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Citations sur L'eau de toutes parts (18)

Un écrivain, c’est un magasin de mémoires. On écrit en fouillant dans sa mémoire et dans celle des autres, acquises par les plus diverses stratégies d’appropriation. L’écrivain crée un monde à partir de tout cela. “… Construire un monde, cela veut dire construire les ramifications de complicité qui existent entre les personnages qu’on utilise, les citations, les mythes, les références, les lieux symboliques, les lieux de la mémoire”, selon Manuel Vázquez Montalbán…
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La métaphore qui explique peut-être le mieux la conjoncture dans laquelle nombre d’entre nous ont vécu au cours des dernières années, je la dois à mon ami Fernando, auteur de la théorie du septième kilomètre.… Selon lui (il assure que cette découverte est le fruit de profondes méditations), les Cubains se sont lancés dans une course de dix mille mètres et, depuis plusieurs années, nous courons le septième kilomètre. C’est-à-dire que nous sommes arrivés au moment où, plus proches de l’arrivée que du départ, nous avons usé le meilleur de nos forces, mais il nous reste le tronçon le plus dur de la course et, comme le septième kilomètre semble infini, nous ne savons pas si notre énergie sera suffisante pour le dépasser et sentir que nous pouvons arriver à la fin d’un parcours qui, en plus, semble élastique, car le but tend à s’éloigner à chaque fois que nous croyons l’avoir entrevu au loin. “Tous les jours, quand je me réveille, je sens que je suis au septième kilomètre, me dit-il, et, bien que j’ignore si je vais résister, je m’en vais courir de nouveau, mais pas comme cet imbécile de Forrest Gump : je sais pourquoi je cours. Je suis conscient que si je m’arrête, je me mets hors-jeu, et pour vivre avec un minimum de bien-être, je dois rester sur la piste et courir, continuer à courir. Tu sais quoi ? La course finit par devenir une fin en soi et le but n’est plus d’arriver, mais de résister et de continuer à courir.”
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Une ville, c'est aussi ses bruits, ses odeurs et ses couleurs: Jérusalem a la couleur du désert et elle sent les épices. Amos Oz le sait bien. Le son de New-York, c'est la sirène d'une ambulance, d'une voiture de pompiers, d'une voiture de police. John Dos Passos en a souffert, Paul Auster en souffre; Le quartier espagnol de Naples sent le café fumant. Roberto Saviano l'a savouré.
Ma Havane résonne de musique et de bruits de vieilles voitures, elle sent le gaz et la mer, et sa couleur est le bleu.
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Ainsi, Victor Hugues qui avait été chargé d’apporter (aux Antilles) le décret d’abolition de l’esclavage alors récemment signé, est tout aussi capable de lire et d’appliquer la loi qui le rétablit quelques années plus tard. “Selon l’orientation de l’époque, il pouvait se convertir soudain en contrepartie de lui-même” (705), pense Sofia, décrivant ainsi le caractère d’un politique pragmatique, avant d’ajouter : “On a plutôt l’impression que vous avez tous renoncé à poursuivre la Révolution” (705), ce à quoi Victor répond en utilisant les paroles de Napoléon : “Nous avons terminé le roman de la Révolution, il nous faut à présent commencer son histoire et envisager uniquement ce qui est réel et possible dans l’application de ses principes […]. Je suis un politique. Et si rétablir l’esclavage est une nécessité politique, je dois m’incliner devant elle…” (705).
Alejo Carpentier (Le siècle des Lumiéres )
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…marcher le soir sur le Malecón, m’asseoir sur son mur, tourné vers la ville pour observer la vie ou tourné vers la mer pour me voir moi-même,…
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Mais la vie quotidienne des Cubains est un assemblage si complexe, elle est si pleine de singularités et d’incongruités que la presse internationale qui tente de la cerner n’arrive que rarement à effleurer son intériorité dramatique, entre autres raisons parce que même nous, les Cubains qui vivons cette réalité jour après jour, nous avons aussi du mal à trouver certaines réponses. Un exemple ?….. On dit officiellement qu’à Cuba il n’y a pas de chômage, plus encore, que le pays peut se vanter de connaître ce qu’on appelle le “plein emploi”. Aujourd’hui, alors que je tentais de donner forme à ces considérations, j’ai dû me rendre à la buvette du quartier, une de celles qu’on appelle “Rápidos”. Il était à peine onze heures du matin et, comme cela arrive souvent dans le Rápido en question, plus de dix personnes buvaient des bières (à un peso convertible cubain, quelque chose comme un dollar vingt) en écoutant un reggaeton tonitruant. Pendant ce temps, à l’extérieur, on aurait dit qu’il y avait une manifestation : des gens achetaient des légumes aux vendeurs de rue, il y avait la queue au “shopping” (magasin qui ne vend que des produits en devises) car c’est bientôt la fête des pères, plusieurs personnes attendaient des taxis collectifs à dix pesos cubains (un demi-dollar) le trajet, des individus déplaisants mais souriants bavardaient près du mur de l’église ou à l’ombre d’un flamboyant. Où travaillent tous ces gens ? D’où sortent-ils l’argent pour acheter ce qui est nécessaire et même ce qui est un luxe ? Vivent-ils tous de la débrouillardise, du vol et des magouilles ? Comment un être humain peut-il résister plus d’une minute au volume sonore du reggaeton qui résonne dans le Rápido de mon quartier comme dans tous les Rápidos, boutiques et établissements du pays.
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Car, en reprenant la perception d'un autre écrivain que je respecte, que je m'approprie et que je cite de nouveau : plus qu'à un pays, un romancier appartient à une ville. Une ville qui a une existence matérielle mais aussi, et surtout,un état d'esprit et un réservoir d'histoires personnelles, vécues ou acquises grâce aux lectures et aux confidences.
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Car c’est là, en découvrant que certains de mes camarades d’études écrivaient des nouvelles et des poèmes, qu’en bon pelotero mon esprit de compétition latent me poussa dans cette direction : si les autres écrivaient, pourquoi pas moi ? C’est ainsi, par pur esprit de compétition, que je me suis mis à écrire et que je me suis engagé sur le chemin définitif de ma vie : celui d’un joueur de base-ball frustré devenu écrivain
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Mais dans cette quête d'une autre opportunité (le retour rêvé en Espagne s'avérant impossible), il faut aussi tenir compte des exigences de son épouse mexicaine et communiste, Roquelia Mendoza, qui ne supportait pas le climat, la langue, les carences et les queues de Moscou au milieu d'hostiles matrones russes aux aisselles poilues et nauséabondes.
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Ainsi, dans le domaine visuel comme dans les domaines politique et économique, le pays se soviétisa profondément, dans tous les sens du terme, y compris, bien entendu, dans le secteur de l’information. Ou, pour être plus exact, dans la manipulation de l’information, conçue dans le style institutionnalisé par nos frères soviétiques.
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