Ballade pour Georg Henig

Sofia, dans le milieu des années 50…

Une touchante amitié, profonde et sincère, naît entre un petit garçon bulgare d'une dizaine d'années, Victor, et un vieux maître luthier émigré tchèque, Georg Henig. Rejeté par ses anciens élèves et sans famille, le vieil homme est seul. Reclus dans la cave-atelier où il vit, entouré de ses instruments et des fantômes de son passé, Victor et son père sont les seuls contacts de cet artiste sur le déclin avec le monde extérieur.

Georg Henig est le grand-père que Victor n'a pas.
Victor et ses parents sont la famille que Georg Henig n'a plus.

Le vieil homme transmet au jeune garçon sa passion pour la musique et pour son métier. Il lui communique le rapport particulier qu'il entretient avec le bois, ce matériau brut qu'il sait comprendre et dompter. A l'image des violons à qui il donne vie, leur relation est forte, émouvante et intemporelle. Cette relation filiale née du partage du savoir fait la part belle à l'Art, celui-là même qui fait la vraie richesse des hommes.




L'auteur situe son récit au milieu du XXème siècle alors que la capitale bulgare est communiste. de la lecture transparait un sentiment persistant de pauvreté, tant financière que culturelle. La musique, si importante dans la vie de Georg Henig n'est pas la priorité de ses contemporains qui ne cherchent qu'à vivre, ou plus simplement, survivre.

Avec poésie et tendresse, ce livre dresse un pont entre les générations où la musique est un lien social mais également un remède aux difficultés de la vie et aux malheurs que nous connaissons.

Victor grandit entre son père, musicien, et sa mère, qui rêve d'un buffet, symbole de richesse.
L'enfant s'attache à Georg, vieil homme tombé dans la misère la plus totale alors qu'il était un luthier aux mains en or. À travers la description des voisins, on en apprend plus sur la Bulgarie.
Devenu adulte, l'auteur dédie cette oeuvre pleine de tendresse au vieux luthier.
J'ai eu du mal à entrer dans ce livre qui m'a été conseillé. Pourtant, l'écriture est sensible, et rappelle le petit garçon qu'a été l'écrivain. Georg est étranger et ne parle pas bien bulgare, mais la retranscription de sa manière de parlé m'a un peu gênée.

Victor Paskov est écrivain, cinéaste, compositeur et musicien bulgare. Ce roman est une oeuvre quasi autobiographique.

En 1960, Georg Henig, luthier et contre bassiste, meurt. Selon sa volonté il est enterré avec le dernier violon qu'il a fabriqué. Un violon peu ordinaire, démesuré, un violon pour dieu. Tout le monde a oublié Georg mais ce n'était pas n'importe qui. C'était l'ami d'un enfant de 4 ans, "le roi" Victor, pour qui il avait confectionné un violon minuscule, adapté à sa taille, lui ouvrant ainsi les portes d'un autre monde. Des années après cet enfant devenu homme se souvient, et nous raconte...

"une mélodie à trois tons éclata puissamment sur le mode majeur, comme si, au même instant, tous les violons de l'orchestre s'étaient mis à Jouer. le ton était doux et velouté, plus chaud et passionné qu'aucun des violons que je connaissais !"

Un livre sur la magie de l'amour qui peut s'épanouir entre un enfant et un vieillard. Une leçon sur la transmission et la quête ultime d'une vie. le livre est écrit dans un style ancien, à la Zola, et brosse un terrible portrait de la misère dans la Bulgarie communiste de l'après guerre. le rythme est donc assez lent mais dépeint les personnages avec force. C'est une belle histoire si l'on aime ce style d'écriture.

"Georg Henig, lève-toi ! [...] le métier est-il plus important que la vie, ou la vie est-elle plus importante que le métier ?"
Lien : https://www.le-violon.org/vi..