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EAN : 9782246802273
272 pages
Grasset (17/09/2014)
3.18/5   39 notes
Résumé :
Armée de ses seuls concepts, la philosophie peut-elle saisir ce qu’il y a de charnel, de déraisonnable et d’ineffable dans chaque histoire d’amour ?
Pour Ruwen Ogien, la réponse ne fait aucun doute : le philosophe ne doit pas abdiquer ses droits devant l’émotion, le sentiment, la passion.
Son projet ? Ecrire un De l’amour rigoureux – quoique facétieux.
Et traiter de cet obscur objet comme s’il s’agissait de n’importe quelle autre chose de la vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pssst…venez par ici. Oui, vous ! Petit(e) babeliote… vous avez deux minutes pour parler d'amour ?

Mais d'abord, savez-vous si vous êtes éthiquement minimaliste ou maximaliste ?

Un papier un stylo, on va faire le test ensemble.

1. Y a-t-il des crimes sans victimes ? ou « Sinead O'Connor au Saturday Night Live »
Souvenez-vous, dans les années 90 la chanteuse irlandaise Sinead O'Connor est invitée dans la célèbre émission de la chaine NBC, le Saturday Night Live. A la fin de sa chanson, O'Connor sort une photo du pape Jean Paul II, l'incendie en direct en prononçant ces mots « fight the real enemy » (combattez le vrai ennemi), embrasant par là même l'Amérique entière et mettant un terme à sa carrière (commerciale du moins).
Le blasphème, puisque c'est de cela dont il est question, est-il un crime ?
Oui / Non

2.Peut-on être immoral vis-à-vis de soi-même ? ou « Oblomov est-il moral ? »
Souvenez-vous d'Oblomov d'Ivan Gontcharov, ce personnage aboulique qui gâche ses talents dans une inertie onirique sans fonds. La paresse d'Oblomov qui gâche ses talents, de même que le suicide d'Emma Bovary constituent t ils des actes immoraux ?
Oui / Non

3.Un “mauvais” samaritain manque-t-il forcément d'éthique ?
Imaginez vous témoin d'un accident de voiture d'une gravité exceptionnelle, les secours n'y pourront rien, il faut immédiatement intervenir, la personne est en sang. Vous voyez un automobiliste passer devant la victime sans s'arrêter. Scandale ! Vous le prenez à parti, il vous réplique qu'il ne sait pas si les victimes ensanglantées ne sont pas contaminées par le VIH et que le risque pour lui d'intervenir est peut-être trop important. Alors le mauvais samaritain est-il immoral ?
Oui / Non

4.L'Etat peut-il nous dire ce qui est bon pour nous ? (paternalisme) ou « Ni Dieux, Ni Maîtres »
Imaginez un monde où gâcher ses talents, consommer trop gras ou trop sucré ou pratiquer la sodomie serait sanctionné par la loi. le rôle de l'Etat doit-il s'étendre à la sphère privée ou est-ce infantilisant ?
Oui / Non

Résultats :

Il existe trois propositions éthiques : l'éthique des vertus (inspirée d'Aristote), l'éthique des devoirs (mise en forme par Kant) et l'éthique des conséquences (matrice de l'utilitarisme), pour connaître votre résultat :

* Vous avez une majorité de Oui : « Et le Kant dira-on ? » : vous êtes maximaliste. A l'image de d'Aristote et de Kant vous pensez que gâcher ses talents, se masturber ou mentir même pour sauver des vies est immoral. En effet pour ce dernier il faut que la maxime de nos actions puisse être érigée en principe universel, rien que ça, or se masturber, par exemple, va à l'encontre de la conservation de l'espèce. Vous pensez aussi qu'il y a des victimes par ricochets à l'infini et même crimes sans victimes comme le blasphème, l'injure à la patrie etc.

