La Fleur du capital

Encore un écrivain français captivé par la capitale planétaire du tourisme sexuel : Pattaya. Jean-Noël Orengo nous gratifie d'un pavé de 750 pages. Agrémenté d'une construction narrative alambiquée (et fastidieuse) et d'incessantes (et gratuites) coquetteries typographiques. Tout ça pour quoi ? Pour enfoncer les stéréotypes les plus éculés. On a droit à l'inévitable, fascinant et impénétrable "katoy" (transsexuel), produit d'appel patenté de la prostitution thaïlandaise. A la déchéance du client européen, engagé dans une double démarche de perdition/rédemption. Au thème ressassé d'un Occident décadent et las, venu par charters entiers se régénérer au contact de la jouvence low-cost extrême-orientale. Etc, etc...Aucune mise en perspective, autre qu'égotiste, de l'économie libidinale mondialisée. Au vu du titre de l'ouvrage, pourtant, on imaginait presque accompagner Samir Amin au pays du sourire. On se retrouve avec un Claude Farrère déluré et prétentieux....Sur le même sujet, mieux vaut lire (ou relire) "Pattaya beach", de Franck Poupart ou, surtout, "Old is Beautiful", de François de Negroni..

Pattaya stade terminal de la misère sexuelle occidentale ? On nous a déjà fait le coup, notamment Houellebecq. Thématique paresseuse et aussi vieille que le voyage exotique. Seul François de Negroni (Old is Beautiful) a su montrer que, dans la "ville-bordel", se dévoilait d'abord un rapport de classe qui renvoie aux pays d'origine et à l'inégalité sociale face aux injonctions du marché du désir. Les élites mondialisées - si promptes à condamner le touriste sexuel - ont d'autres terrains de jeux et d'autres pratiques transgressives.

L'Asie et en particulier la Thailande et Pattaya vu par des amateurs de tourisme sexuel.Malgré un talent certain pour l'écriture, il s'agit là d'une diarrhée scripturale que je n'ai pas pu poursuivre au-delà de 25 % A éviter!

Il est extrêmement rare que j'arrête un livre en cours de lecture, mais cette fois-ci non, pas la peine d'insister, j'arrête à la 210ème pages (sur 930) ... la structure du roman est interessante, les cinq personnages du roman correspondant à 5 actes, découpés en scènes reliées par des intermèdes . Comme si cette ville de Pattaya en Thaïlande était une immense scène de théâtre où tout n'était que masque, posture, costume, travestissement, faux-semblant, tromperie, les acteurs (touristes et filles) étant les spectateurs pas dupes de leur propre jeux. Une écriture difficile, les phrases sont longues, construites avec beaucoup de subordinations qui rend la lecture parfois peu fluide, obligeant à relire (annoner) deux ou trois fois la même phrase pour en comprendre le sens. le style qui cherche à jouer avec les mots, les métaphores, les allégories rend encore plus difficile la compréhension du texte. Finalement, je ne comprenais pas où voulait en venir l'auteur. L'histoire étant très glauque sans beaucoup d'empathie pour les personnes, je n'ai pas du tout accroché à ce roman en m'apercevant que je finissais par lire des mots mécaniquement sans plaisir ni intérêt. Peut-être un livre à reprendre une prochaine fois, lorsque je serai plus en phase et surtout avec plus de temps de lecture pour réellement avoir le temps de se plonger dans cette écriture et dompter ce texte.

Une somme anthologique des clichés sur la Thaïlande, le sexe, le mâle occidental...