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Citations sur Les rêves de mon père (32)

Extrait de la seconde préface :
[…] ce qui me frappe le plus en songeant à l’histoire de ma famille, c’est une éternelle tendance à l’innocence, une innocence qui semble inimaginable, même mesurée à l’aune de l’enfance. Le cousin de ma femme, qui n’a que six ans, a déjà perdu, lui, cette innocence. Il se trouve que certains petits camarades du cours préparatoire ont refusé un jour de jouer avec lui parce qu’il a la peau noire, comme il l’a raconté à ses parents en rentrant de l’école. Apparemment, ses parents, nés et élevés à Chicago et à Gary, ont pour leur part perdu leur innocence depuis longtemps, et s’ils ne montrent aucune amertume […], on décèle cependant une note de chagrin dans leur voix quand on les écoute se demander s’ils ont bien fait d’aller s’installer à l’extérieur de la ville, dans une banlieue principalement blanche, afin d’éviter à leur fils d’être pris dans d’éventuelles fusillades entre gangs et de fréquenter, à coup sûr, une école aux moyens insuffisants.

Ils en savent trop, nous en avons tous trop vu, pour prendre la brève union de mes parents – un homme noir et une femme blanche, un Africain et une Américaine – pour argent comptant. En conséquence, certaines personnes ont beaucoup de mal à me prendre pour argent comptant. Quand on ne me connaît pas bien, qu’on soit noir ou blanc, et qu’on découvre mes origines (et c’est généralement une découverte, car j’ai cessé de mentionner la race de ma mère à l’âge de douze ou treize ans, quand j’ai commencé à flairer que, ce faisant, je cherchais à m’attirer les bonnes grâces des Blancs), je vois la fraction de seconde d’adaptation, le regard qui cherche dans mes yeux quelque signe révélateur. Ils ne savent plus qui je suis. En secret, ils devinent le trouble intérieur, je suppose… le sang mêlé, le cœur divisé, la tragédie du mulâtre pris entre deux mondes. Et quand je leur explique que, non, cette tragédie n’est pas la mienne, ou tout du moins pas la mienne seule, c’est la vôtre, fils et filles de Plymouth Rock et d’Ellis Island, c’est la vôtre, enfants d’Afrique, c’est la tragédie à la fois du cousin de ma femme âgé de six ans et celle de ses camarades blancs, vous n’avez donc pas à chercher ce qui me perturbe, tout le monde peut le voir au journal télévisé, le soir… et si nous pouvions au moins reconnaître cela, le cycle tragique commencerait à se rompre… quand je leur dis tout cela, eh bien, je suppose que je parais incurablement naïf, cramponné à de vains espoirs […]. Ou, pire encore, j’ai l’air de vouloir me cacher de moi-même.
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Finalement, malgré mon désir obstiné de me protéger des regards scrutateurs, malgré mon envie récurrente d'abandonner le projet tout entier, ce qui se retrouve dans ces pages est le récit d'un voyage personnel, intérieur, la quête d'un garçon à la recherche de son père, et à travers cette quête, le désir de donner un sens utile à sa vie de Noir américain. Le résultat est autobiographique, même si ces trois dernières années, lorsqu'on me demandait quel était le sujet du livre, j'évitais généralement cette désignation. Une autobiographie, cela vous promet des exploits qui méritent de passer à la postérité, des conversations avec des gens célèbres, des événements importants dans lesquels l'auteur joue un rôle central.

Il n'y a rien de tout cela ici.
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Plus tard, à la banque où elle travaillait, Toot* fit la connaissance de l'agent d'entretien, un grand Noir très digne, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, qu'elle a toujours appelé M. Reed. Un jour qu'ils étaient en train de bavarder dans le couloir, une secrétaire fit irruption et apostropha Toot en lui jetant que jamais, au grand jamais, il ne fallait "appeler un nègre" "Monsieur". Peu après Toot retrouva M. Reed en train de pleurer silencieusement dans un coin. Lorsqu'elle lui demanda ce qui se passait, il se redressa, s'essuya les yeux, et lui répondit par une autre question :
- Qu'avons-nous donc fait pour être traités si méchamment ?

* grand-mère (blanche) de Barack Obama
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J'étais trop jeune pour savoir que j'avais besoin d'une race.

(Citation en quatrième de couverture de l'édition "Points")
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- Je n’aime pas trop la politique.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. Les gens finissent toujours par être déçus.
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Je songeais au fils de bernadette,agé de 5 ans,qui trottait dans les rues défoncées d'Altgeld entre une usine de traitement des eaux usées et une décharge.Ou se situait-il sur le spectre de la vertu?S'il atterrissait dans un gang ou en prison,cela témoignerai-il de son essence meme,cela prouverait qu'il est porteur d'un mauvais gene.... ou était-ce simplement la conséquence de ses conditions d'existence dans un monde détèrioré?
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J’étais tombé sur l’un des secrets les mieux gardés sur les Noirs : la plupart d’entre nous n’étaient pas intéressés par la révolte ; la plupart d’entre nous étaient fatigués de penser tout le temps au problème racial ; si nous préférions rester entre nous, c’était surtout parce que c’était le meilleur moyen d’arrêter d’y penser, que c’était plus facile que de passer notre temps en colère ou à essayer de deviner ce que les Blancs pensaient de nous.(P. 117)
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Auma (demi-soeur Africaine de Barack Obama ayant vécu en Allemagne) écoute le discours de "Grand-maman" kényane sur les us et coutumes au pays, que le propre grand-père de Barack a appliquées) :

- (...) Quand on n'apprenait pas à aimer son mari, on apprenait à lui obéir.

Auma et grand-maman se lancèrent alors dans une grande conversation. Notre grand-mère prononça à nouveau des paroles qui, à nouveau, déclenchèrent l'hilarité chez les autres. Les autres à l'exception d'Auma, qui se leva et se mit à ramasser les assiettes.
- Je renonce, déclara-t-elle sur un ton exaspéré.
- Qu'est-ce qu'elle a dit, grand-maman ?
- Je lui ai demandé pourquoi nos femmes supportent les mariages arrangés. Supportent que les hommes prennent toutes les décisions. Qu'ils battent leurs femmes. Tu sais ce qu'elle m'a répondu ? Que souvent les femmes méritent d'être battues, parce que c'est le seul moyen de leur faire faire tout ce qu'on attend d'elles. Tu as vu comment nous sommes ? Nous nous plaignons, mais nous continuons à encourager les hommes à nous traiter comme ça.
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C’est là-dessus qu’est bâtie la civilisation, la culpabilité. C’est une émotion sous-estimée.
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L’astuce c’est de ne pas faire attention quand ça fait mal.
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