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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une kyrielle de mots et d'expressions viennent  à l'esprit suite à la lecture du roman d'Alberto Ongaro La Taverne du doge Loredan.
Pouvoir de l'imaginaire, mise en abîme, histoire à tiroirs, fiction ou réalité,  récit d'aventures .
En tout cas c'est un roman ludique, jouissif ( au propre comme au figuré ) labyrinthique.
Il faut juste accepter de se laisser emporter.
L'histoire se situe à trois niveaux.
Un premier niveau nous amène à  Venise dans la deuxième moitié du 20ème siècle bien que rien ne soit mentionné explicitement.
Schultz éditeur,ancien capitaine de marine découvre au sommet d'une armoire un vieux livre broché dont la couverture très abîmée ne permet pas de distinguer un titre.
Schultz va commencer la lecture de ce livre.
C'est le deuxième niveau.
Nous sommes projetés  au début du 19eme siècle  entre Londres et Venise sur les pas de Jacob Flint jeune homme romanesque ayant tué lors d'un duel et devant fuir l'Angleterre. Durant cette fuite il rencontrera Nina , patronne de la Taverne du doge Loredan et l'amant de celle ci, l'étrange Fielding.
La a lecture de ce livre sera le fil conducteur du roman , sachant que dans ce livre broché, certaines pages sont restées blanches ou manquent.
Et c'est là qu'est le troisième niveau,  celui de l'imaginaire, de la fiction.
Pendant tout le temps du roman nous serons avec Schultz dans la lecture du livre mais aussi avec les réactions de Schultz, fasciné par les étranges affinités  qu'il se découvre avec Jacb Flint,  héros de papier. Et puis ces pages blanches ou manquantes qui permettent à Schultz d'inventer une partie de l'histoire.
Cette mise en abîme est phénoménale et nous dit beaucoup sur la création, la fiction, l'écrivain, le personnage principal
Peut on envisager des ponts entre des époques,  des personnages ?
La fiction est elle réalité ?
Jusqu'à quel niveau les personnages , l'écrivain sont ils interchangeables et liés à o'histoire que nous lisons.
Nous sommes dans une histoire à tiroirs ou devant des poupées gigognes.
Nous lisons le roman du roman et en plus celui ci à des pages blanches pour que l'on puisse écrire notre propre fiction.
Ludique!
Le talent de raconteur d'histoires et d'aventures d'Alberto Ongaro ajoute un souffle romanesque aux aventures de Jacob Flint et de Nina.
Je vous laisse découvrir Dick,  Severino ou encore les métaphores !
Voilà un roman enlevé qui de plus fait réfléchir sur la fiction, la réalité, le pouvoir de l'imaginaire.
Un bon concentré de grand moment de lecture!
Lien : https://auxventsdesmots.word..
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La taverne du doge Loredan" est de ces romans dans lesquels on s'engouffre avec délice, pour s'y installer ensuite confortablement, savourant d'avance le plaisir dont les premières pages nous laisse deviner les prémisses.

Schultz a laissé derrière lui une obscure carrière maritime, pour se consacrer à l'édition. Il vit dans un vieux palais vénitien, dont les arcades bordent l'un des nombreux canaux de la ville. Il a pour uniques compagnons Paso Doble, alter ego facétieux et bavard, et une mystérieuse statue de cire revêtue d'un manteau en poils de chameau. Est-ce le farceur Paso Doble qui a dissimulé sur le haut de son armoire cet étrange manuscrit dont la couverture, vide, ne mentionne ni titre ni auteur ?

Avec la lecture dudit manuscrit, l'aventure commence, pour Schultz comme pour le lecteur. Rédigé soi-disant par un certain Jacob Flint, il relate les péripéties vécues au XIXème siècle par ce jeune anglais qui, ayant dû fuir son village après avoir tué en duel le mari de sa maîtresse, s'éprend passionnément de Nina, la superbe et sulfureuse tenancière de la Taverne du doge Loredan... Un amour a priori réciproque mais compliqué à concrétiser : la belle a pour amant l'odieux Fielding, chef du plus important réseau de contrebande anglais, homme certes beau et riche, mais affublé d'une tare rédhibitoire, une odeur pestilentielle qu'il dégage en permanence, suscitant à la fois crainte et répulsion.

