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J'aime Onfray et son côté pamphlétaire et pourfendeur des illusions ou de pseudo-vérités qu'il n'est toujours pas aujourd'hui politiquement correct de remettre en question.

Il débute par cet ouvrage une contre-histoire de la littérature, ce qui rappelle sa contre-histoire de la philosophie. Et il commence la série de manière non chronologique avec Cervantes et son Don Quichotte, encore un maître de l'illusion.

Mais je ne me suis pas sentie emportée par le propos comme j'ai pu l'être pour la philosophie. J'avais plus l'impression de lire une critique littéraire somme toute assez banale sur l'oeuvre espagnole et n'en suis pas ressortie époustouflée.
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En opposition avec "Rêver debout" de Lydie Salvayre, le livre d'Onfray démasque un don Quicotte non pas menteur mais mythomane, ce qui est plus grave, puisque le menteur sait qu'il ment, mais se réfère au même monde que nous, tandis que le mythomane est passé "de l'autre côté du miroir". le mythomane déraisonne, mieux : il délire.

Don Quichotte est un grand dénégateur pour qui l'idée du réel prime le réel : si le réel ne lui convient pas, c'est le réel qui a tort et lui qui a raison.

Ne nous moquons pas : la situation est grave, car le personnage est persuasif et capable d'entraîner son semblable, quoique subordonné, dans de périlleuses aventures : témoin l'excellent Sancho Pança, qui croit d'abord au mirage des promesses de l'île enchantée, mais que rattrape bientôt son bon sens.

Onfray, avec son efficacité et son brio coutumiers, a examiné le mythe de don Quichotte dans la continuité de sa "contre-histoire de la littérature" : il dénonce la persistance sans faille d'une tradition où ce dernier incarne un héros positif. Don Quichotte est certes un personnage idéaliste et intègre. Mais il modifie la réalité pour la rendre conforme aux romans de chevalerie : c'est un croisé de l'autre monde (un chevalier de l'apocalypse ? cette dernière hypothèse n'est pas d'Onfray, mais de moi, victime à mon tour du cyclone imaginatif qui emporte tout).

Et de souligner (Michel Onfray, pas moi...) qu'il est significatif que le philosophe et théologien Joseph Ratzinger le tienne serré contre son coeur tout comme une image christique : le Quichotte est le porte-voix de l'ancien monde et des valeurs en perte de vitesse du christianisme ( en 1605 déjà !). Bref, sous des dehors déjantés, il incarne l'ancienne tradition de l'ordre politique, social et religieux.

Gare au déni qui nous fait prendre parfois les moulins à vent pour des géants et …. "les messies pour des gens ternes." (Michel Vivoux)
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Michel Onfray est un génie.
Ce livre est un chef d'oeuvre,comme l'est aussi le livre de Cervantès.
A peine que j'ai lu les premiers chapitres,j'ai dû interrompre ma lecture pour lire le premier Tome du livre de Cervantès,afin de vérifier l'analyse de Michel Onfray.
L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche est juste magistral,l'auteur est d'une subtilité remarquable.
ll brouille très bien les pistes comme le fait bien remarquer M.O.
A titre d'exemple,je découvre par exemple ceci :
"L'orientaliste don José Conde a récemment découvert la signification
du nom de ce More, auteur supposé du Don Quichotte. Ben-Engéli
est un composé arabe dont la racine, iggel ou eggel, veut dire cerf,
comme Cervantès est un composé espagnol dont la racine est ciervo.
Engéli est l'adjectif arabe correspondant aux adjectifs espagnols cerval
ou cervanteño. Cervantès, longtemps captif parmi les Mores d'Alger,
dont il avait appris quelque peu la langue, a donc caché son nom sous un
homonyme arabe."
En brouillant ainsi les pistes,il en profite pour passer des messages.
J'ai pris un tel plaisir à lire ce livre de M.O en même temps que celui de Cervantès,pour valider avec l'auteur que Don Quichotte est le prototype du croyant,en l'occurrence du croyant chrétien,et Cervantès consacre mille pages à rosser ce catholique exalté...
Magistral....


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Peu au fait de « Don Quichotte » de Cervantès, mais stimulée par les escapades de Michel Onfray en littérature, j'ai hardiment fouillé les rayons de la médiathèque à la recherche de ce volume.

Passé une petite mise à niveau sur le roman – livre destiné à être lu à des gens qui ne savent pas lire, hors des circuits institutionnels, Michel Onfray ne peut que s'y retrouver ! -et une délicate pique papale, Michel Onfray entre au coeur du sujet autour de la page 39. Son analyse du mécanisme de la dénégation est remarquable. Mon expérience directe de personnes en étant atteintes m'ont fait pleinement goûter à la chose décrite – et elle est redoutable ! Il est bien difficile d'y faire face avec intégrité.

« le dénégateur change plus volontiers de réel que de jugement. » (47)

Michel Onfray, qui y a également goûté de plain-pied, décortique, met des mots, avec une grande justesse.

