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Critique de colimasson


On commence à le connaître le bon vieux Papini : sa prédilection c'est de faire des portraits de types bancals, du genre qu'on ne penserait même pas à saluer dans son quartier. On aurait bien tort parce que ce sont derrière les visages les plus communs que se cachent les personnalités, les vices et les vies les plus atypiques. Même toi, avec ton air blafard, tu te sens insignifiant ? Attends donc que Papini passe par-là, il saura t'étirer le rictus et toute ta petite vie minable, accumulée en tas par terre, sera rassemblée pour constituer une poterie bizarre qui tient par l'un de ses miracles défiant la gravité.


On ne va pas faire un catalogue de cas. Chacun trouvera dans ce livre un bon copain à se faire. Approchez-vous donc que je vous présente mes nouveaux potes :
- Un étrange ermite qui a lu le Zarathoustra de Nietzsche jusqu'à en perdre pied : « Vous ne devez pas croire que je me suis retiré dans ce désert par dépit ou parce que je dédaigne les hommes. C'est proprement le contraire. Je reste seul parce que j'aime immensément et sincèrement mes semblables et parce que la distance et la solitude les font aimer davantage ».

- Un amoureux des animaux qui propose leur éradication décisive pour ne plus provoquer de souffrances inutiles sur terre : « N'avez-vous pas, vous aussi, la nausée de cette universelle puanteur de viande et de ménagerie, d'abattoir et de saurisserie qui contamine nos régions ? ».

- Un écrivain qui se prépare à une gloire posthume en peaufinant toute sa vie un seul et même texte qu'il fera mûrir jusqu'à sa quintessence : « J'ai choisi la gloire dès le premier jour, celle qui dure, et c'est pour cela que j'ai décidé d'être un écrivain posthume. Et puis, la multiplication des copies par le moyen de l'imprimerie est, pour un artiste qui a le sens de a dignité et du feu sacré, quelque chose de comparable à la prostitution ».


Les autres cas de figure sont intéressants et ne manqueront pas de plaire à d'autres lecteurs en manque de difforme. Entre autres étrangetés, on trouvera une mangeuse de violettes, un nègre blanc ou un bossu magnifique. Même si le côté catalogue épuise vite, comme lorsqu'on surfe trop longtemps sur Meetic, la deuxième partie un peu plus foutraque, sans axe de lecture bien cohérent, vient heureusement prendre la relève. A la limite, on peut imaginer que tous les personnages énigmatiques des chapitres précédents se sont réunis là au coin du feu pour se faire cuire quelques merguez, échangeant des propos vaporeux formés au hasard d'existences cahoteuses. Ca prie pour les imbéciles, ça philosophe sur le sommeil, ça braille des hymnes à l'intelligence et ça console les faibles entre deux conversations plutôt fades sur Léonard de Vinci, Goethe ou Victor Hugo. Comme quoi, Giovanni Papini sait surtout parler des insignifiants tandis que les grands noms tombent dans la fosse aux platitudes.
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