* Vous avez une majorité de Non : « En plein dans le Mill » : vous êtes minimaliste. A l'image de John Stuart Mill vous pensez que tant que l'on ne nuit pas à autrui notre conduite ne peut faire l'objet de jugement de valeur moraux dans nos relations privées ou d'interventions étatiques et en bon utilitariste vous pensez que la fin (si elle ajoute au bien commun) justifie les moyens. Pour vous trois principes suffisent à l'éthique : l'égale considération (qui justifie tout de même le secours à personne en danger), la non-nuisance et l'indifférence au bien personnel, c'est-à-dire que les devoirs envers soi même sont moralement neutres !

***

Vous voilà désormais prêts à entrer dans l'univers d'Ogien, car quelque soit l'objet d'étude, c'est à partir de ses principes de philosophie éthique que l'auteur nous livre sa pensée.

On réfléchit peu sur l'amour et la sexualité, en tout cas pas assez, on pense à l'entreprise du philosophe Michel Foucault, ou celle plus esthétique du sémiologue Roland Barthes. Dans “Philosopher ou faire l'amour” on retrouve l'espièglerie ludique de Ruwen Ogien, disparu en 2017, son exigence aussi, notamment dans la place qu'il accorde à la méthode en philosophie pour penser, classer, analyser les concepts et ou comparer les grilles de lecture et il allie exigence et pédagogie pour son lecteur.

Il accompagne sans cesse le sujet de la méthode, définissant les “intuitions morales” par exemple, expliquant comment il va s'attaquer aux idées reçues, aux clichés sur l'amour. Par exemple le présupposé de “l'irrenplacabilité de l'être aimé” ce fameux, parce que c'était lui parce que c'était moi de Montaigne. Ruwen Ogien rapporte cette anecdote : un anthropologue raconte à une tribu de Rhodésie (Afrique australe) les péripéties nombreuses qu'endure et accompli, par amour, un chevalier pour sa dulcinée, au sortir les membres de la tribu circonspects l'interroge “Pourquoi a t-il fait tout ça ? il ne pouvait pas prendre une autre fille à la place ?”

“Je m'intéresse avant tout aux problèmes logiques et moraux que posent les idées de bases de l'amour”.

La morale est loin d'être un simple domaine d'onanisme intellectuel (puisqu'on est dans le thème…) car la règle morale se retrouve traduite dans la règle juridique et l'évolution des moeurs c'est l'évolution du droit, on voit bien que le degré de répression ou de tolérance d'une société dépend aussi de conceptions morales qui sont “l'esprit des lois”.

“Il est moral d'aimer, quel que soit l'aimé, et même si l'aimé n'est pas aimable (…) car l'amour s'il est sincère et passionné a une valeur catégorique et justifie à lui seul toutes les aberrations de l'amant.” Vladimir Jankélévitch. bah oui mais non… il n'est pas toujours vrai de faire coïncider le bien et l'amour, ce n'est qu'une des idées à laquelle s'attaque le philosophe. Ce dernier ne délivrera pas de définition de l'amour mais, éternel empêcheur de tourner en rond, il viendra éroder un certain nombre d'idées de bases sur l'amour (l'amour plus important que tout, peut-on aimer sans raison, l'amour dans la durée etc) et brocarder gentiment les conceptions philosophiques établies de l'amour.

Dans son entreprise de démolition de la morale “maximaliste” Ogien s'attache à questionner les formes d'amour valorisées, “validées” versus celles qui sont jugées immorales ou indignes d'être considérées comme des formes d'amour vers lesquelles il faut tendre quand bien même elles sont pratiquées entre adultes consentants et ne causent de torts à personne. Au contraire, l'amour est une sorte de circonstance atténuante lorsqu'on nuit à autrui, longtemps on a parlé de “crime passionnel”, comme pour atténuer ce qu'habituellement la morale condamne.

