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Citations sur Le grand sommeil des éveillés (34)

Vivre c'est comme marcher. Tu peux penser que tu marches pour aller prendre le bus par exemple. Mais si pendant tout le temps où tu marches tu pensais au bus qui va arriver, tu n'aurais pas de plaisir à marcher. Tu ne verrais pas que c'est l'automne, qu'une feuille prend de belles couleurs rouges, que le ciel est gris ou bleu, qu'un nuage a une jolie forme, que les feuilles mortes sentent bon et qu'un marron tout brillant vient de sortir de sa bogue. Tu n'entendrais pas ce que te dit un ami avec lequel tu marches. Tu ne sentirais pas sa chaleur. Tu risquerais de te faire renverser par une bicyclette ou de te cogner dans un monsieur qui promène son chien. Quand tu marches, tes sens sont en alerte, tu vois et enregistres des centaines de choses et parfois tu as l'impression de te sentir joyeuse, simplement parce que tu es vivante, que tu respires, que tu ressens des sensations, que tes jambes bouges harmonieusement, que tes pieds sentent le sol et qu'ils s'y posent en faisant un mouvement merveilleux et très compliqué. Mieux tu te sens, plus tu peux observer comme c'est beau d'être en vie, de simplement marcher, d'entendre le chant d'un oiseau, de toucher un marron, de goûter la saveur d'une pomme, de voir les nuances d'une couleur, de sentir l'odeur de la terre, de comprendre quelque chose avec ton intelligence. Tout cela , c'est laisser l'arc-en-ciel sortir de ton coeur. La vie, ça sert à ça, à être pleinement vivant. Chaque fois que tu es triste, que tu as des soucis, essaie de voir ce qui est autour de toi, tu t'apercevras que l'arc-en-ciel est toujours là si tu sais le voir. C'est un peu comme Dieu, il aime bien se cacher partout et quand on est triste, on est comme au fond d'un puits, on ne pense pas à relever la tête pour voir le ciel lumineux.
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Être, c'est simplement avoir l'intuition de l'esprit avant qu'il soit strié par l'activité mentale. Le yoga consiste donc à accompagner chaque émergence vue comme créativité de la conscience à son retour en cet océan. Dès que quelque chose disparaît, c'est-à-dire suit son cours naturel, nous baignons dans l'océan de la conscience. Rien n'échappe à ce processus, alors pourquoi choisir et discriminer ? Il suffit de raccompagner chaque émergence au cœur. De toute manière, c'est la destination de toute chose. Il n'y a donc rien à faire, sinon voir que ce périple de retour à la tranquillité s'accomplit même lorsque nous sommes absents. C'est la grande pratique. C'est le liquide primordial duquel nous émergeons et auquel nous retournons sans cesse. Il n'y a illusion d'être un individu, un être séparé, que lorsque nous perdons l'océan des yeux. Nous entrons alors dans une dynamique rigide, rectiligne, qui nous fait parler de début et de fin, de naissance et de mort alors qu'il n'y a qu'émergence et résorption dans la conscience, dans le cœur. "Ainsi, cette prise de conscience est la moelle de l'ensemble des choses, car l'univers insensible a pour moelle la conscience suprême (fondement dont il dépend) et cette conscience elle-même a le grand cœur pour moelle", dit Abhinavagupta.
— Mais la conscience individuelle peut-elle se refléter dans cette conscience globale, dans ce cœur ?
— La conscience individuelle ne peut se refléter qu'en elle-même, car elle n'a pas conscience du cœur, elle n'a pas conscience d'être entourée par le grand miroir sphérique de l'océan de la conscience. Mais il arrive qu'au cours d'une perte momentanée de ce centre égotique, un éveil, elle devienne tout à coup l'océan de la conscience et disparaisse totalement, pour être réinvestie lorsque la distraction intervient. Finalement, ne pas être l'océan de la conscience sphérique n'est qu'une distraction passagère.
— Pourquoi passagère ?
— Parce qu'au moment de la mort la distraction prend fin. Notre ego nous est dérobé, l'assemblée de nos cellules déconstruite et jetée comme une poignée de feuilles dans le vent. S'éveiller, c'est mourir prématurément à la souffrance.
