteur agressif, son adversaire c'était la route, le jour déclinant, la distance qui le séparait de sa destination, le temps compté qui s'écoulait trop vite, il appuyait sur l'accélérateur d'un pied brutal, la voiture grimpait à 70 puis il enfonçait la pédale du frein pour amorcer un virage, avant d'accélérer à nouveau, faible couinement des pneus, qui s'emballaient, trouvaient une prise sur le sol poisseux et sablonneux, puis à nouveau un coup de frein. La voiture oscillait, ivre, secouée par des hoquets, comme un accouplement.
Mais non, vous ne pouvez pas imaginer votre avenir. Même s'il vous appartient.
La Toyota de location, conduite par le Sénateur avec une impatiente allégresse, fonçait sur une route en terre qui ne portait pas de nom, glissait dans les virages en dérapages ivres, puis, sans prévenir, pour une raison quelconque, la voiture sortit de la route, versa côté passager, l’eau noire s’y engouffra et elle disparut rapidement.