Dans le Tassili, j'ai vu des gravures rupestres remontant à l'époque où, sur des barques en roseaux, les habitants du Sahara chassaient des chevaux marins. A Wadi Sura, j'ai vu dans des grottes des fresques représentant des nageurs.
Voilà comment je suis tombé amoureux d'une fille, parce qu'elle m'avait lu une histoire bien précise, tirée d'Hérodote....Les mots, Caravaggio. Ils ont un pouvoir.
L'amour est si petit qu'il peut se déchirer en passant par le chas d'une aiguille.
Elle avait toujours voulu des mots.Elle les aimait, ils l'aidaient à grandir.Les mots lui donnaient lucidité, raison et forme.Moi qui croyais que les mots gauchissaient les émotions comme les bâtons dans l'eau.
Je crois que tu t'en fiches qu'il y ait eu quelque chose entre nous. Tu passes, tu glisses avec ta peur, ta haine de la propriété, de posséder, d'être possédé, d'être nommé.Tu t'imagines que c'est une vertu. Moi, je te trouve inhumain.
Méfie-toi de la tristesse.La tristesse est très proche de la haine.Permets-moi de te le dire.J'ai appris ça. Si tu avales le poison de quelqu'un dans l'espoir de le guérir, en le partageant avec lui, tu ne feras que le garder en toi.
Hana est assise près de son lit, elle marche à côté comme un écuyer.
P114
Ne tremble pas, il faut que tu sois pour moi un lit immobile, laisse-moi me pelotonner comme si tu étais un bon grand-père que je pouvais serrer dans mes bras. Je l'aime, le mot pelotonner, un mot si lent, qu'on ne saurait le bousculer...
P25
Elle gratte une allumette dans le couloir sombre. La lumière s'élève jusqu'à ses épaules. Elle est à genoux. Les mains sur les cuisses, elle inhale l'odeur du soufre. Elle s'imagine qu'elle inspire aussi la lumière.
P22
Elle commença le récit, sachant déjà qu'elle émergerait plus tard de ce livre avec l'impression d'une plongée dans la vie des autres êtres, dans des intrigues qui remontaient jusqu'à vingt ans en arrière ; son corps serait rempli de phrases et d'instants, comme si elle s'éveillait, lourde de rêves dont elle ne pouvait se souvenir.