“Est-ce que le sexe est sale ? Oui, mais seulement quand il est bien fait” Woody Allen. Mais Ogien ne démolit pas pour le plaisir de détruire. Ni même pour substituer sa définition, sa production conceptuelle à celles qui la précède. Tout au contraire, il s'y refuse, mais dans ce flottement apparent, le philosophe peut amener toutes les autres formes d'amour, éthiquement suspectes, sur lesquelles il a travaillé l'essentiel de sa carrière et c'est finalement une invite à élargir à tous ces “damnés de l'amour” la conception initialement étriquée de “l'amour” pour la dépasser, sans la noyer : Alors bienvenue aux abstinents, aux “no sex”, aux célibats choisis, à ceux qui aiment les hommes, les femmes, les hommes et les femmes cis ou transgenres, à ceux qui envisagent l'amour ou la sexualité sous le prisme contractuel comme les sadomasochistes, les polyamoureux ou les prostitués, sur un fond de “Love For Sale” un peu jazz de Cole Porter :

“Let the poets pipe of love,
in their child'sh way
I know every type of love
(laissons les poètes chanter l'amour à leur façon puérile, moi je connais toutes les formes d'amour)”

Pour se faire, les philosophes bien sûr, mais plus surprenant les chansons populaires du rock anglais à la variété française sont appelées en renfort, ce qui me rappelle également le constat de Roland Barthes dans “Fragments d'un discours amoureux” qui considérait que la philosophie et les sciences humaines, contrairement à la variété populaire, n'offraient que peu de textes sur l'amour.

“il n'existe, à mon avis, aucune bonne raison philosophique de dévaloriser complètement l'amour physique et de survaloriser l'amour romantique.”

Est-ce qu'Ogien épuise le sujet de l'amour ? Evidemment que non, soyez rassurés, il garde son mystère, ses servitudes et sa joie ! On lit toujours Ogien avec le sourire car c'est un peu le “c'est pas sorcier” de la philo, très vite les théories, définitions et citations cèdent le pas à l'expérience, les questionnaires sociologico-philosophiques sont autant d'occasions de se poser les bonnes questions, y compris les plus taboues. Après la théorie il reste toujours une place pour les travaux pratiques, alors bonne Saint-Valentin !
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Personne ne semble penser que philosopher sur la solitude ou l'ennui aboutira à les faire disparaître, et pourtant, penser l'amour ne semble pas un sujet philosophique, comme si sa connaissance devait être aussi intuitive et sans explications que l'amour lui même, et que essayer de penser le concept d'amour risquerait d'en perdre le sel.

Ruwen Ogien, nonobstant, essaie de penser ce que derrière l'idéologie de l'amour romantique, avec l'idée d'un amour unique et irremplaçable, et d'autre part, nos moeurs , où plus personne ne juge le divorce, le remariage ou la séparation comme des infamies, ce que aimer veut dire.
C'était un libertaire, ce RO, pour les intimes que vous allez être, et dans son livre « Philosopher ou faire l'amour » il annonce la couleur : il ne nous donnera pas une définition, l'amour c'est ça, point. Mais il décortique, il déchiffre, il analyse.

Il énumère d'abord les six idées de base des différentes formes de l'amour :

1- l'amour est plus important que tout : oui, mais R O a au début de son livre rappelé le Banquet de Platon, et les trois sortes d'amour rappelées par Comte Sponville dans « le sexe ni la mort », l'amour charnel : Eros, l'amitié, le respect : Philia, et l'amour presque mystique : Agapé. Les invités de ce Banquet sont un peu ivres lorsqu'ils parlent de l'amour, mais, bon. La question est : quelle sorte d'amour a t elle une importance suprême ? Pour Kant, ce serait le respect qui primerait. Pour la sensibilité moderne, la liberté primerait sans doute sur l'amour. Etre un individu libre.

2- l'être aimé est irremplaçable : encore le Banquet, avec le récit un peu fou d'Aristophane qui a bu et voit double: nous les hommes étions au début du monde tous ronds comme des oranges (non, pas comme des coings), très rapides, puissants et arrogants, si bien que les dieux nous ont coupés en deux. Depuis, nous cherchons désespérément cette moitié perdue, et seuls certains privilégiés, malgré toute la littérature trompeuse, la retrouvent. Les deux êtres, homme/ femme ou mêmes sexes, se fondent l'un dans l'autre, redeviennent un. Nous connaissons tous des couples qui disent : « nous avons aimé l'Italie, nous avons un perroquet, nous t'embrassons, nous venons de lire RO».

