Ce premier roman roman raconte l'histoire d'un joueur de football qui, né à Sevran (93), aurait pu, aurait dû devenir un grand champion. Comme tant d'autres gamins des cités, il côtoie la délinquance, entre caïds et dealers de quartier. Il n'y succombe pas, bien encadré par sa famille berbère marocaine qui le recueille après la mort de son père. Hamed a de la chance finalement : l'horizon s'élargit, repéré pour ses qualités par le père de François, son copain, ex-pro du foot, il rejoint les Auxerrois de
Guy Roux et sa carrière est près de débuter.
Passé du 9-3 aux quartiers nettement plus chics de Saint-Cloud, il s'éloigne des cailleras et côtoie la bonne bourgeoisie de l'ouest parisien, et en particulier la petite Léa, domiciliée au parc de Montretout (voisine des le Pen, donc...) dont il est secrètement amoureux.
Mais peut-on changer la donne quand on est né du mauvais côté du périph ? Peut-on se donner le droit à l'amour, au bonheur et trouver sa place dans un monde dont on n'est pas issu ? Hamed se refuse tout, soi-disant par loyauté vis-à-vis de François qui aime Léa lui aussi. Puis par amour pour Léa qui mérite mieux paraît-il. Puis vis-à-vis de son fils, Louis, qu'il a finalement eu avec Léa. Tout lui est prétexte à ne pas s'accorder le droit d'être heureux.
Les thèmes les plus durs sont abordés dans ce roman bien écrit, rapide et efficace comme un article de journal : le déterminisme social, le problème des banlieues, la criminalité liée aux trafics de drogues, l'inceste, la dureté de la vie en prison et l'inefficacité de l'incarcération, la réinsertion impossible. de quoi voir le monde en noir et rouge.
Heureusement, quelques traits de lumière viennent éclairer le tableau : la joie du sport et en particulier du foot (et pourtant, je ne suis guère passionnée...), l'amour-passion qui unit Léa et Hamed, le joli couple formé par les oncle et tante marocains qui recueillent Hamed, celui, lumineux et tendre de
Jean-Louis, le compagnon de cellule, avec sa femme Christine.
C'est peut-être un peu trop romantique par moments, trop « écrit » pour être plausible sous la plume d'Hamed ou de son oncle, trop « happy end » pour ce qui concerne la plaidoirie de Léa défendant son ex-amour accusé de braquage. Pas toujours très crédible donc, sauf pour l'évocation du pire : les violences en prison, au lycée ou au club de foot.
Au final, un livre qui émeut, pose de vrais problèmes, écrit d'une plume alerte et agréable.