La Renaissance en France, tome 3 : Bretagne

Le principe générateur de tout édifice a été transporté de la base au sommet par l'invention de la voûte. Cette dernière a non seulement une influence considérable sur le plan auquel il est permis de s'arrêter définitivement, mais elle détermine encore la force et l'élévation des points d'appui, comme elle commande en grande partie l'ornementation extérieure. Sous peine de voir son oeuvre compromise, sinon même d'entraîner quelques-uns de ces terribles accidents dont l'histoire a conservé le souvenir, l'architecte se trouve donc obligé de prendre tellement ses précautions que rien, pour ainsi dire, ne soit abandonné au hasard. Outre les règles de la statique, le calcul des poussées, il faut qu'il connaisse mieux que personne le poids et la résistance des matériaux. En un mot, l'homme de goût, l'artiste, doit être en toute occasion doublé du savant et du constructeur.

En résumé, la véritable Bretagne se trouve à l'ouest d'une ligne tracée de Dol à Vannes, en passant par Montfort-sur-Meu et Ploërmel. C'est là que se sont implantés les émigrants des Ve et VIe siècles, qui donnèrent son nouveau nom à la vieille Armorique ; là que nous voyons conservées jusqu'à ce jour des mœurs toutes particulières ; que les costumes changent dans chaque canton ; que la langue, pour ne pas être celle parlée depuis l'Inde, comme le veulent certains enthousiastes, n'en présente pas moins un intérêt philologique de premier ordre. Mais, en dehors de ces limites, rien ne ressemble plus au tableau que nous venons de tracer. Les provinces environnantes se continuent en quelque sorte, et rien n'est plus facile que de confondre avec elles la large zone politiquement unie jadis à l'ancien duché, A Vitré, à Rennes, à Châteaubriant, on se croirait encore dans le Maine, tandis que le pays nantais n'est qu'un Anjou prolongé.