Cependant, dit RO, on n'est pas pas irremplaçable, on le devient. Un des moyens de le devenir, c'est de montrer à notre partenaire que le coût de notre remplacement serait extrêmement élevé !!! Et puis on peut avoir des enfants ou des biens importants en commun, d'où l'impossibilité de couper le lien.

3-on peut aimer sans raison : Pourquoi aimons nous ? « je l'aime parce qu'il est bête et méchant », ce serait une raison d'aimer douteuse, non ? Pourtant, quand Montaigne dit « parce que c'est lui, parce que c'est moi », il avoue par là même qu'il ne connaît pas la raison. Et on accepte aussi la proposition : « je l'aime parce qu'il est un peu macho, un peu menteur », ou « je l'aime parce qu'il est beau ». Finalement, les raisons qui justifient que l'on aime importent peu.

4-l'amour est au delà du bien et du mal :Y a t il une moralité à aimer un être particulier , plus que les autres ? Cas de figure : je peux donner mon rein à ma mère qui en a besoin, ou à d'autres patients qui en ont plus besoin. Que faire, où est l'acte moral ?
Autre cas de figure : un capitaine de bateau qui sauverait sa femme de préférence à d'autres passagers serait il moral ? l'amour qu'il lui porte suffirait il à justifier son choix ?
Ou alors on doit admettre que l'amour n'est pas au dessus des lois morales, et qu'il peut/doit être impartial. Il se rapprocherait en ce cas plus de la bienveillance, de la charité que de l'amour fusion.

5-on ne peut pas aimer sur commande : L'amour est plus fort que la volonté, on aime malgré tout. Cupidon est un capricieux qui frappe aveuglément. On tombe amoureux, mais on aime sa mère. On peut décider d'arrêter de fumer le 31 décembre mais pas d'arrêter d'aimer Lola le 1 janvier.
On pouvait décider de croire en l'existence de Dieu, lorsque les tortures de l'Inquisition vous faisaient trop peur, ou bien dans l'espoir d'une vie éternelle.
de nos jours, on peut pragmatiquement décider de croire ce qui nous semble utile à l'avancement de la science, même lorsque les preuves sont insuffisantes, mais cette volonté peut être bouleversée par d'autres données. On croit au danger de la pandémie, puis on s'aperçoit que l'on nous a gonflés.
C'est Kant qui a remis en doute les principes moraux lorsqu'ils sont basés sur la peur, ou sur la contrainte, car il y a selon lui une seule forme d'amour que l'on ne peut commander, celle qui consiste à oeuvrer pour le bien d'autrui. « Tu aimeras ton prochain, » dit Kant, c'est bien gentil, mais l'amour en tant que sentiment ne peut pas se commander. Sauf que oeuvrer pour le bien d'autrui, ce serait plutôt de la bienveillance, ou une règle du métier que l'on exerce, médecins, enseignants, soignants.
Est ce de l'amour au sens où nous l'entendons ? non.

6-l'amour qui ne dure pas n'est pas un amour véritable : le bonheur pour les Anciens n'avait rien à voir avec la définition « idée neuve en Europe » qu'en donne Saint-Just , quelques mois avant de perdre la tête sur l'échafaud. Pour les anciens, le bonheur est relativement ascétique, rien à voir avec les plaisirs du corps, religieux, car ce n'est pas un bien terrestre, et élitiste, réservé aux sages.
Est ce cela que nous entendons quand nous parlons d'un amour éternel, romantique, céleste ? non réductible au sexe, religieux en ce sens qu'il affirme une éternité de sentiment sans savoir vraiment ce qui adviendra, et élitiste puisque trouver sa moitié d'orange, tout le monde en convient, c'est rare. Ou alors, ainsi que l'idée du bonheur démocratique , désacralisée, attentive au bien être du plus grand nombre, idée de Saint Just, si elle s'étend à la définition de l'amour, serait elle une autre approche plus proche de nos réalités?

