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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après l'entrée de ses oeuvres dans le domaine public en 2020 et la cascade d'adaptations en bandes dessinées de son roman le plus connu « 1984 » qui s'ensuivit, voici qu'Orwell est à nouveau sous les feux de la rampe en cette fin d'année avec la parution dans le 9 e art de pas moins de trois adaptations d'un autre de ses ouvrages phares : « La Ferme des animaux ». La maison Grasset, après avoir publié la version de « 1984 » de Fido Nesti dans la traduction de Josée Kamoun, récidive avec un autre brésilien, l'illustrateur et bédéiste Odyr, aux pinceaux et une version inédite du texte par l'autrice française.
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Ce court roman, paru initialement en 1945 décrit l'insurrection des animaux de la ferme du Manoir qui prennent le pouvoir en en chassant leur fermier Mr Jones afin de créer une société égalitaire. Ils remplissent ainsi le voeu du cochon Sénateur qui prônait un discours animaliste fondé sur les principes d'égalité et de solidarité des animaux. Dans un premier temps, ces derniers s'organisent démocratiquement mais les cochons, qui sont les plus intelligents, vont rapidement s'imposer comme les chefs et se comporter de manière inique voire violente. Progressivement les idéaux promulgués vont être bafoués et le reste des animaux réduits à un état de servage encore plus déplorable que lorsqu'il se trouvaient sous le joug humain.
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Sous couvert de conte animalier, ce texte se veut en fait une critique cinglante du régime stalinien en particulier (on peut voir la caricature du petit père des peuples dans Napoléon et un avatar de Trotski dans Boule de neige), d'ailleurs, les exégètes du temps ne s'y trompèrent pas puisque le roman initialement écrit en 1943 ne put être publié avant la fin de la guerre car Staline était allié de l'Angleterre ! Puis il fut, au contraire, à l'aube de la guerre froide, brandi comme un étendard et même adapté pour la première fois en bande dessinée par Freeman et Pett en 1951 afin de toucher un maximum de personnes et largement distribué par l'Information Research Department britannique dans le cadre de ses opérations de propagande anticommuniste et en particulier aux pays du tiers monde ! Mais au-delà, c'est avant tout une fable sur les dangers inhérents à tout processus révolutionnaire. Orwell y critique notamment l'endoctrinement et la manipulation idéologique des masses, le culte de la personnalité du chef, la modification du passé par l'histoire officielle. Cette critique des totalitarismes et des sociétés de contrôle trouve, à l'instar de « 1984 », de troublants échos dans notre société actuelle.
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La traduction concise et efficace de Josée Kamoun (bien plus percutante à mon sens que celle qu'elle proposa pour « 1984) », révèle bien cette dimension du texte dont elle garde la substantifique moelle en s'en émancipant. Je suis moins convaincue en revanche par le travail d'Odyr. Si son jeu sur les couleurs s'avère intéressant (les vignettes s'assombrissent au fur et à mesure que le quotidien des animaux se révèle tragique), le traitement réaliste et la sagesse de la mise en page me gênent. On a plus affaire à une illustration qu'à une adaptation : on a de jolies peintures à l'huile qui peuvent même parfois rappeler les toiles de Rosa Bonheur mais pas vraiment de peinture au vitriol avec des animaux anthropomorphes et un rythme dynamique voire cartoonesque pourtant bien présent dans le roman. Quand Orwell écrivait « la Ferme des animaux », Calvo faisait paraître « La bête est morte » et l'on aurait aimé pouvoir retrouver dans l'album d'Odyr la même force que dans ce chef d'oeuvre de la satire animalière… ce qui a été en revanche magistralement réussi par Félix Delep et Xavier Dorison dans leur variation libre autour de l'oeuvre d'Orwell : « le château des animaux ».

Merci néanmoins à la fondation Orange et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir cet album.
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Au cours de cette année, George Orwell n'a cessé d'être mis à l'honneur, avec de nouvelles traductions de « 1984 » et « La ferme des animaux », mais aussi des adaptations en bandes dessinées. C'est grâce à « lecteurs.com » et la fondation Orange que j'ai pu découvrir cette adaptation illustrée par Odyr et traduite par Josée Kamoun. Je connais bien le texte, pour l'étudier avec mes classes de 3ème, et cette nouvelle traduction m'a un peu perturbée au début, car les noms des personnages sont différents de ceux auxquels je suis habituée. Ainsi, Sage l'Ancien devient « Sénateur » et Brille-Babil laisse place à « La Jacte »...personnellement, j'avais une préférence pour les premières versions des noms.
Concernant l'histoire, on retrouve le propos critique d'Orwell, dénonçant dans un apologue aux allures de fable, l'enfer que devient une utopie quand elle n'est pas préparée, quand on veut l'imposer à toute force. Après avoir chassé les hommes de la ferme du Manoir, les animaux prennent le pouvoir et organisent la gestion de leur ferme… mais très vite, ils se laissent dominer par le cochon Napoléon qui met en place une véritable dictature. Peu à peu, les commandements qui garantissaient l'égalité de tous sont foulés, bafoués, pour n'aboutir qu'à un seul : « tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d'autres ».
Orwell fait avec ce livre une analogie assez explicite et particulièrement critique à l'égard des conséquences de la Révolution bolchévique, et de la dictature stalinienne.
Après avoir lu les deux premiers tomes du « Château des animaux », j'avoue avoir été un peu déçue par cette adaptation : disons que c'est plutôt une jolie illustration du texte qu'une bande dessinée. Je m'attendais à des vignettes, des animaux individualisés et humanisés comme dans le livre, mais les dessins ne laisse que peu de place au mouvement, c'est dommage.
Merci à Orange et aux éditions Grasset pour cette découverte, que je ne manquerai pas de partager avec mes élèves.
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