« Les lyres sont les instruments que je préfère .
Leur forme en U, comme celles des lyres dont jouent les personnages des mythes grecs, donne à voir d’une manière remarquable tous leurs détails malgré leur dimension appropriée au concert.
L’élégance avec laquelle elles ont été façonnées et polies fait qu’il est difficile de croire qu’elles n’étaient à l’origine que des morceaux de bois ramassés au bord de la rivière » ….
Dans sa vie qui allait en se réduisant,soustraire était plus important qu'ajouter.
(...) un bon livre vit plus longtemps que son auteur.
La maison où j'habite était autrefois une école maternelle ,et tout y était petit.Tout a une taille adapté aux petits enfants,les portes,les fenêtres, l'escalier,mais aussi les casiers à chaussures,les pendules murales,les robinets ,les tables et chaises,les étagères, les abat- jour des lampes .Les meubles ont des angles arrondis,les interrupteurs sont placés bas,et les poignets de portes n'ont que la rondeur de baies qui tiennent sur la paume d' une main.( Page 7).
La maison où j’habite était autrefois une école maternelle, et tout y est petit. Tout a une taille adaptée aux petits enfants, les portes, les fenêtres, l’escalier, mais aussi les casiers à chaussures, les pendules murales, les robinets, les tables et chaises, les étagères, les abat-jour des lampes. Les meubles ont des angles arrondis, les interrupteurs sont placés bas, et les poignées de portes n’ont que la rondeur de baies qui tiennent sur la paume d’une main.
Au début, j’évaluais mal les distances, et souvent je trébuchais, je me cognais la tête, j’avais mal au dos à force de me tenir courbée, mais maintenant j’y suis complètement habituée. Mon corps s’y meut naturellement, je n’ai pas à réfléchir pour savoir à quel point rentrer les épaules ou fléchir les genoux. Je me suis rendu compte que les dimensions de mon corps s’étaient faites à tous les espaces de la maison.
(Incipit)
Mais à partir d'un certain moment que je ne saurais définir, les gens ont peu à peu perdu le désir de conserver le passé et ont cessé de s'intéresser au musée. Il n'a pas été déplacé le long d'une nouvelle route, comme la bibliothèque, ni détruit à l'explosif comme la maternité, mais a fini par fermer un jour, après avoir été abandonné à son sort. Peut-être n'a-t-on pas trouvé d'autre méthode pour laisser à nouveau le passé au passé.
Lorsque j'ai lu dans la préface que : "pour lui, les boîtes sont les corps des morts, et leur contenu, la parole qu'ils ont perdue..."
Lorsque je pressens que la nuit sera longue, particulièrement quand la corbeille “déchiffrées” est vide parce qu’il est reparti avec la dernière lettre, j’ouvre toujours le même livre. La biographie d’un artiste, un volume très épais, avec une chronologie et un appareil de notes détaillées. Chacun des vingt-deux chapitres qui la composent porte un titre attractif, le nom d’une de ses œuvres, et il y a au milieu de l’ouvrage une série de photos où on le voit de la jeunesse à la vieillesse. Je l’ai lu si souvent que les fils de la reliure sont distendus par endroits, et que demeure sur la couverture la trace brunâtre de mes doigts. Il ne m’en est que plus cher, car sitôt que je l’ai dans les mains, il n’existe que pour moi.
M. Byraton est l'ancien conservateur du musée d'histoire locale qui n'existe plus. Depuis qu'il ne peut conserver qu'en chantant, tout le monde s'est mis à l'appeler M. Baryton.
J’envie les livres de la bibliothèque ... Parce qu’ils ne s’arrêtent pas, ils viennent et repartent. Ils ne laissent qu’un tout petit peu d’invisible. Ils n’ont rien d’impudent. Et sont discrets.