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"Les Lumières d'Oujda", c'est une traversée littéraire humaine, poignante, multiple par les formes proposées : cri, chant, récit, documentaire, slam, poésie ... pour témoigner de vies tourmentées, ballottées, en fuite, en partance pour un ailleurs pas forcément plus vert et difficilement atteignable.

Personnellement, je me prends une claque à chaque fois que des mots touchent des vies humaines en difficulté. Ici il est question de nos semblables hommes, femmes, ados, enfants ... « Elles et Ils, Ulysse modernes. / Résistants, résilients magnifiques. » qui rejoignent la route parce que rester dans leur pays n'est plus possible, n'est plus humain, n'est plus vivable, n'est plus. Rester c'est ne plus être libre. Ne plus être soi-même.

« Se parler.
S'écrire.
S'ouvrir.
Se demander comment on va.
Et où on en est.
De son chemin.
Intérieur.
Son parcours, sa traversée.
De toutes les frontières, qui nous rapprochent ou nous éloignent. de nous. du monde.
Je crois au pouvoir de la parole. Je crois à la résilience.
Par les mots.
Les nôtres.
Et ceux d'autres, aussi.
Tuteurs.
Professeurs.
D'espérance.
Qui peuvent.
Nous aider, nous soigner, nous accompagner.
Sur la route de nous-mêmes. »

Marc Alexandre Oho Bambe, vos mots n'empruntent pas un chemin facile, ils s'alignent à la ligne souvent d'une manière singulière. J'ai aimé votre sens de la formule, votre déroute des mots, des maux. Sur le fil menaçant, des vies ... s'inventent, se rencontrent, s'aiment, se découvrent, se fracassent aussi.

Et quel témoignage vous nous livrez en postface ! « "On" ne peut rien faire pour les migrants, on ne peut pas aider "ces" gens-là ? » Des petits mots qui restent en travers de la gorge, c'est sûr.

Les Lumières d'Oujda, un roman polyphonique qui nous entraîne sur les routes de l'exil.
Profondément humain, empreint de poésie, d'amour, de vibrations. Des trajectoires de vies qui ébranlent.

« Bonjour mon frère, comment va ta douleur ? »

« Il y a des phrases comme ça étincelles éternelles.
Des phrases qui font.
Du bien.
Et donnent.
Lumière et force.
Pour continuer.
La marche du monde ....
Même quand.
Rien ne marche. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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On est passés à coté de ce livre pourtant précédé de belles critiques.. une belle histoire pleine d'humanité entre Italie et Cameroun mais hélas la plume poétique Marc Alexandre Oho Bambe entre slam et incantation nous a laissé un peu sur le carreau...
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Les lumières d'Oujda Marc Alexandre Oho Bambe Calmann- Levy
Le narrateur est de retour au Cameroun. Passée l'humiliation d'un retour "tous frais payés", soutenu et aimé par Sita, sa grand-mère, il redresse la tête. " Certes les hommes sont des loups pour les hommes" mais il y des Justes, "des femmes et des hommes qui oeuvrent pour l'humanité, au sens le plus noble du mot, pour que celle-ci ne se défasse pas, pas totalement." C'est donc là que ses pas le mèneront, c'est là qu'il peut aider et accompagner.
D'Oujda, à Beyrouth, Tanger, Lesbos, Douala, Paris , Calais , il va sillonner les routes, rencontrer, écouter ceux et celles qui sont partis. Eternelle question : pourquoi être parti?
Il croisera la route d'Imane à Oujda et sa vie deviendra lumineuse.
Marc Alexandre Oho Bambe est un artiste du mot, du rythme. Narration poétique, poésie narrative, les mots crépitent, se lisent à haute voix pour n' en perdre ni la saveur ni la teneur. Un texte qui bouscule, qui ne se laisse pas apprivoiser de prime abord. Au lecteur d'aller au devant des mots, de se laisser envahir, bousculer, happer par eux. Une lecture à multiples facettes, plus récit-enquête que roman , un texte à découvrir.
Merci aux éditions Calmann-Levy pour ce partage #LeslumièresdOujda #NetGalleyFrance
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Superbe découverte ! Pourtant le nom de l'auteur m'était totalement inconnu avant de lire « Les lumières d'Oujda » – quel étonnement d'éprouver la joie apportée par ce roman poétique.

