Survivant

Nous nous ennuyons tous à mourir.
Nous regardons tous les mêmes programmes télévisés, dit la bouche. Nous entendons tous les mêmes choses à la radio, nous nous répétons les uns aux autres les mêmes bavardages. Il n'y a plus de surprise. Il n'y a juste qu'un peu plus de pareil au même. Des rediffusions.
Nous avons tous grandi avec les mêmes programmes de télévision. C'est comme si nous avions tous les mêmes implants de mémoire artificielle. Nous ne nous souvenons de pratiquement rien de notre enfance véritable, mais nous avons un souvenir exact de tout ce qui est arrivé aux familles des sitcoms.
Nous avons tous les mêmes buts fondamentaux, les mêmes craintes.
L'avenir n'est pas très brillant. Très bientôt, nous aurons tous les mêmes pensées au même moment. Nous serons parfaitement à l'unisson. Synchronisés. Unis. Egaux. Exacts. A la manière des fourmis. Insectes dans l'âme. Des moutons.

Ca, c'est le poisson numéro 641 d'une vie entière avec poissons rouges. Mes parents m'ont offert le premier de la série pour m'apprendre à m'occuper d'une autre créature de Dieu, vivante et respirante et a l'aimer. Six cent quarante poissons plus tard, la seule chose que je sache, c'est que tout ce que vous aimez finit par mourir. La première fois que vous rencontrez ce quelqu'un de si spécial, vous pouvez être sur qu'un jour, ce quelq'un mourra et finira sous terre.

Vous vous rendez compte que les gens prennent de la drogue parce que c’est la seule aventure personnelle qui leur reste dans leur petit monde de loi et d’ordre, tellement limité en temps, entièrement obnubilé par la propriété individuelle omniprésente.

C’est uniquement dans la drogue et la mort que nous verrons un tant soit peu de neuf, et la mort maîtrise bien trop l’individu.

Les gens n'aiment pas qu'on remette de l'ordre dans leur vie. Personne ne veut voir ses problèmes résolus. Ses drames, ses égarements, ses histoires réglés, sa vie débarrassée de ses merdes. Sinon, que resterait-il à tout un chacun ? Rien que l'inconnu, ce vaste inconnu qui fiche la trouille.

Ma vie n'est qu'un petit morceau de compost qualité enterrement qui pourrira demain et à laquelle ne survivra que mon nom sur une notice nécrologique.

"Ces victimes, elles appellent. Ces Êtres en souffrance chronique. Ils appellent. Ils viennent interrompre mon petit train-train monotone. C'est mieux que la télévision.
Je lui dis; Allez-y. Je suis à moitié réveillé. Il est 3 heures du matin et demain je travaille. Je lui dis: dépêchez vous avant que je me rendorme, appuyez sur la détente. Je lui dis que le monde qui est le nôtre n'est pas d'une beauté telle qu'il doive se sentir obligé d'y rester et de souffrir. Ce monde ne mérite pas du tout le nom de monde."

_" prière pour arrêter de fumer "_

Notre Père des plus saints
Reprends-moi le choix que tu as donné.
Assume tout contrôle de ma volonté et de mes habitudes.
Puisse ta décision être ma manière d'agir.
Puisse jusqu'au moindre de mes manquements être de tes mains.
Et alors, si je fume encore, puissé-je accepter que ma tabagie soit ta volonté.

C'est de la musique papier peint, utilitaire, de la musique comme le Prozac ou le Xanax, destinée à régir ce que vous ressentez. De la musique désodorisant d'atmosphère en aérosol.

À Dieu ne plaise que je ressemble à un de ces cinglés du Midwest qui se sont tous suicidés parce qu'ils ont cru que leur Dieu les rappelait à la maison.
Ma mère, mon père, mon frère Adam, mes sœurs, mes autres frères, ils sont tous morts, morts et enterrés, et tout le monde se moque d'eux, mais moi, je suis vivant.
Il faut que je continue à vivre en ce monde et à m'accommoder des gens.
Et donc, je ris.
Parce qu'il faut bien que je fasse quelque chose, que je fasse du bruit, que je crie, que je hurle, que je pleure, que je jure, que je beugle...je ris.
Tout ça, c'est juste des manières différentes de se libérer.

"Pensez à votre vie comme à une plaisanterie malsaine. [...] La plaisanterie, c'est que nous avons tous droit à la même chute à la fin de notre histoire."