Au fil de la lecture, Schultz découvre de troublantes similitudes avec sa propre histoire.

"Certains livres ont quelque chose de diabolique (...). Tout ce que l'on écrit existe quelque part... Ou simultanément avec l'écriture ou avant ou après... C'est pourquoi parfois on trouve des livres auxquels on s'identifie aussi profondément... L'écriture est un fait magique ou devrait l'être... Qui peut exclure que celui qui a écrit le livre que tu lis a au moins en rêve glissé du siècle passé jusqu'à toi en capturant cette parcelle du futur dont tu fais partie ?"

Comme lui, c'est avec avidité que nous nous immergeons dans l'histoire de Jacob Flint, dont les descriptions minutieuses et imagées nous transporte à ses côtés, qu'il joue du clavecin au coeur de la taverne bruyante et enfumée, ou qu'il erre dans les rues d'une Venise désertée, car empuantie par l'odeur de Fielding... Les personnages, même secondaires, sont toujours affublés de caractéristiques qui les rendent palpables, ancrés dans le récit. Les épisodes picaresques alternent avec des scènes d'amour torrides voire parfois grivoises (mais jamais vulgaires), le tout étant nimbé d'une atmopshère inquiètante et mystérieuse qui flirte avec le surnaturel.

"La taverne du doge Loredan" est un récit de faux-semblants, de masques, dont certains tombent et d'autres non, une sorte de gigantesque jeu de pistes libéré de ces vulgaires et futiles contraintes que sont le temps ou la réalité.

Doublement impliqué, le lecteur suit à la fois les aventures du jeune Flint, et la progression de la lecture de Schultz, entrecoupée d'échanges souvent piquants avec son alter ego ou de coups de téléphone incongrus, l'absence de certaines pages -ou les non-dits volontaires- l'obligeant parfois à combler les manques du récit.

"Une page non écrite, une scène qui n'est pas racontée et qui pourtant est là, même si elle n'est pas racontée, dans les espaces de ce livre. C'est cela qui le fascine et qui d'une certaine façon l'émeut même si des tentations d'autres émotions plus anciennes cherchent confusément à remonter à la surface. (...) La lecture s'articule en lui, grandit, se ramifie comme une plante, avance comme un voilier dans les espaces de son esprit".

Alberto Ongaro nous livre une belle déclaration d'amour à la littérature, exprimée avec la volonté de divertir et de passionner, un théâtre englobant plusieurs perspectives qui s'imbriquent les unes dans les autres, sans jamais toutefois perdre le lecteur. Un récit habile, intelligent, et absolument réjouissant.

A lire... évidemment !

Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Une mise en abîme du roman d'aventures...

Curiosité de libraire en parcourant le catalogue Anacharsis, recommandation appuyée d'une amie lectrice avisée : et voici un étonnant roman d'Alberto Ongaro, auteur vénitien bien connu des Italiens, mais relativement discret en France.

Double plaisir et tour de force qui mêle un véritable roman d'aventures du XIXème siècle "à la Stevenson", avec force amours passionnées, duels épiques, poursuites endiablées dans toute l'Europe, corbeaux énigmatiques... et, étroitement entrelacée au point d'en devenir un véritable abîme, une réflexion toute contemporaine sur l'écrivain, le personnage, la réalité, la fiction...

"Ici l'histoire bifurque en prenant deux directions différentes, l'une vers la prison de Tothill Fields, l'autre vers l'hôtel qui donne sur les Kensington Gardens où Nina est descendue quelques minutes la dernière fois que nous l'avons vue. Schultz fait signe à un landau qui au milieu des flaques avance vers lui trop lentement pour avoir un passager à bord. La lenteur avec laquelle ces voitures de louage avancent équivaut en effet à la lumière allumée à l'avant des taxis modernes. Schultz a peut-être déjà fait son choix en se libérant d'un devoir pénible. le cocher touche son chapeau en guise de salut. À la prison de Tothill Fields, dit Schultz en montant à bord. Au fond, en y repensant, sa décision est la plus juste. Dans une histoire les personnages secondaires, bien que non privés d'intérêt comme est le moine au fond, doivent être expédiés avant les personnages principaux à qui reviennent de droit les dernières pages, les mots de conclusion."