Je l'ai terminé en quelques jours seulement, presque déçu d'arriver déjà à la dernière page ! Les personnages sont attachants, je les garde tous dans mon coeur une fois le livre refermé. le personnage principal, Mano raconte. A travers lui, on peut penser que c'est aussi l'auteur qui s'exprime. Après une traversée entre la vie et la mort, dont on ne saura que peu de chose, et un passage à Rome, il rencontre Mélodie. Mais sans papiers, « extra-comunitare » comme il dit, dealant « un peu » de shit et autres stupéfiants, il est vite rapatrié au Cameroun après un séjour en prison. Il s'engage alors dans une association qui lutte contre les départs « vers les cimetières de sable et d'eau ». Sa seule famille est Sita, sa grand-mère, à qui il voue admiration et amour. Son engagement le conduit à Oujda, rue d'Acila, où le père Antoine et Imane accueillent des réfugiés. Imane avec qui il fera un bon bout de chemin et trouvera l'amour. A partir de là se racontent par touches, par poèmes, par flots de paroles comme un slam, les récits de vie de Yaguine et Fodé, Youssef, de Swaeli, de « la folle » et de ceux qui n'ont pas renoncé à oeuvrer pour l'humanité : Leila et Imane, le père Antoine, Ibra et Mano lui-même.

En suivant Mano, le récit nous embarque à Douala, dans le quartier Bonaprisa, à Mongo le long du fleuve Wouri, à Oujda au Maroc. Autant de lieux évoqués avec la force du chez soi quitté douloureusement par les « fugees ». Les pas des réfugiés nous parlent de la Libye « détruite. Déboussolée, sans Khadafi. Dictatueur éclairé, regretté parfois. Par un peuple à l'agonie », Tanger (quartier Boukhalef), Casablanca, Conakry, les camps de Moria à Lesbos, les camps de Wadi Khaled et Aarsal au nord Liban. Mais aussi dans le Tarn à Cordes-sur-ciel – clin d'oeil à Albert Camus qui a su si bien écrire sur la beauté de cette cité.

Les influences littéraires de l'auteur sont multiples : signe d'une belle maturité, le récit emprunte aussi aux grands auteurs : Albert Camus (aux hommes eux-mêmes de donner sens à leur vie), le Grand-papa Aimé Césaire bien sûr, René Char et même l'Odyssée d'Homère quand il parle des Ulysses fugueurs (les fugees). Je suis tenté d'ajouter Jacques Prévert par cette poésie de la simplicité, épurée jusqu'à l'extrême qui vise et touche au but sans détour. Fils spirituel de Jacques Prévert avec une allure de Charlie Chaplin ! C'est l'image qui me vient pour cet auteur, plutôt pas mal comme filiation artistique...

La forme générale est le poème avec des variations inouïes, tout à fait originales : quelquefois un mot sur chaque ligne comme s'il fallait économiser, prendre le temps de savourer le sens, apprécier la force de la respiration, donner une valeur à chaque idée ; à d'autres moments ce sont des pages hallucinées sans ponctuation en texte italique et caractères droits mêlés. Calme et détermination à exprimer ce qui a du mal à l'être totalement : la grande question du livre : Pourquoi on part ? Les langues se mélangent avec le camfranglais (argot camerounais à base de français, d'anglais et de langues camerounaises) et d'arabe. Curieusement le talent de l'auteur permet de lire sans effort. C'est un concentré de sentiments, il y a peu de détails inutiles, seulement le vécu profond qui seul compte pour le poète. Quand il fait parler sa grand-mère ce sont quelques mots de la langue de celle-ci qui sont choisis, comme un respect à sa culture. J'ai été très impressionné par le poème « La route » quand, au tribunal de l'Histoire, il appelle celle-ci à la barre des témoins.

C'est une lecture passionnante et un livre édifiant, un beau texte en lien avec l'actualité immédiate et à venir – le réchauffement climatique ajoutera bien des déplacements. J'ai eu le sentiment de lire un auteur majeur du moment, le slam prenant sa place dans une poésie réinventée dans la forme pour réenchanter le monde. Un possible retour de la poésie, une vraie bonne nouvelle si elle parvient au plus grand nombre via le pouvoir de diffusion des médias et d'internet, terminant sa mue en livre de cette qualité. Des slameurs sont cités, véritables poètes modernes : Mc Solaar, Keny Arkana. J'ajouterais pour ma part Grand Corps Malade et... Capitaine Alexandre, ce dernier étant le nom de scène de Marc Alexandre Oho Bambe.

