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Critique de Fortuna


Dans ce 4ème volume de la "Contre-histoire de la philosophie", nous abordons maintenant le siècle des Lumières. Mais là encore ce ne sont pas les philosophes les plus connus - Voltaire, Diderot, Kant, Rousseau... - qui ont véritablement remis en question la société de leur époque, religieuse et monarchiste. Seuls les "ultras des Lumières" vont prôner l'athéisme, le matérialisme, l'hédonisme et la révolution.

Le premier, Jean Meslier est un curé le jour et l'auteur la nuit d'une oeuvre qui critique radicalement le Christianisme : Dieu n'existe pas, Jésus est un fou, l'Eglise chrétienne n'est qu'une secte, ses dogmes et ses sacrements ne sont que des absurdités. La religion est un instrument de pouvoir qui sert à assouvir les peuples. Meslier est contre le célibat, pour une société basée sur la justice, contre les pouvoirs religieux et la royauté, pour un accès au bonheur de tous par la mise en commun des biens.

D'Holbach lui aussi sapera les bases de la religion chrétienne en se lançant dans une analyse des textes sacrés et une critique des préceptes religieux. Tous les hommes doivent être éduqués, donc éclairés, tous doivent pouvoir accéder à la propriété. L'athéisme, né de l'intelligence, rend l'homme vertueux contrairement aux préjugés.

Helvétius, fermier général humain "ne tient pas l'argent en estime, n'a pas le culte des profits, et distribue ses deniers." Il condamne le fanatisme religieux, il est déiste, sensualiste, empiriste, hédoniste et utilitariste également. Il dénonce la misère, la concentration de la richesse dans les mains d'une minorité et déclare que c'est contraire au bien de la nation. Il faut changer les choses par des réformes - abandonner la monarchie au profit du fédéralisme de petites républiques - et ce grâce à l'éducation.

Enfin pour La Mettrie, l'homme est une machine dont le cerveau est le siège de l'âme. Médecin et philosophe, ses connaissances scientifiques et médicales l'amènent à une vision matérialiste du monde. La mort n'est que néant.

A l'époque, beaucoup de philosophes se retrouvent à la cour de Frédéric II de Prusse, roi homosexuel et cultivé, dont la Mettrie, Helvetius et Maupertuis.
Ce dernier peut être considéré comme le fondateur de l'utilitarisme français. le plaisir et le déplaisir, le bonheur et le malheur se mesurent et ces données permettent de viser le maximum de biens pour le plus grand nombre. Scientifique également, il a entrepris une expédition en Laponie pour vérifier l'hypothèse de Newton sur les pôles. Il étudie également l'anatomie, croit en un libre arbitre et se dit chrétien, chrétien hédoniste. Tout en affirmant : "Tout ce qu'il faut faire dans cette vie pour y trouver le plus grand bonheur dont notre nature soit capable, est sans doute cela même qui doit nous conduire au bonheur éternel."

La dernière partie est consacrée à Sade. Onfray nous montre que loin d'être un homme éclairé et anticonformiste, c'est un féodal fasciste, qui défend les privilèges de la noblesse pour pouvoir satisfaire ses instincts les plus "sadiques" sur de pauvres filles du peuple. Loin d'être un génie, c'est un malade qui ne peut jouir que grâce à la souffrance - la sienne ou celle d'autrui. Ce n'est pas à cause de ses idées qu'il fut emprisonné mais pour ses moeurs et il échappa à la peine de mort grâce aux protections dont il bénéficiait.

Si j'avais été un peu déçue par le tome précédent, j'ai été à nouveau passionnée par celui-ci. On y retrouve la plume mordante de Michel Onfray qui a le mérite de nous présenter une philosophie à contre-courant à travers les oeuvres de philosophes dont la pensée critique reste totalement d'actualité.
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