— Et le corps dans tout ça ? Il y a donc bien quelque chose à saisir au-delà du corps ? — Le corps, qu'il soit assemblé ou désassemblé, ne change pas de nature. Le seul problème est “l'intelligence discriminatrice” qui considère comme distinct de l'absolu les niveaux du réel, qui en fait lui sont identiques, et la pureté consiste à broyer une telle pensée. Ayant ainsi perçu son propre corps comme le réceptacle de la pure conscience, et d'elle uniquement, toute division étant évanouie, il se tient, tout-puissant, identique au Seigneur, au cœur de l'autonomie, pure conscience", dit Abhinavagupta, rejoignant Ma-t'sou.
p. 86 et 87
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Quelle différence entre les abus spirituels et ceux dont nous sommes victimes dans la vie courante, me direz-vous ? Dans les deux cas, tout est fait pour créer la dépendance, contrôler, vendre. La seule différence, c'est que nous n'attendons pas d'un fonctionnaire qui nous complique la vie qu'il se comporte autrement, alors que nous projetons sur les maîtres spirituels un rêve de perfection qui finit par étouffer les plus authentiques. Pris au piège de l'admiration sans nuance de leurs disciples, ils se réfugient derrière l'institution de la « sainte folie » qui reconnaît aux maîtres le droit à la folie authentique et leur offre l'assemblée des disciples en guise de camisole de force ; ils deviennent alcooliques, pédophiles, violents, mythomanes, délirants ou sombrent dans la mélancolie de n'avoir pu éveiller quiconque à la conscience absolue, au point de se demander s'ils ont bien compris de quoi il s'agissait.
Bien sûr, ces débordements restent souvent secrets, connus seulement d'un petit cercle d'intimes, jusqu'à l'éclosion du scandale qui vient rassasier les médias. Et même après cela, les disciples justifient les égarements des maîtres ou font mine de les ignorer. Mais rassurez-vous, les censeurs évoluent dans le même univers de corruption absolue. Tout sert dans ce monde de recyclés : les sectes, les maîtres fous, les scandales qu'on nous jette en pâture viennent à point nommé pour cacher un malaise général et plus profond. Pendant qu'on s'occupe à la chasse aux sorcières, la couche sous-jacente se cache derrière la plus superficielle. Est-ce défaitiste, est-ce exagéré ? Il y a après tout un certain nombre de petits pères relativement honnêtes qui distillent un enseignement ennuyeux, formaliste, sexiste, traditionnel, vaguement créatif, où les oripeaux des grands courants mystiques sont reformatés à l'usage de nos contemporains. À l'instar du Prozac, ils aident leurs adeptes à ne pas sauter par la fenêtre et à se bercer dans la douce illusion qu'ils suivent une voie spirituelle authentique. Mais qui n'en suit pas une aujourd'hui ? Mon banquier est gurdjieffien et danse d'un bureau à l'autre, ma postière bouddhiste vire les mandats en se réfugiant dans la Terre pure, mon libraire revitalise son catholicisme romain moribond aux profondeurs de l'orthodoxie, souriant de ce que les parlementaires russes aient récemment classé l'Église catholique au rang des sectes et que leur président ait dû se rétracter après l'intervention du président Clinton et du pape. Les hédonistes sont tantriques ; les précis, zennistes en robe noire ; les intellos, shivaïtes ; les marginaux donnent dans le chamanisme et dans le champignon lucidogène, les rigoureux sont soufis, les timides redécouvrent Héraclite et Empédocle d'Agrigente. Quant aux autres, gavés de niaiseries télévisuelles, ils pensent que si leur voisin n'a pas la télé, bouffe bio ou fait du yoga il appartient forcément à une secte. Seul James Bond peut nous sortir des griffes de ces démons. Si la télévision ne nous lave pas le cerveau, il faut bien des substituts assoiffés de pouvoir pour faire le travail.
Mais qui parle du grand nettoyage, de celui qui se fait hors de la dépendance, de l'effarement, de la peur, en ne comptant sur personne que sur soi-même ? Évidemment, impossible de construire un empire avec de pareilles idées.
p. 10 et 11
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Alors, laissant jaillir des murmures,
Le Soi, tel un danseur dans un rêve,
Se délecte au jeu des cinq sens.
Par un discours sincère et doux,
Il fait glisser l'aimée en son cœur,
La couvre d'un subtil parfum
Et la savoure, buvant sa fragrance.
