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Citations sur En ville (38)

"[...] j'étais persuadé depuis longtemps qu'on est ce qu'on est qu'avec les autres, que sans les autres on n'est rien, qu'on n'a même pas de visage, il suffit de se voir dans une glace pour s'en convaincre, celui-là n'est pas nous, ne nous parle pas, s'éloigne sous ce regard qui n'est plus le nôtre dès lors qu'on le croise."
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Et c’est peut-être d’ailleurs notre groupe qui éclaterait à la fin de ces vacances, peut-être que c’est ce qu’ils veulent c’est ça, me suis-je dit, que tout ça explose et que la page se tourne. Peut-être qu’ils veulent vieillir, me suis-je dit encore, que la vie fiche le camp avec tout le reste, l’amitié et l’amour, ou le semblant de l’amitié et le semblant de l’amour, et le soleil de l’été avec ce qu’il cache en tout cas jusque-là pas question de tenter quoi ce que ce soit qui puisse nous faire avancer ensemble, discuter, s’ouvrir, non.
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Vendredi soir? a suggéré Georges. On était mercredi. Or personne n'avait rien de mieux à faire ce vendredi soir, et j'ai noté une fois de plus que nous étions tous disponibles, peu sollicités par nos autres semblables, que nous sollicitions peu, également, ou que nous étions mis depuis longtemps en position d'éviter.
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En gros, c'était du passé, une sorte de préhistoire où rien n'avait encore de nom, une vie d'avant les livres qui parlent des hommes et des femmes, une vie d'avant les douleurs construites et où toute question se suspendait dans l'attente écervelée de l'avenir.
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C'est précisément parce que j'avais peu connu William, ai-je compris, que sa mort m'atteignait, me l'enlevait d'autant plus en m'interdisant de mieux le connaître et ce que je perdais, notamment, outre ce que j'avais connu de William, c'était ce que j'en avais pas connu et que je n'en connaîtrais jamais, c'était là, dans cette zone hors d'atteinte, que se tenait l'irréparable, et non dans le souvenir que je conservais de lui, dont on sait comment la vie s'accommode, comment de ce qui disparaît elle fait d'abord sa charge, puis son compagnonnage, avant de composer avec l'oubli.
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(...) bien que je lui eusse fait observer qu'être au bord d'être heureuse c'était peut-être être heureuse, déjà, sachant comme le bonheur s'identifie mal, lui avais-je dit, qui gît plus dans l'appréhension qu'on en a que dans la sensation qu'on en retire, laquelle passe si vite qu'on doute de l'avoir éprouvée, qu'on oublie de l'avoir éprouvée, de sorte qu'on imagine qu'on l'éprouvera plus tard, quand elle s'installera suffisamment alors qu'elle ne s'installe pas, que je ne me souvenais pas personnellement de l'avoir jamais vue s'installer.
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On ne se connaît pas tellement, tous les trois, a-t-elle ajouté. On ne s'est jamais beaucoup parlé.
Je ne trouve pas, a dit Georges.
Ca dépend de ce qu'on entend par connaître, ai-je dit courageusement.
Je veux dire qu'on ne sait pas vraiment ce qu'on vit, a dit Louise. Ce que les autres vivent.
Ce n'est pas tout à fait vrai, a dit Georges. Vous êtes au courant pour Christine, par exemple.
Ca c'est les choses saillantes, a dit Louise. Je parlais des choses souterraines.
Par exemple ? a demandé Georges.
L'âge qu'on prend, a répondu Louise, l'idée qu'on se fait de soi, la sorte de chemin qu'on suit..
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Le serveur est arrivé avec le croque-monsieur de Georges et mon croque-madame, et Georges a attaqué son assiette. Je nous ai servi un peu de vin que nous avions également commandé et j'en ai bu une gorgée. Georges a continué de manger sans boire , ni sans ajouter un mot, je me suis senti obligé de le relancer.
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William m’a remercié pour ma visite, il était fatigué. Georges est arrivé au moment où je partais, il était essoufflé. Il s’est assis au bord du lit et a touché le poignet de William. Je n’avais touché le poignet de William. Je n’allais pas non plus le toucher maintenant que Georges l’avait fait, je ne toucherais donc pas le poignet de William ce soir, ni aucun autre soir, ai-je pensé, maintenant que Georges l’a fait je ne pourrai jamais le faire, or maintenant que George l’a fait j’aimerais l’avoir fait. Mais même pas, ai-je pensé.
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Peut-être qu’il composait. Ou alors il allait déjà mieux. Après tout, nous le connaissions peu. Il était peut-être bizarre. En vacances, en tout cas, il avait toujours été normal. Exagérément curieux, sans doute. Et collectionneur. Il ramassait beaucoup de cailloux. Paul l’avait rencontré dans une gare un jour de grève, six mois avant la Corse. Aucun des deux ne partait très loin, en tout cas aucun n’était parti, et, m’avait raconté Paul, après que Georges dans la foule lui eut marché sur un pied, ils avaient parlé de départs, de destinations chaudes. Ils avaient échangé leur téléphone. Paul et Louise avaient un certain nombre d’amis avec qui ils ne s’entendaient pas si bien, qu’en tout cas ils ne supportaient qu’à petites doses, et Georges, avec Christine, s’était joint à eux pour la Corse. Voilà.
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