En fait, RO en voulant non pas donner une définition de l'amour, mais explorer le sens moral du concept d'aimer, l'a étendu a toutes les formes, Dieu, le chocolat, mon mari, mes enfants, ma famille, et l'ensemble finit par être un peu obscur.

J'ai essayé malgré tout de faire un résumé de ce livre savoureux et qui pose plein de questions morales.
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Ruwen OGIER, directeur de recherche au CNRS, explore les diverses facettes de l'Amour à travers les conceptions de différents philosophes, écrivains ou rimailleurs. Il développe ce sujet en citant ces « Vérités » qui se propagent de siècle en siècle, ici ou là, essais, romans, maximes, vieux dictons issus de la sagesse populaire, poèmes, chansons ou ritournelles immortelles.
Mais dans le même temps il évoque les contre-vérités assénées régulièrement, et ce, parfois au coeur du même discours, de la même chanson, par exemple, l'incontournable Hymne à l'Amour où Piaf y affirme à la fois ses certitudes :
« Peu m'importent les problèmes
Mon Amour puisque tu m'aimes »
et ses doutes :
« Mon Amour, crois-tu qu'on s'aime ? ».
Il pose aussi l'éternelle question à laquelle il est bien difficile de répondre :
« Est-ce que je l'aime parce qu'il est beau, intelligent, fort et gentil ? » ou
« Est-ce que c'est parce que je l'aime que je le trouve beau, intelligent, fort et gentil ? ».
Il parle donc d'amour tout au long de ces 203 pages : amour physique ou amour moral, amour savant ou amour populaire, amour partial ou amour impartial, amour sacré, émotions, sensations, raisons d'aimer, déraison …
Mais en refermant ce livre, je me posais, moi, la question essentielle : plutôt que de PHILOSOPHER avec Ruwen OGIER pendant ces quelques heures de lecture n'aurait-il pas été préférable et plus agréable de FAIRE L'AMOUR ?
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L'introduction nous prévient; "j'essaie de ne pas être trop cynique". Mais dès le premier titre nous sommes fixés: "l'amour c'est du pipeau, c'est pour les gogos"....
La suite du livre montre bien qu'il s'agit la d'une provocation: les positions sont étayées, plus modérées...Mais la teneur générale est bien celle ci: "l'idéal amoureux romantique est défectueux".

Tout l'intérêt de l'ouvrage réside dans une série de démystifications, ou pour le moins de regards différents, dans une approche aussi rationnelle que possible.

L' entreprise est méthodique... et s'articule autour de six points et dix sept questions.

A titre d'illustration du type de raisonnement proposé: "finalement trouver une place pour l'amour en morale revient tout simplement à trouver une place pour le partialisme en morale (ou le favoritisme, la priorité accordée aux plus proches)....Il n'y a pas de place pour le partialisme en morale donc il n'y a pas de place pour l'amour en morale"
.
Un des éléments intéressants est l'approche multicritères retenue: une évaluation conceptuelle (traque des contradictions, des raisonnements fallacieux) bien sur, mais aussi une évaluation empirique (traque des hypothèses absurdes, infondées) et une évaluation morale.

La conclusion est finalement moins sombre, et laisse entrevoir des pistes, certes vagues: "l'amour prendra des formes nouvelles et inattendues", hors " de l'asservissement du couple, fidèle, obstiné, durable éternel" comme vecteur pour retrouver ce qui peut faire lien avec les autres.