Il vit cette union comme semblable
Au contact de cent jarres de nectar
Et tous deux embrassés
Jouissent de toutes les nuances
De cette bénédiction.

La yoginî, le regard plein de désir,
prononce des mots enrobés de miel,
Elle s'unit au danseur en bougeant son lotus
Qui éprouve une ondée de jouissance.

Le Soi au plus intime
Demeure uni à l'esprit,
Et goûte à la saveur unique
Des différents baisers.
S'abandonnant au flot passionné,
Mordant et griffant,
Faisant sourdre un intense plaisir,
Lacérant leurs corps avec ardeur,
Ils mettent fin à l'illusion.

Dans cette dissolution de la dualité,
Par le goût du désir,
Perdant l'expérience de l'identité,
Les amants goûtent à un plaisir
Inexprimable et jamais encore touché.

Chacun dans ce courant passionné,
Né de l'esprit un,
Oublie toute la dualité,
Conscient de ce seul plaisir.

Dans le bruissement passionné,
Sans distraction,
Ils atteignent l'abondance
De l'insurpassable plaisir
Porté au plus haut point.

Les plaisirs humains
Limités par l'attachement,
Lorsqu'ils sont transformés,
Se muent en extase spirituelle,
L'essence même de la réalisation du Soi,
Au-delà de la forme et de la pensée conceptuelle.
p. 80 et 81
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— Le Bouddha, c'est vous, c'est moi, c'est la nature profonde de notre propre esprit. Si vous n'osez remettre en question les maîtres, où trouverez-vous la liberté ?
— L'enseignement du Bouddha forme un tout cohérent dans lequel on peut avoir foi...
— Si vous comprenez profondément l'enseignement du Bouddha, vous comprendrez qu'il n'a ni nié ni affirmé quoi que ce soit. En fait il n'a jamais rien dit.
— Le Bouddha était un être parfait, pouvez-vous en dire autant ?
— Le Bouddha n'était pas parfait. La perfection est un fantasme d'adepte. Le Bouddha était un homme.
— Pouvez-vous citer un seul de ses défauts ?
— Il était sexiste. Comme il refusait d'admettre les femmes dans la sangha*, sa mère et sa femme, après s'être rasé les cheveux, ont dû conduire une marche forcée de plusieurs centaines de kilomètres, suivies par un grand nombre de femmes. Elles arrivèrent les pieds en sang et le Bouddha dut se résoudre à les recevoir dans la communauté. Le sexisme existe toujours. De nombreux moines ont prétendu par le passé que les femmes ne pouvaient atteindre l'éveil. Les religieuses doivent prendre trois cent trente vœux alors que les moines n'en prennent que deux cent cinquante. Les nonnes les plus extraordinaires sont toujours soumises aux moines, même à ceux de piètre entendement. Heureusement, cela commence à changer. Mais le sexisme n'est pas l'apanage du bouddhisme, on le trouve dans toutes les voies religieuses. Partout je ne vois que la grande mutilation des femmes. On leur interdit l'accès au sacré, on les isole, on les masque, on les découpe. Dans combien de centres spirituels demande-t-on directement ou implicitement aux femmes de ne pas laisser apparaître leur féminité ?
« Elles sont mises à part de peur qu'elles ne contaminent les hommes. Elles apparaissent cheveux tirés, corps masqués, on les préfère muettes, inexistantes. C'est à croire que les hommes sont nés hors de leurs corps. Dans le tantrisme, la femme a une place royale. On considère que sa présence, son courage, sa sensibilité, sa puissance, son enseignement sont capitaux. Un homme qui médite à côté d'une femme s'ouvre beaucoup plus vite à cette vaste sensibilité sphérique qui sans la proximité de la femme demeurerait à jamais une énigme.