En marge de ce livre impressionnant et utile au lecteur, célébrant l'amour de la vie, de la beauté des choses et de certaines personnes, il est émouvant d'écouter la voix douce et fluide, à la clarté musicienne, d'un écrivain, poète et slameur à découvrir absolument si ce n'est déjà fait. Je remercie Babelio et Calmann-Levy de m'avoir mis dans les mains les écrits d'un écrivain-poète qui sera classé d'emblée dans mes auteurs majeurs et dont je vais suivre la production.

J'ai poursuivi cette lecture par un livre de poésie : « de terre, de mer, d'amour et de feu », édité en juin 2018. Ce recueil de facture plus classique sur la forme, uniquement composé de poèmes sans emprunts d'autres langues, confirme pour moi l'immense talent de l'auteur.

L'auteur : Marc Alexandre Oho Bambe est né en 1975 à Douala au Cameroun. Il est le fils d'une professeure de français, de lettres et de philosophie et d'un homme de culture, fonctionnaire et mécène. A 17 ans il quitte le Cameroun pour venir s'installer en France à Lille. Après des études littéraires et d'attaché de presse, il enchaîne les concerts de slam – sous le nom de Capitaine Alexandre –, les livres et les chroniques dans les médias. Son oeuvre, déjà bien fournie, a reçu plusieurs prix et distinctions. Marc Alexandre Oho Bambe enseigne depuis une dizaine d'années et transmet le goût de la littérature, de la poésie, faisant connaître le slam comme moyen d'expression, invitant à mettre des mots sur les enjeux du monde, à faire preuve de sens critique, de subjectivité et à appliquer les principes de citoyenneté.
******
Avec sur mon blog clesbibliofeel une photo personnelle à partir de la belle couverture bleue du livre et une illustration sonore avec Mc Solaar, Caroline, en version symphonique ainsi qu'un slam émouvant de capitaine Alexandre, l'auteur de ce livre. A bientôt !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Le narrateur qui vit à Rome est rapatrié dans son pays, le Cameroun. Il va alors s'engager dans une association qui lutte pour éviter les départs « vers les cimetières de sable et d'eau ». Son chemin va le mener au Maroc où il va rencontrer le père Antoine et Imane qui accueillent des réfugiés.

J'avoue avoir eu du mal à entrer dans ce livre, à cause de sa forme, de ses mots rappés, slamés, déclamés, ponctués. Je vivais une situation quasi schizophrénique : je saluais le travail sur les mots, sur le rythme, sur les rimes, sur le double sens, et en même temps je me disais « c'est intéressant mais ça n'est pas pour moi ». Quelle andouille !

Peu à peu ces mots que je voulais mettre à distance m'ont happée, m'ont emportée dans leur danse, dans leur mouvement et j'ai succombé.

C'est un livre qui sort des sentiers battus, qui nous bouscule un peu pour mieux nous ferrer. J'ai eu parfois la larme à l'oeil, émue par la puissance des mots de l'auteur. Lorsqu'on touche au sujet dramatique des exilés, des réfugiés, des gens qui fuient l'horreur de la guerre ou la famine ou tant d'autres situations extrêmes et qui tentent de rejoindre l'Europe au risque de leur vie, je suis touchée, surtout lorsque l'auteur travaille les mots en orfèvre comme c'est le cas ici.

« Les mots qui nous saignent sont souvent aussi ceux qui nous signent, nous soignent et nous sauvent. »

Et puis, au-delà des mots, il y a des personnages, qui ont vécu des horreurs au long de leur exil, qui ont espéré, qui préfèrent mourir en marchant que mourir statique dans leur pays qui les opprime, qui les empêche de respirer, de vivre. Il y a ceux qui vont mourir, et ceux qui vont vivre, qui vont aimer. C'est un roman tragique, mais c'est aussi le roman de l'espoir, de la vie proclamée.

C'est un livre à lire à voix haute, à lire et relire, il faut s'en imprégner. Ce sont des variations rythmiques, la musique des phrases change d'un chapitre à l'autre, elle se fait parfois langoureuse , saccadée ou frénétique. Les mots sont poésie, les mots sont danse, les mots sont théâtre. C'est jubilatoire.

