AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le peuple de mon père (31)

Sur une photographie, je retrouve mon père. Il est dans la cuisine de la maison familiale, en Bretagne. A ses côtés, il y a ma grand-mère qui lui parle. (...) Il est visiblement heureux. Dans la mémoire impeccable de ma grand-mère maternelle, il semble qu'il y a les noms de tous les vivants et de tous les morts. Cette mémoire est une consolation, elle accueille largement au-delà des frontières familiales, les morts égarés sur les rives du Dniestr ou du Bug. Les morts croisent des morts de toute époque .(p. 138)
Commenter  J’apprécie          70
J'ai pris le train pour aller à Paris. Mon père vient toujours me chercher à la gare, il connaît mon angoisse des déplacements, le soulagement que j'ai à le reconnaître sur le quai parmi la foule des voyageurs. Il aime lui aussi qu'on vienne le chercher à la gare. Il est doux qu'un être humain se présente dans ces moments de passage, d'une gare à l'autre. (p. 63)
Commenter  J’apprécie          70
Je suis une petite enfant, j'écoute autour de la table les adultes parler : je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent, je sais que c'est la même langue, mais je ne comprends rien. Je fixe ce moment, ce souvenir linguistique, ces mots qui dessinent des formes de pensée incompréhensibles.
Je me dis : comme ils sont intelligents !
Ils parlent avec des mots français, ce n'est pas une langue étrangère, mais avec ces mots ils dessinent des idées, des théories, un nuage de concepts que je vois. (p. 33)
Commenter  J’apprécie          70
J'ai toujours sacralisé mon père, sans vergogne, avec l'acharnement du disciple, avec la bêtise de Cléanthe, parce qu'il avait un sacré non pas en lui, mais auquel il donnait accès, un au-delà de lui qui aspirait mon attention et la soufflait plus loin, vers un au-delà qui n'était pas religieux, mais qui l'était peut-être un peu, comme est un peu religieuse ou sacrée la beauté du ciel au-delà de la frondaison des arbres.
Commenter  J’apprécie          70
Nous sommes passés d'une situation à une autre, de l'enfance à une autre enfance inversée, en miroir. Cette nouvelle enfance de mon père n'était peut-être qu'un reflet de la mienne face à lui. (p. 150)
Commenter  J’apprécie          60
Chacune des photos qu'il aura prises est une rencontre, qui dégèle tout, même ce que l'amitié institutionnalisée aurait pu rigidifier, à force. chaque visage est un nouveau monde. Une proposition. Une possibilité.
Toutes ces personnes photographiées se prêtent à l'exercice. On voit bien leur bonne volonté face au désir de mon père de les prendre en photo. Ce n'est pas si facile, il y a de la résistance, de la pudeur ou parfois de la gêne sur les visages ou dans les corps, mais ça ne donne que plus de prix à l'acceptation. Et personne ne pose pour la postérité, tout se joue dans l'instant, dans l'improvisation. la vie, maintenant. (p. 249)
Commenter  J’apprécie          60
Les générations suivantes, après la guerre, ont gardé des stigmates de ce qu'avaient vécu leurs parents, leurs voisins, leurs amis, leur peuple. Ce qui a été vécu dans son quartier ou dans sa ville fait trace. Ce qui a été vécu dans une ville où ses aïeux ont fait trace. (p. 104)
Commenter  J’apprécie          30
Il s'ennuyait un peu. Il lisait. Il parlait avec Pierre. Il jouait avec Louise. je préparais à manger. Je ne savais pas toujours quoi dire. Nous profitions de quelque chose d'indéfinissable, d'une disposition commune. L'espace était plein de nous-mêmes, de ce que nous étions finalement devenus. J'avais le sentiment que nous ne ferions jamais mieux. (p. 152)
Commenter  J’apprécie          20
Mon père ne marchait pas avec son père. mais il a marché, beaucoup, avec moi. Et je ne peux distinguer la mécanique de la marche de celle de la pensée: les deux activités se font en compagnie de soi-même. Mais j'imagine que, pour accéder à cette compagnie avec soi-même, il faut avoir été accompagné, enfant, par son père ou par sa mère. (p. 190)
Commenter  J’apprécie          20
J'ai glissé mes gestes dans d'autres gestes, comme si chaque plat prolongeait un repas qui a commencé il y a très longtemps, lorsque j'étais petite, et bien avant, quand nos mères étaient des petites filles et bien avant, lorsque leurs grands-mères manipulaient les chairs de leurs mains gantées de savoir-faire.
Les mains savent mieux que nous. (p. 161)
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (38) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1739 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}