Quant à mes défauts, je suis plus intéressé par la spontanéité que par la perfection. Chacun porte en lui ses caractéristiques personnelles où se font jour manques et qualités. Cela ne m'intéresse pas. »
p. 18 et 19
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« Quant au tantrisme, il est aujourd'hui réduit à une triste mascarade hédoniste reformatée par la psychologie des années soixante en une "sexualité sacrée" située aux antipodes d'un Ksemarâja ou d'une Lalitâ Devî. La Grande Voie chinoise, c'est l'élimination du sacré. Ceux qui prétendent le trouver dans la sexualité n'ont pas encore saisi l'ombre de l'essence des choses. Lorsqu'il n'y a plus ni sacré ni profane, qu'on me montre une seule chose qui ne soit pas sacrée ! Qu'on cesse de monter en épingle l'égotique friction des organes pour se laisser glisser dans l'évidence du réel où plus rien n'est scindé, où il n'y a plus d'oppositions, plus de marques, mais une seule réalité vibrante qui est le grand cœur du tantrikâ, le grand cœur du frémissement retrouvé, le grand cœur de la joie profonde imprégnée sans cesse par le flot de la tranquillité, par la lumière innée de chaque corps uni à la totalité. Qu'on cesse de leurrer les gens avec les fadaises de "la sexualité sacrée" qui ne laissent que les traces amères que peuvent capter des corps en proie à l'agitation et à la possessivité de l'ego. Lorsque vous marcherez dans la rue et que votre corps aura retrouvé son intégrité spatiale, quoi que vous fassiez vous serez dans l'océan frémissant. Cessez de rêver à des moyens privilégiés d'atteindre la totalité, car seule la mise en frémissement de tout votre être dans toute action peut éliminer le concept de séparation. Le corps est souffrant lorsqu'il sert d'écrin à l'ego, sacré lorsqu'il recèle l'univers.
p. 114
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En fait, de tous les maîtres actuels, combien en trouverait-on qui feraient simplement de bons disciples et pourraient travailler avec ces êtres de grande envergure ? On devrait faire un charter de maîtres et les envoyer travailler avec un homme vrai, une femme authentique. Je ferais volontiers partie du voyage. Être un bon pratiquant, c'est déjà énorme, c'est déjà la totalité. Au début, lorsque j'ai reçu de mon maître l'autorisation d'enseigner, comme tous ceux qui enseignent il m'est arrivé de me prendre pour un maître ; mais les dieux m'ont envoyé en cadeau quelques rencontres authentiques qui m'ont remis à ma place de pratiquant et cela m'a fait beaucoup de bien. Lalitâ Devi m'avait pourtant prévenu : "Le jour où tu te croiras arrivé, tu seras mort", m'avait-elle dit. C'est la merveille de la voie. Ce n'est jamais fini. Vous rencontrez toujours quelqu'un de grande stature qui d'un regard vous fait mordre la poussière. Sans cela, impossible d'enseigner. C'est une situation infernale : il y a toujours quelque chose qui se fige, qui échappe au spontané. C'est pour cette raison que ceux qui écoutent quelqu'un ont une grande responsabilité — celle de le maintenir en vie —, car lorsque le flot de l'enseignement commence à sortir de quelqu'un qui se prend pour un individu à part, il y a un grand danger.
p. 102
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— Ceux qui imaginent qu'il y a plusieurs voies sont loin d'avoir compris la leur. Ils errent dans leur propre boutique en oubliant qu'ils sont sur le marché. Je me suis abreuvé aux sources que j'ai rencontrées et l'eau, même si elle a une saveur particulière à chaque source, reste toujours de l'eau. Lorsque votre cœur devient la source, l'eau n'a qu'une saveur.
— Cette ouverture est-elle traditionnelle dans le tantrisme ?
— Le Cachemire est à la croisée des chemins. De tous temps les Cachemiriens ont vu des hommes d'horizons divers : des Chinois, des Grecs, des gens venus de tout le Moyen-Orient, des Tibétains, des Indiens... Il y a eu beaucoup d'influences réciproques et les tantrikâ ont été ouverts à toutes ces influences. Les maîtres ne tentaient pas de garder les disciples dans les limites d'un courant. Leur spécialité était plutôt l'ouverture. Le grand Abhinavagupta a eu de nombreux maîtres de toutes les écoles, dont certains maîtres bouddhistes. Il parle de toutes les écoles tantriques et les autres maîtres ont aussi cette ouverture. On la trouve énoncée dans son Tantrâloka et dans Le Cœur de la reconnaissance de Ksemarâja. Nan Huai-chin, que beaucoup considèrent comme le plus grand maître de ch'an actuel, a eu trente-deux maîtres, parmi lesquels on compte des confucéens, des taoïstes, des tantriques et des bouddhistes de plusieurs écoles. Grande soif, grande passion, grand éveil.
