AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de YvesParis


Auteur, sous la direction de Jacques Rupnik d'une thèse de science politique soutenue en 2009 à Sciences Po Paris sur la transition en Ukraine et en Moldavie, Florent Parmentier en livre un résumé dans les limites très contraintes qu'autorise la Bibliothèque du Citoyen. le titre de son petit livre n'est guère compréhensible et son sous-titre ne l'éclaire qu'imparfaitement. L'idée pourtant en est simple : par quels voies les pays du partenariat oriental, et au premier chef l'Ukraine et la Moldavie, cheminent-ils vers l'État de droit ouest-européen ? Son travail s'inscrit donc à la confluence de trois champs : une étude sur la transition démocratique dans la veine des travaux de Dankwart Rustow ou de Guy Hermet, une analyse de la politique extérieure menée par l'Union européenne dans son voisinage et une histoire des « révolutions colorées » traversées par certaines ex-républiques de l'URSS.
La politique européenne de voisinage (PEV) espère transposer aux voisins de l'Europe les recettes utilisées – avec un succès notable – dans les pays d'Europe centrale, orientale et balte admis en 2004 et 2007 dans la famille européenne. D'un point de vue européen, il s'agit « d'exporter la stabilité pour éviter d'importer l'instabilité » (p. 38). Elle participe d'un « optimisme institutionnel » que Gilles Kepel a ironiquement qualifié de « Fukuyamite » : l'idée selon laquelle les modèles de 1789 et 1989 seraient exportable universellement et que toutes les sociétés convergeraient inéluctablement vers le même modèle libéral-démocrate. Florent Parmentier consacre deux des cinq chapitres de son livre à décrire cet optimisme institutionnel et ses insuffisances. En effet, la PEV, même régionalisée en 2009 avec le lancement du partenariat oriental, n'a pas produit les résultats espérés. La « révolution des roses » en Géorgie en 2003, la « révolution orange » en Ukraine en 2004 et la révolution en Moldavie en 1989 n'ont pas conduit à l'avènement de l'État de droit. Florent Parmentier oppose brillamment la révolution comme moment, grâce à laquelle l'alternance est possible, à la révolution comme mouvement qui accouche de formes dégradées de démocraties : « autoritarismes concurrentiels », « démocraties illibérales », démocratures » pour citer quelques concepts forgés pour décrire les régimes de la région.
Ce bilan morose a conduit les tenants de la Fukuyamite a versé dans l'excès inverse, celui de « l'Huntigtonose » : ils expliquent l'échec de ces sociétés par un héritage culturel qui rend impossible la greffe de l'État de droit. Ce « pessimisme culturel » plonge ses racines dans une vieille tradition académique : Montesquieu et sa théorie des climats, Spengler et Toynbee et leur analyse de l'inéluctable déclin des Empires, Huntington et son choc des civilisations …. Il « subordonne l'implantation d'un État de droit à un processus de maturation lié à des contextes spécifiques » (p. 109). Mais ce « pessimisme culturel » n'est pas plus pertinent que « l'optimisme institutionnel » auquel il succède. Que les États issus de l'éclatement de l'URSS peinent à trouver leur voie sur le chemin de l'État de droit ne signifie pas qu'ils soient irrémédiablement condamnés par leur patrimoine culturel à végéter sous la coupe de « régimes hybrides ». A rebours du déterminisme professé par Spengler ou Toynbee, Florent Parmentier invoque les mânes de Fernand Braudel qui, dans sa Grammaire des civilisations, refuse « les généralisations faciles d'une philosophie de l'histoire »
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}