En résumé, même si les conclusions sont parfois déroutantes, une lecture stimulante.
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Hello tout le monde !
Dans le cadre de mes recherches pour une toute prochaine vidéo, j'ai relu cette semaine Philosopher ou faire l'amour de Ruwen Ogien (mon philosophe préféré !), et j'ai décidé de vous en faire la chronique : d'une part parce que le sujet traité (l'amour) me semblait plutôt cool, et d'autre part parce qu'il me semble être un bon livre pour commencer à lire de la philosophie (et que j'ai à coeur de vous faire découvrir cette discipline que j'aime tant !).

Lançons-nous donc dans la chronique de ce livre :
Tout d'abord, Ruwen Ogien fait toujours preuve d'autant de clarté argumentative, à mon grand bonheur ! Aucun détail n'est laissé flou, ni n'est glissé sous le tapis. Alors bien sûr, je peux comprendre que cela puisse en ennuyer certains (redondance, ou impression d'enfoncer des portes ouvertes, ou de s'attarder longtemps sur des choses qui paraissent peu importantes), mais c'est ce qui fait de ce livre un ouvrage véritablement philosophique et pas seulement un blabla sur l'amour comme on peut en trouver partout ! le propos est clair et solide, et même si Ruwen Ogien avait à coeur de faire de la philosophie une discipline accessible à tous, il n'en reste pas moins un philosophe, dont les ouvrages doivent pouvoir être repris dans des travaux de recherches (et donc être très rigoureux).

Concernant le sujet de ce livre : il est toujours très intéressant de voir comment des préjugés et des arguments fallacieux peuvent être démontés, là au sujet de l'amour ! Ici le philosophe de l'éthique nous donne en plus une perspective très intéressante en abordant ce sujet au prisme de sa thèse philosophique morale : cet ouvrage atteint son but, c'est-à-dire nous donner à penser ! Cependant, quand on connait Ruwen Ogien, on commence à connaître aussi sa façon de raisonner, et on finit par savoir par avance ce qu'il va dire dans ses ouvrages… Ainsi, j'ai lu ce livre avec un peu moins d'enthousiasme que les autres, car il faut dire que je n'ai pas été aussi chamboulée dans mon fort intérieur : même si les précisions plus pointues furent fort intéressantes, je n'ai rien découvert concernant le fond de la pensée de Ruwen Ogien. Je pense qu'il est temps pour moi de me tourner vers des ouvrages plus techniques de cet auteur avec lequel je commence à devenir familière, pour pouvoir continuer d'en apprendre davantage sur lui et ne pas me lasser.

Cependant, cette dernière remarque ne concerne que moi, qui lit cet auteur depuis un bon moment et qui fait de la philosophie tous les jours dans le cadre de mes études ! Pour quelqu'un qui découvre cet auteur, et/ou qui n'est pas familier des livres de philosophie, je pense que ce livre peut être un véritable choc électrique ! D'un point de vue de l'écriture, il me semble tout à fait accessible : je rappelle que Ruwen Ogien nous est contemporain, son style n'est donc pas du tout difficile à comprendre. de plus, comme je l'ai dit plus haut, ce philosophe a toujours eu à coeur de rendre sa philosophie accessible, donc la compréhension ne devrait pas être un problème ! Surtout avec un sujet tel que l'amour, qui (je pense) nous intéresse tous et peut être assez fun à traiter ! Toutefois comme je l'ai dit, certains passages peuvent paraître assez techniques (dans le sens où Ruwen Ogien fait preuve d'une extrême rigueur argumentative), donc attention à bien rester concentrés et à ne pas lire ce livre d'un coup : comme d'habitude pour les livres de philosophie que je vous présente, prenez le temps d'être bien attentifs aux informations et de bien les digérer ! ;)


