p.48.
Les problèmes sexuels de Kant
Pour Kant, s’engager dans un rapport sexuel rémunéré, ce n’est pas offrir un travail ou un service, mais proposer son corps à autrui en location comme si c’était une chose. L’un des problèmes que pose ce raisonnement, c’est qu’il s’applique exactement de la même façon aux rapports sexuels non rémunérés. On ne comprend plus très bien à la fin pourquoi les rapports sexuels payés seraient plus « honteux » que ceux qui ne le sont pas.
p.21.
Au XVIIe siècle, les chanteurs d’opéra étaient admirés tant qu’ils donnaient des concerts gratuitement. Mais dès qu'ils demandaient de l’argent en contrepartie de leurs performances, on les traitait de putain, et ce n’était évidemment pas pour leur faire un compliment.
Aujourd’hui, on ne traite plus de putain les chanteurs d’opéra qui se font payer pour chanter, et personne ne semble penser que c’est anormal. Trouverons-nous un jour qu’il est aussi juste et naturel de payer pour un plaisir sexuel que pour celui d’entendre Placido Domingo (si c’est un plaisir) ? C’est loin d’être évident.
On continue de se demander s’il est légitime de tirer profit de ses talents corporels, dans le sport de compétition par exemple. Dans ce domaine, comme celui du sexe d’ailleurs, le statut moral des professionnels reste inférieur à celui des amateurs.
p.14-5.
2. Il faut préciser que, dans le droit positif français, même la libre disposition de soi n’est pas clairement reconnue. Stéphanie Hennette-Vauchez Disposer de soi. Une analyse du discours juridique sur les droits de la personne sur son corps, Paris, L’harmattan, 2004