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Critique de Agneslitdansonlit


J'ai eu plaisir à sortir ce roman de la boîte aux lettres, envoi de Babelio dans le cadre de la rencontre prochaine avec l'auteur, Gilles Paris, dont le nom ne m'était pas inconnu puisque j'avais beaucoup aimé "Autobiographie d'une Courgette".

Cette fois-ci, l'auteur nous emporte parmi les îles Éoliennes. Sur celle, volcanique, du Stromboli, au nord de la Sicile.
Si toutes les routes mènent à Rome, Gilles Paris n'y va pas par quatre chemins en accostant à l'isola de Stromboli. Tout comme pour son précédent petit héros, "Courgette", très malmené par la vie, Gilles Paris là encore, va disséquer les existences en ne craignant pas de révéler les parcours difficiles, les scories de chacun, ce qu'il reste après que les épreuves et les malheurs de l'existence aient fait leur oeuvre...

Une île, un lieu que l'on se représente paradisiaque, coupée du continent, comme une parenthèse dans nos habitudes, nos vies bien réglées. Une incartade au soleil où l'on peut se permettre de se détendre et faire des rencontres, au pied de ce volcan placide dont les colères créèrent cependant cet archipel !

Dans ce lieu idyllique si destiné aux vacances et au farniente, l'auteur dresse pourtant une fresque de personnages traînant dans leur sillage des chagrins et des douleurs amassés.

Gilles Paris dépeint des personnages tous pétris de fêlures, de regrets, de chagrins profonds, de deuils et de culpabilité.
Il a pris le parti d'un roman choral, faisant se succéder dans de courts chapitres les nombreux personnages, qui se croisent et interagissent. Mes premiers pas dans le roman ne furent pas évidents, car il faut un peu de temps pour se repérer parmi tous ces protagonistes. Mais la narration, toujours à la 1ère personne, favorise ce sentiment de proximité avec chacun.

Le lieu de l'hôtel est idéal car il permet de faire cohabiter des personnages très dissemblables mais qui gardent pourtant en commun d'être de passage et laissent ainsi l'auteur les saisir dans ce bref temps, comme on fige les expressions sur des visages en déclenchant le clic d'un appareil photo ancien. Certainement pas avec un portable, et sa rafale de prises de vue... Non il y a chez Gilles Paris la volonté de portraitiser chaque protagoniste, de façon presque solennelle, comme on posait devant l'objectif du photographe il y a bien longtemps. Il en tire des clichés, en clair obscur, comme en sépia, faisant la part belle à l'étude des failles de chacun. Il ne faut pas s'attendre à des personnages extrêmement fouillés, le livre aurait été alors très épais, mais cette façon de "croquer" en instantané chaque protagoniste donne du relief au récit et surtout, valorise la structure très intéressante du roman.

En effet, le rythme du roman, qui peut paraître abrupte en début de lecture, du fait du saut permanent d'un personnage à un autre, s'avère très efficace lorsque le récit s'intensifie.
Car vient, avec l'éruption inattendue du Stromboli, le moment nodal du récit où tout bascule. Les protagonistes sont bousculés et se révèlent. Tout comme le Stromboli se dévoile dans sa nature dangereuse et éruptive, faisant remonter à la surface ses laves, projectiles et gaz meurtriers, les personnages se montrent eux aussi plus authentiques. Comme un révélateur sous l'impulsion de sa puissance et de sa violence, le volcan déclenche dans le récit un basculement : ce qui apparaissait comme acquis ne l'est plus, ce qui semblait vérité n'est que duperie. Les parcours de chacun, parallèles, parfois entremêlés, s'éclairent et se réinterprétent sous de nouveaux jours.

Si j'ai pu être un peu décontenancée en début de lecture par cette pléthore de personnages et par ce rythme très saccadé qui ne me permettait pas de les identifier, de les "fixer", j'ai beaucoup apprécié la mise en abîme de ces derniers face à un évènement grave et inattendu. "Le bal des cendres" est un roman prenant qui scelle un lien entre l'auteur et cette île qu'il connait bien.
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