— Peut-on enseigner cette voie à beaucoup de monde ?
— Non. Il faut une telle présence, un si grand nombre de face à face avec chacun, une telle disponibilité que cela reste très limité. On peut faire cela avec vingt ou trente personnes tout au plus. Ce n'est vraiment pas une voie expansionniste.
p. 76
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L'extase originelle

Si les choses sont si simples, pourquoi l'homme a-t-il inventé toutes ces pratiques, tous ces rituels, toute cette activité qui se déploie autour de l'essentiel ?
— Pour le masquer.
— Dans quel but ?
— Pour garder le pouvoir. Lorsque le grand maître tibétain Marpa rencontra au Cachemire le siddha* Tilopa, celui-ci lui transmit, après quelques épreuves, les enseignements absolus de Mahâmudrâ. Marpa rentra au Tibet et se mit à enseigner cette simplicité immédiate qui renvoie à la trappe toutes les pratiques, tous les intermédiaires, toute la classe des prêtres. Les autres maîtres s'inquiétèrent de voir révélé directement un enseignement aussi anarchique. Ils demandèrent à Marpa de se calmer et de réserver ces enseignements à ceux qui avaient franchi toutes les étapes de la voie formelle. C'est ainsi que ce que les siddha révélaient d'emblée devint l'enseignement le plus secret. C'est la même chose pour Mahachinachara.
— Un rituel n'a donc aucune valeur ?
— Les mantras ne sont que des mots vides, les rituels que des singeries destinées à occuper l'esprit tant que la clarté n'est pas installée. Avant cette clarté, les rituels ne mènent nulle part, sinon à se lier un peu plus à la forme. Lorsque vous n'avez plus le fantasme d'arriver quelque part à l'aide du rituel, il devient une sorte d'acte gratuit, une expression de la beauté, de la totalité. Vous acheter une boîte de peinture ne fera pas de vous un peintre, pas plus que posséder un instrument de musique ne fera de vous un musicien. Devî n'enseignait certains aspects du rituel que lorsque la présence au corps était installée ; et encore, avec beaucoup de précautions. J'ai vu beaucoup de gens s'adonner à la course au mantra, écouter pendant des heures les grands mantra psalmodiés avec mollesse par une bande d'abrutis, tout cela sur fond de musique insipide ; je les ai vus s'agiter en tous sens avec clochette, encens, jet de fleurs, mudrâ**, etc. Mais dans le meilleur des cas, à peine tout cela terminé, retour à la confusion, à la séparation, à la dualité. Nous voulons toujours de l'exotique, des initiations, des pratiques secrètes, mais la grande pratique consiste à marcher, à toucher le monde, à regarder, à vivre en faisant que chaque acte quotidien soit l'expression de la non-dualité. Il n'y a rien de plus beau. Tout alors émerge de la conscience et s'y résorbe. C'est l'extase originelle.
p. 47 et 48
* siddha : « maître accompli ».
p. 134
** La mudrā (devanāgarī : मुद्रा, qui signifie « signe » ou « sceau », en pali : muddā) est un terme sanskrit qui désigne une position codifiée et symbolique des mains d'une personne (danseur, yogi) ou de la représentation artistique (peinture, sculpture) d'un personnage ou d'une divinité. L'origine des mudrās est très ancienne et se rattache à la culture védique.
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Dans le tantra et dans le ch' an, il est entendu qu'un maître cherche toujours celui de ses disciples qui a la capacité de le dépasser pour lui donner la trans-mission. C'est l'unique raison de la survie des lignées qui s'étendent parfois sur des millénaires. J'ai cru observer le contraire chez les petits maîtres, qui tremblent dès qu'un être authentique pointe son nez dans leur repaire. Ils ne tardent pas à l'évincer avec la bienveillante collaboration des disciples qui participent à ce grand effroi. Essayez de railler ou d'émettre un doute poli devant l'un de ces charlatans et vous verrez à quelle vitesse vous serez éjecté du groupe. La plupart des groupes spirituels ne sont que des associations de moribonds conventionnels au langage codé. Guidés par une momie, ils glissent tout droit vers le conglomérat sectaire.
p. 39
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