Une curieuse parenté, ainsi, toutes proportions gardées mais avec le même humour irrévérencieux, avec le film "Les cadavres ne portent pas de costard"... et qui donne bien envie d'explorer davantage les écrits de ce vrai-faux gentleman vénitien..
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Avez-vous déjà lu un livre en vous disant que vous ressemblez beaucoup au personnage principal ? Prenez garde, car si c'est le cas peut-être que vous êtes déjà le protagoniste d'une histoire sans le savoir.

La taverne de Doge Loredan n'est pas une histoire mais plusieurs histoires, d'ailleurs laquelle véritablement ? Nous ne sommes sûrs de rien. Tout d'abord nous suivons Schultz, un éditeur typographe et ancien capitaine de marine vivant dans un petit palais à Venise en compagnie de son associé Paso Doble. Un jour Schultz trouve un livre étrange en haut de son armoire et dont ni lui, ni son coéquipier, ne connaissent l'existence. Pourtant le contenu du livre semble étrangement prendre part dans la vie réelle de Schultz. le typographe commence alors une nuit de lecture intense où s'entremêlent plusieurs récits : celui de Schultz, celui de Jacob et finalement celui de l'auteur ? En effet nous suivons en premier lieu l'histoire de Schultz et de Paso Doble qui lisent le livre. Cependant cette lecture fait partie intégrante du livre (que nous avons entre les mains) et nous prenons connaissance, à mesure que Schultz lit, des aventures de Jacob.

Jacob est un jeune homme qui arrive à Londres après avoir tué, lors d'un duel, le mari de la femme avait qui il avait eu des rapports. Dans sa fuite il intègre à Londres un repère de contrebandiers qui se regroupent à la taverne du Doge Loredan. Là il fait la connaissance de Nina, la plus belle femme qu'il ait jamais vue et en tombe instantanément amoureux. Néanmoins celle-ci est déjà prise par le chef des contrebandiers nommé Fielding. Or cet homme possède une particularité étrange : il pue. Mais attention, une puanteur maladive et intenable qui fait fuir le moindre être vivant. Jacob est jaloux, comment un tel homme peut plaire à une si belle femme ? C'est le début d'une longue histoire, d'une recherche incessante de Nina à travers divers territoires géographiques et psychologiques. Enfin c'est aussi une histoire remplie de corbeaux parlant, d'amour, de haine, de réflexions, de métaphores vivantes et effrayantes et de suspens. Et encore, il faut rencontrer la dame avec le manteau en poil de chameau pour mesurer l'intensité du génie de l'auteur.

Il est en réalité difficile de résumer La taverne du Doge Loredan car ce n'est pas un livre comme les autres. Il se construit à partir de plusieurs histoires qui se chevauchent et qui en même temps se superposent. En fait tout le roman forme une immense réflexion sur le thème du personnage. Qu'est-ce qu'un personnage ? Qui est le narrateur de quoi ou de qui ? Quel est le pouvoir de l'éditeur ? Ne sommes-nous pas les personnages d'un narrateur que nous ignorons ? Dans ce livre toutes les barrières explosent, on ne sait plus qui au final raconte quelle histoire et qui maitrise le fil directeur, et c'est cela qui est fascinant. En un sens il s'agit d'un scénario proche d'« inception » mais en version papier et davantage littéraire. C'est pour toutes ces raisons que j'ai vraiment adoré ce livre. Il m'a fait beaucoup réfléchir sur le sens de la vie d'un personnage et finalement peut-être sur notre vie aussi. de plus il est rempli d'humour et de passages virant à l'absurde qui sont absolument géniaux. L'écriture d'Alberto Ongaro fait bien ressortir le côté magique et étrange de plusieurs vies qui se mêlent entre Venise et Londres. Il n'y a sûrement que lui pour inventer des histoires aussi incroyables qui possèdent exactement le goût des rêves au réveil : quelque chose de parfaitement illogique et cependant complètement naturel et envoutant.

Lien : http://www.libfly.com/Defaul..
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