Je comprendrais qu'il ne plaise pas à certains ou certaines, ceux ou celles qui ne sont sensibles qu'à l'histoire contée et pas aux mots, au style, à l'écriture, à la poésie.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Livre EXTRA-ORDINAIRE. Cette écriture coupée, courte, où chacun peut y lire, entendre, comprendre, ce qu'il veut. Personne ne lira ce livre de la même façon. Personne ne vivra ce livre de la même façon. Ce livre nous oblige à nous arrêter. C'est une sensation, un ressenti, un vécu sans forcément avoir bravé les océans. Il y a la quête de P. Coelho dans L'alchimiste et il y a Les lumières d'Oujda.
Lien : https://www.facebook.com/liv..
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Un roman magnifique, une poésie de lecture sur plus de 300 pages, ce roman est une magie! En le lisant, je me suis rendue compte que cela chantait dans ma tête, que le rythme de lecture s'imposait au fur et à mesure. Marc Alexandre OHO BAMBE est un génie des mots! Ce livre est clairement un de mes coups de coeur de mes lecture 2021.
C'est un cheminement, un apprentissage, celui d'un jeune Camerounais qui part en exil tenter sa chance ailleurs que dans ce village où il se sent à l'étroit et plus à sa place. Il est rapatrié d'Italie et le rapatriement, pour ses compatriotes, c'est pire que tout. Mais grâce à sa grand-mère Sita, sage parmi les sages, il va se relever et redresser la tête pour affirmer que oui, j'ai été rapatrié mais je suis vivant et sans séquelles et je peux raconter..
Alors commence son parcours de passeur de vie, d'idées, de témoin. Il va s'engager dans une association qui aide les jeunes "fugees" comme lui à réfléchir avant de partir et surtout à mettre des mots sur le pourquoi tu pars?
Il rencontre le père Antoine, un juste parmi les justes, Aladji, le photographe de l'association, Céline, la directrice, habitée par ce besoin d'humanité et Imane, la belle parmi la beauté, son phare, sa lumière d'Oujda. Et les jeunes, ces jeunes qui mettent des mots sur leurs peurs, leurs envies et leurs rêves.
C'est sincèrement un roman éblouissant, qui frappe au coeur de par les mots, les phrases et ce qui est dit.
Alors ouvrez ce livre et laissez-vous emporter...
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Un roman de poèmes, ou des poèmes-slam qui font un roman, un roman du réel qui trace des parcours, entre Cameroun et Maroc, et aussi Rome, Beyrouth, Calais... Une voix singulière pour dire des parcours d'exil, de camps, d'humains ne pouvant rester chez eux, de désirs de vie, de choix. La poésie de ce roman est dans le rythme de la langue, dans le jeu avec les mots, pas dans une sophistication compliquée. Un roman sur les mots et les maux, sur les ponts à construire.
Mon bémol, le message finit par être lourdement appuyé, ça m'a fait un peu trop. Mais un livre unique, qui efface les frontières (la 4e de couverture est très juste).

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Mano a quitté le Cameroun pour une vie meilleure à Rome. Son exil se soldera par un retour au pays manu militari.
Lui, le noir, l'Africain, le pauvre, le miséreux, le sans le sou, le poussiéreux avec ses yeux chargés de drames et d'espoir, personne ne l'attend sur la terre des blancs. La richesse ne se partage pas.

Alors de son Afrique il oeuvrera pour son Afrique, tentera de retenir ces pauvres petits gars pleins de rêves, ces pauvres gamines pleines d'attente, leur assénant que R-I-E-N ne les attend là-bas.
Qu'Elles et Ils ne seront que chair à violer, chair à torturer, chair à bafouer sur le trajet de l'exil.

Pourtant, de son Afrique, il ne cesse de nous dire pourquoi? Pourquoi Elles et Ils continuent de partir? Entre choisir de mourir immobile et mourir en mouvement, Elles et Ils, plein d'espérance et de tristesse, s'exilent vers l'abondance.

Lireles lumières d'Oujda c'est être percuté.
Percutée par le récit de cet exil sans fin de l'Afrique pauvre et violente, vers l'Europe riche et arrogante.
Percutée par la langue de Marc Alexandre Oho Bambe qui n'écrit pas comme tout le monde. Il a cette langue bien à lui, cette narration qui slame.