Lien : http://leboudoirbibliotheque..
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critiques presse (2)
Liberation
22 septembre 2014
Avec sa loupe d’entomologiste décoiffé, Ruwen Ogien regarde tout de près et, mine de rien, petit sourire goguenard aux lèvres, coupe avec sa pincette toutes les pièces nécrosées, poussiéreuses, convenues, du discours amoureux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
17 septembre 2014
A rebours d'une pensée dominante qui porte l'amour au pinacle, Ruwen Ogien l'ausculte sans prendre de gants. Et en dézingue tous les clichés béats.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
"il n'existe, à mon avis, aucune bonne raison philosophique de dévaloriser complètement l'amour physique et de survaloriser l'amour romantique"
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Si l’amour est une émotion, et si l’émotion est une réaction viscérale, il ne disparaît pas nécessairement quand on apprend qu’il n’y a aucune bonne raison de le ressentir, un peu comme la peur qu’on peut éprouver devant des souris minuscules ou des araignées : cette peur demeure même quand on sait que ces petites bêtes sont inoffensives. De la même façon, l’amour est une joie simple qui n’est pas justifiée par des raisons. Elle est liée au fait de l’existence de la personne aimée, au désir de s’unir à elle.
Mais on peut aussi considérer qu’aimer c’est, principalement, avoir des raisons profondes ou futiles d’apprécier quelque chose ou quelqu’un. L’amour s’en va quand ces raisons disparaissent.
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L'amour pourrait-il perdre le sens ascétique, religieux, élitiste qui s'est imposé à travers les figures de l'amour romantique, moral, céleste ?
Pourrait-il devenir physique, éphémère, démocratique ?
De la même façon que le bonheur, l'amour pourrait-il être désacralisé, débarrassé de l'exigence d'éternité ?
Je ne vois pas pourquoi ce serait impossible.
Resterait-il à savoir si ce serait souhaitable !
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L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil,il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt,Il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune,Il ne réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité.
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Les relations essentiellement romantiques ou sexuelles ne présentent guère à mon avis de paradigmes authentiques ou éclairants sur l’amour. Elles sont en général reliées à toute une série d’éléments qui nous éloignent du fait que la nature essentielle de l’amour est d’être une préoccupation désintéressée ; elles engendrent une si grande confusion qu’à la fin il est pratiquement impossible d’y voir clair.
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Videos de Ruwen Ogien (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ruwen Ogien
#JournéeDeLaPhilo2020 #Philosophie #LesRencontresPhilosophiquesdeMonaco #Philomonaco
Philosopher ensemble !
#Trailer de présentation des Rencontres Philosophiques de Monaco
Avec la participation de: Alain Fleischer, Anastasia Colosimo, Anne Dufourmantelle, Avital Ronell, Barbara Cassin, Bernard Harcourt, Bernard Stiegler, Boris Cyrulnik, Bruno Karsenti, Camille Riquier, Catherine Chalier, Catherine Millet, Charlotte Casiraghi, Christian Godin, Claire Chazal, Claire Marin, Claude Hagège, Cynthia Fleury , Davide Cerrato, Denis Kambouchner, Dominique Bourg, Donatien Grau, Edwige Chirouter, Elisabeth Quin, Emanuele Coccia, Éric Fiat, Étienne Bimbenet, Fabienne Brugère, François Dosse, Frédéric Gros, Frédéric Worms, Gary Gillet, Geneviève Delaisi de Parseval, Geneviève Fraisse, Georges Didi-Huberman, Georges Vigarello, Géraldine Muhlmann, Gérard Bensussan, Hakima Aït El Cadi, Jean-Luc Marion, Jean-Pierre Ganascia, Joseph Cohen , Judith Revel, Julia Kristeva, Laura Hugo, Laurence Devillairs, Laurent Joffrin, Luc Dardenne, Marc Crépon, Marie Garrau, Marie-Aude Baronian, Mark Alizart, Markus Gabriel, Marlène Zarader, Martine Brousse, Corine Pelluchon, Maurizio Ferraris, Mazarine Pingeot, Michael Foessel, Miguel de Beistegui, Monique Canto-Sperber, Nicolas Grimaldi, Olivier Mongin, Paul Audi, Perrine Simon-Nahum, Peter Szendy, Philippe Grosos, Pierre Guenancia, Pierre Macherey, Raphael Zagury-Orly, Renaud
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