Le livre du rien : Quintessence du Zen

Les plus grandes choses ne vous arriveront que lorsque vous ne serez pas là. Et quand on fait quelque chose, on est nécessairement là.
Le sommeil arrive quand vous n’êtes pas là. L’Illumination suit les mêmes règles - elle arrive quand vous n’êtes pas là. Mais si vous agissez, comment pouvez-vous être absents en même temps ? Si vous faites quelque chose, vous êtes là. L’action nourrit l’ego. Quand vous ne faites rien, l’ego ne peut pas être nourri. Il disparaît tout simplement, il meurt, il n’est pas là. Et quand l’ego n’est pas là, la lumière descend.

Souvenez-vous que la première chose que fait un enfant quand il naît, c’est d’inspirer. Et la dernière chose que fait un homme quand il meurt, c’est d’expirer. La vie commence avec l’inspiration et la mort commence avec l’expiration. À chaque instant où vous inspirez, vous naissez à nouveau; à chaque instant où vous expirez, vous mourez, car le souffle est la vie. (...)
La vie est facile quand vous ne décidez pas. Alors, vous savez que l’inspiration et l’expiration ne sont pas deux choses opposées; ce sont deux phases d’un même processus.

Celui qui atteint est celui qui n'essaie pas de réaliser ; qui est simplement heureux où qu'il se trouve, qui connaît simplement la béatitude, quoi qu'il soit. Il n'a pas de but, il ne va nulle part.

Tout comme la fleur se cache dans la graine ; la fleur est le sens de l’arbre. Quand il fleurit, il est extatique, quand il s’épanouit, il chante et il danse. Il est arrivé, il est heureux, il est ravi, plus rien ne lui manque. La fleur est un pur délice ; la danse de l’arbre qui est arrivé.

Vous aimez une personne si elle vous permet de renforcer votre ego. Si elle devient un écran et si elle vous aide à rêver, vous l'aimez. Si elle s'ajuste à vos rêves, vous l'aimez. Vous n'aimez pas une personne si elle ne s'ajuste pas à vos rêves, si elle ne vous permet pas de rêver. Si au contraire, elle vous dérange.

Quoi qu'il arrive, on est prêt, on laisse les choses arriver. Où que la vie aille, on va avec elle. Tout ce qui arrive est bon. Vous ne créez pas de conflit, vous êtes avec. Vous flottez, vous ne nagez pas - vous ne remontez jamais le courant. Vous flottez simplement avec lui, et peu à peu, vous ne savez plus qui est qui, quoi est quoi, qui est le courant et qui est celui qui fait partie du courant. Vous devenez le courant. C'est cela l'illumination.

Si vous n’avez pas d’amour, vous direz qu’il n’y a pas d’amour dans le monde. Si vous avez un coeur qui bat avec amour, vous sentirez ce battement partout, tout autour de vous - dans la brise qui passe à travers les arbres, dans la rivière qui coule vers l’océan. Vous sentirez l’amour partout ; vous serez capables de le sentir. Vous ne pouvez sentir que ce que vous avez vous-mêmes. On ne peut rien sentir d’autre.

Allez-vous asseoir auprès d’une chute d’eau. Vous l’écoutez, mais est-ce que vous interprétez ce que dit la chute d’eau ? Elle ne dit rien… et pourtant elle dit. Elle parle beaucoup, de ce qui ne peut être dit.
Que faites-vous auprès d’une cascade ? Vous écoutez, devenez silencieux, tranquilles, vous absorbez. Vous permettez à la cascade d’entrer de plus en plus profondément en vous. Alors, tout devient silencieux et tranquille à l’intérieur. Vous devenez un temple – l’inconnu pénètre à travers cette cascade.

Ne choisissez pas ! Acceptez la vie telle qu’elle est dans sa totalité. Vous devez regarder la totalité : la vie et la mort ensemble, l’amour et la haine ensemble, le bonheur et le malheur ensemble, l’agonie et l’extase ensemble. Si vous les regardez ensemble, qu’y a-t-il donc à choisir ? Si vous voyez qu’ils ne sont qu’un, comment le choix peut-il intervenir ? Si vous voyez que l’agonie n’est rien d’autre que l’extase, et que l’extase n’est rien d’autre que l’agonie ; si vous voyez que le bonheur n’est rien d’autre que le malheur, que l’amour n’est rien d’autre que la haine, la haine n’est rien d’autre que l’amour - alors que choisir ? Comment choisir ? À ce moment-là, le choix tombe de lui-même.
Vous ne le laissez pas tomber.

Puis la pensée de Bouddha et celle de Lao Tseu se rencontrèrent, l’Inde et la Chine se rencontrèrent, et le Zen vit le jour. Et ce Sosan se trouvait à côté de la source originale au moment où le Zen est sorti de la matrice. Il contient l’essentiel.