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Critique de oiseaulire


En opposition avec "Rêver debout" de Lydie Salvayre, le livre d'Onfray démasque un don Quicotte non pas menteur mais mythomane, ce qui est plus grave, puisque le menteur sait qu'il ment, mais se réfère au même monde que nous, tandis que le mythomane est passé "de l'autre côté du miroir". le mythomane déraisonne, mieux : il délire.

Don Quichotte est un grand dénégateur pour qui l'idée du réel prime le réel : si le réel ne lui convient pas, c'est le réel qui a tort et lui qui a raison.

Ne nous moquons pas : la situation est grave, car le personnage est persuasif et capable d'entraîner son semblable, quoique subordonné, dans de périlleuses aventures : témoin l'excellent Sancho Pança, qui croit d'abord au mirage des promesses de l'île enchantée, mais que rattrape bientôt son bon sens.

Onfray, avec son efficacité et son brio coutumiers, a examiné le mythe de don Quichotte dans la continuité de sa "contre-histoire de la littérature" : il dénonce la persistance sans faille d'une tradition où ce dernier incarne un héros positif. Don Quichotte est certes un personnage idéaliste et intègre. Mais il modifie la réalité pour la rendre conforme aux romans de chevalerie : c'est un croisé de l'autre monde (un chevalier de l'apocalypse ? cette dernière hypothèse n'est pas d'Onfray, mais de moi, victime à mon tour du cyclone imaginatif qui emporte tout).

Et de souligner (Michel Onfray, pas moi...) qu'il est significatif que le philosophe et théologien Joseph Ratzinger le tienne serré contre son coeur tout comme une image christique : le Quichotte est le porte-voix de l'ancien monde et des valeurs en perte de vitesse du christianisme ( en 1605 déjà !). Bref, sous des dehors déjantés, il incarne l'ancienne tradition de l'ordre politique, social et religieux.

Gare au déni qui nous fait prendre parfois les moulins à vent pour des géants et …. "les messies pour des gens ternes." (Michel Vivoux)
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