Même un esprit réfractaire (je me soigne) à la poésie comme le mien a réussi à se laisser porter. C'est aussi ça la littérature: rencontrer des auteurs qui changent la donne.

Et puis il y a l'amour. Avec Marc Alexandre Oho Bambe c'est un incontournable. Je vous assure qu'en tant que femme, on aimerait être aimée comme les personnages de MAOB aiment. Il aime sa grand-mère Sita, mais il aime aussi Imane qu'il a rencontré à Oujda, dans un lieu minuscule de cette immense Afrique où quelques lumières attirent ces exilés brisés.

Si vous n'avez pas lu Marc Alexandre Oho Bambe, lisez-le. Bien sûr, la barre était très très haute avec "Diên Biên Phù" qui est l'un des plus beaux romans que j'ai lus, mais "Les lumières d'Oujda" est fort et poignant.
Lien : https://carpentersracontent...
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Après son arrivée à Lampedusa, il vivote à Rome. Y rencontre l'amour avant d'être arrêté, emprisonné pour trois ans puis reconduit au Cameroun, son pays d'origine. Il, est le narrateur de ce roman documentaire. Nous ne connaîtrons pas son nom.
A Douala, il retrouve sa grand-mère, un peu honteux d'avoir raté ce voyage pour lequel elle lui avait donné toutes ses économies. Mais Sita le félicite d'être en vie et de ses conseils avisés l'aide à faire face à la violence. On ne peut se construire sans l'autre. le jeune homme s'engage dans une association. Il y prend la parole pour mettre en garde les jeunes contre les dangers de l'immigration. Pour cette mission, il se rend parfois à Oujda chez le Père Antoine, un prêtre français qui accueille de jeunes réfugiés de Guinée, du Mali, du Sénégal…Et y rencontre Imane, une jeune marocaine aux yeux vert émeraude, qui met ses études de droit au service du Père Antoine.
C'est là que le narrateur rencontre et donne la parole à cette jeunesse meurtrie, prête à prendre la route pour trouver un peu de liberté et réaliser leurs rêves. Ils s'appellent Ibra, Yaguine et Fodé. Eux qui rêvent d'écrire, de chanter leur RAP pour réapprendre à parler. A chacun, il pose cette question lancinante : Pourquoi on part? Ce lieu de rencontres créé par le Père Antoine est une bulle d'humanité pour tous ceux qui ont vécu la violence d'un monde qui en manque cruellement.
Dans le cadre de ces associations, le narrateur et Imane vont au Liban, en Grèce et en France visiter les camps de réfugiés. Partout, des membres d'association luttent pour apporter un peu d'humanité dans ces lieux de rétention. A Calais, Imane retrouve sa soeur jumelle qui a choisi de vivre en France et qui donne des cours de français dans ce que l'on appelle la jungle. Et toujours les voix des jeunes comme Rodrigue viennent alimenter cette enquête sur ceux que nous n'appelons pas les migrants mais les fugees, les marcheurs, les rêveurs, les combattants d'espérance.
«  Elles et Ils, Ulysse modernes.
Résistants, résilients magnifiques. »
Dans ce texte de forme hybride, Marc Alexandre Oho Bambe transfigure la violence par la poésie. Sans ignorer les épreuves d'une jeunesse sacrifiée par la mal-gouvernance de « présidents jusqu'à la mort », les traumatismes et séquelles physiques et psychiques des rescapés, l'auteur veut absolument partir en quête d'un reste d'humanité, de la beauté du monde, de la force de l'amour comme celui qui unit le narrateur et Imane. Les personnages magnifiques, transcendants, le rythme des mots, la beauté et la force des textes nous emportent, suscitent au fond de nous une intense émotion.
« Ce texte ne changera pas grand-chose, et même rien, au désordre du monde, mais il prend parti.
Pour la beauté. La dignité. La justice.
Il invite à un autre regard, sans prétention.
Point de « question migratoire » ici ni de « migrants ou migrantes », juste un bouquet de mots.
Et, peut-être, d'émotions.
D'orage, d'amour et d'espérance.
Pour dire toute ma solidarité à des enfants, des femmes et des hommes comme nous. »
Je vous conseille ce très beau roman qui rend hommage au travail des associations comme celle d'Oujda qui existe réellement grâce au Père Antoine. Espérons que les lumières d'Oujda fasse d'une utopie quelque chose qui un jour existera vraiment.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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