« le dénégateur meurt à la raison, il renonce à son cerveau pour donner les pleins pouvoirs au reptile en lui. » (163)

La paresse qu'est la dénégation, si l'on y regarde bien, se faufile dans beaucoup de nos interactions sociales, à des degrés divers. Nous n'en sommes jamais exempts nous-mêmes…

« le réel tue quiconque l'affronte vraiment en face. L'illusion permet d'éviter la mauvaise rencontre qu'est toujours ce qui est. » (191)

Voilà tout l'objet de la méditation de pleine conscience…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Ce livre fait partie d'une série de six volumes où Michel Onfray propose une lecture philosophique de quelques chefs-d'oeuvre de la littérature européenne. J'ai commencé par lire le numéro 3 : XIIe siècle : Cervantes et Don Quichotte.
A moi, de rechercher les autres dans ma bibliothèque car j'ai beaucoup aimé ce que l'auteur nous a dit de cette oeuvre majeure et aussi ce qui n'aurait pas encore été dit !
Il met dans son texte beaucoup de citations de l'oeuvre. Quant il dit (p. 27) que Cervantes raconte un autodafé. "Brûler les livres qu'on estime dangereux pour la fiction qu'on défend", cela m'a incitée à relire : "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury. Cela renverse l"assertion "Autres temps, autres moeurs" en "Autres temps, moeurs identiques !"
Un concept intéressant pour penser l'universel.
J'ai autrefois lu et apprécié l'oeuvre foisonnante de Cervantes et là, je la comprends d'autant mieux que Michel Onfray nous la décortique et en quelque sorte la rajeunit car il nous la rend actuelle dans ses délires, ses mises en abîme et ses jeux de miroir. Intéressant !
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Voici un livre qui n'est pas à la portée de tous. Il intéressera les étudiants en littérature, philosophie, professeur ou un public averti et cultivé ! Il vaut mieux avoir une bonne culture littéraire pour aborder cet ouvrage et un dictionnaire à proximité. Vous croiserez des notions telles que le nihilisme, l'épicurisme, l'ontologie... sans oublier la dénégation. Un bon décrassage des neurones en vue !
Si vous êtes motivé pour aller au bout du livre vous vous rendrez compte que Don Quichotte est un monument de la littérature incontournable.
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Michel Onfray, dans ce “petit” livre par sa dimension matérielle, nous parle d'un “grand-mal” ; un mal qui touche l'espèce humaine depuis “des lustres” ! Un mal identitaire dualiste : la pensée de ce que nous serions, véritable “croyance” en la projection de ce que nous incarnerions, et en face notre réalité au quotidien, humaine, avec nos difficultés et des qualités aussi, la simplicité de notre état manifesté éphémère, la Vie, notre vie, si humble soit-elle, qui a sa valeur intrinsèque, ou socialement “brillante”.
Et voilà, le “donquichottisme” sociétal s'en mêle, et nous parle de “La chevauchée fantastique dans le cosmos sur place”, le héros qui « ne voit pas ce qu'il a vu ; et à qui il n'est point arrivé ce qui lui est arrivé » !
L’œuvre de Cervantès nous est ici présentée, voire mise en lumière et paradoxalement sous un jour assez sombre, dépeignant avec un humour grinçant l'épopée du couple picaresque. Peinture pathétique de la “folie ordinaire” qui guette l'humain tout au long de sa vie, s'il ne prend pas garde à la réalité de sa condition vulnérable ayant juste la permission d'être ce qu'il est dans son essentialité, le temps que durera sa structure biologique...
Nous retrouvons en écho, là ou Onfray pointe du doigt cette pathologie humaine lancinante, des références de P. Bourdieu* ainsi que Jack Kornfield **, ou encore Boris Cvrulnik*** .
La dénégation vécue en groupe ou collectivement devient du négationnisme réprouvée dans nos contrées, c'est dire son danger potentiel, le philosophe ici est dans son rôle de rendre compte d'une œuvre de référence en nos cultures, mais tout aussi bien exportable et d'intérêt global.
Cela se lit cependant avec aisance, comme le flot naturel d'un cours d'eau... nous renvoyant à nous-même, en notre humanité...
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*Raisons pratiques. Sur la théorie de l'action, Seuil, Paris, 1994, p. 209
et Cécile Campergue :
http://www.babelio.com/auteur/Cecile-Campergue/326064/citations/721587
** « Après l’extase, la lessive. », p.189/90 : « Les idéaux ne sont pas des réalités »
http://www.babelio.com/livres/Kornfield-Apres-lextase-la-lessive/298816/citations?tri=dt
*** « Autobiographie d'un épouvantail », en particulier au chapitre, “Au bonheur des pervertis” :
http://www.babelio.com/livres/Cyrulnik-Autobiographie-dun-epouvantail/232488/citations?pageN=3&tri=dt
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Après s'être attaqué à la contre histoire de la philosophie, Michel Onfray entreprend avec ce livre un nouveau cycle sur une contre histoire de la littérature. le titre est (semble-t-il) une facilité commerciale, car il ne s'agit pas réellement d'une contre histoire, mais plutôt d'une analyse détaillée de l'oeuvre maîtresse de Cervantès à savoir Don Quichotte. Un livre que personne n'a lu et dont tout le monde parle pour reprendre les propos de Michel Onfray. Toujours est-il que même ceux qui n'ont pas lu Don Quichotte peuvent lire cette analyse extrêmement intéressante. le style linguistique de l'auteur est très accessible, les phrases sont simples, détaillées, mais toujours riches de propos… Que dit exactement Michel Onfray ? Simplement, que le réel pour Don Quichotte n'a pas eu lieu. Ce dernier décide de prendre ses rêves pour la réalité, il est l'homme du déni, celui qui refuse naïvement de voir le monde tel qu'il est. À travers son analyse, Michel Onfray explique en quoi le livre de Cervantès est aussi une critique virulente de l'Église catholique. Lorsque l'on sait que Don Quichotte est le livre préféré de l'ancien pape Benoît XVI, on est dans le droit de se demander si lui aussi vit dans le déni…
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ce livre est important à lire car il représente une véritable remise en question de la question u réel
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