AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 43 notes
5
6 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ode sublime à l'Amour de l'Art et la Musique!
Une magnifique histoire qui retrace l'affection profonde qui se crée entre un vieux luthier tchèque venu au début du siècle en Bulgarie et le petit Victor, fils de musicien qui vit dans un quartier pauvre de Sofia ,dans les années 50, à l'époque la plus sombre du communisme.
Un violon démesuré dédié à Dieu, que le vieux luthier Georg Henig fabriquera dans les derniers mois de sa vie, et un buffet fait par les propre mains du pére de Victor pour sa femme sont les deux "Objets d'Art" qui éclaireront cette vie de misère et de désespoir engendrée par un régime qui écrase toute dignité humaine. Tout est sensibilité, poésie et musique dans ce récit : le luthier qui écoute et parle au bois dont il fait ses instruments, le buffet qui déverse une orgie musicale, les Ombres des morts qui visitent Henig, les dialogues entre le petit garçon et Henig.....
Henig dans une langue qu'il maîtrise trés mal nous donne une vraie leçon de vie:"pas jouer parce que avoir oublié aimer. Maitre avoir oublié aimer métier. Client avoir oublié aimer violon. Violon avoir oublié aimer musicien. Homme avoir oublié aimer soi-même."
C'est un récit autobiographique. Victor Paskov deviendra chanteur d'opéra, qu'il délaissera plus tard au profit de l'écriture. Avec ce livre il rend hommage à cet homme unique qui lui a apprit ce qui est l'art véritable et l'importance de la richesse de l'âme.
J'ai adoré ce livre émouvant, dont j'ai lu les vingt derniéres pages la gorge nouée.
P.s.Un grand merci à Isabelleisapure dont la belle critique m'a fait découvrir ce beau livre!
Commenter  J’apprécie          321
Il y a des livres sans scène de violence, sans grands évènements, sans grands rebondissements mais qui pourtant vous font vibrer.
Il y a des livres dont personne ne parle ni à la télé, ni sur les blogs parce que leurs auteurs ne sont pas connus mais qu'ils seraient dommage de rater.
Mais heureusement, il y a des éditeurs qui prennent le « risque » de publier ces pépites.

Ballade pour Georg Henig fait parti de ces livres.
L'histoire est simple. le père de Victor est musicien. Il emmène son jeune fils chez Georg Henig. Il souhaite que le vieux luthier tchèque fasse un violon « un huitième » pour son fils de 5 ans.
Le début d'une belle histoire d'amitié entre un vieil homme et un enfant.

J'ai adoré le lien qui se crée petit à petit entre le vieil homme et l'enfant. Georg Henig, est un vieil homme un peu fantasque, qui perd un peu la tête, il devient une sorte de Grand-père pour Victor. le grand-père que tout enfant rêverait d'avoir.
Avec sa candeur et sa naïveté d'enfant, Victor, écoute le vieil homme. Et ce qui pourrait sembler à d'autres (des adultes ?) des radotages, devient un monde magique, où réalité et « fantastique » se mêlent.

Le luthier lui fait découvrir du monde de la musique, des musiciens. . Malgré sa mauvaise maitrise de la langue bulgare, il transmet au jeune garçon sa façon de voir le monde, sa croyance en l'âme humaine. En lui expliquant comment fabriquer un violon, c'est tout son amour du respect du matériel, du travail bien fait, l'importance de la richesse de l'âme (sur la richesse financière) qu'il lui offre. Il lui apprend à écouter le monde qui l'entoure et les gens.
L'écriture à la fois poétique, pleine d'humour et de tendresse… ne peut pas laisser le lecteur indifférent.

J'espère que vous pardonnerez le côté décousu de cet article : encore une fois, j'ai tellement adoré ce livre que je n'arrive pas à en parler. Les mots me semblent inadaptés, inadéquats.
Alors encore une fois je ne dirai qu'une chose : lisez-le !
Merci à Virginie Jullion pour cette belle découverte !!!

Citations
« J'avais enfin découvert un grand-père à mon goût : extrêmement pauvre, infiniment bon, il semblait sorti tout droit d'un conte de fées, détenait des secrets, venait d'un pays lointain et inconnu, parlait une langue magique, exerçait un étrange métier et vivait dans la misère comme un saint »

« Les pensées et les souvenirs tournoyaient autour de sa tête blanche, comme des papillons autour d'une lampe qui éclaire pour elle-même, sans se préoccuper de ce qui se passe autour d'elle. »

« Toi riche quand être avec trompette. Quand être sans elle, tout à fait pauvre. »

« J'étais plongé jusqu'au cou dans l'univers de Georg Henig, un univers peuplé d'ombres, de rois, de dieux, d'arbres parlants, de clair obscur et de voix mystérieuses. »
Lien : http://lireetrelire.blogspot..
Commenter  J’apprécie          110
Ou comment la musique et l'amour de son art permet de transfigurer le présent.

Victor s'est fait un ami en ce maître luthier que ses propres élèves renient. Tous les jours, il lui porte le repas et reste avec lui pour visiter l'imaginaire et l'écouter parler de son pays, de sa femme aimée Bojenka, de son frère Anton décédé qu'il voit chevauchant un magnifique cheval fougueux, de son père Yossif qui lui a transmis son art. Et voilà ce petit garçon enrichi de la présence de ce vieil homme qu'il préfère à celle de ses camarades de classe.

Tout autant que la fabrication d'un violon exceptionnel, le livre raconte également la lutte permanente de ces bulgares pour fuir la pauvreté matérielle qui les oppresse. Maître Georgui n'a rien pour vivre, son logis est pitoyable, il ne mange pas à sa faim et sa vie s'achèvera dans la noirceur d'un hospice mais il transmet à Victor la richesse d'aimer un art qui emporte vers la rêverie : les passages sur le bois du violon qui doit parler au luthier sont magnifiques.

Même si le livre est baigné d'une certaine tristesse , la phrase du maître à ses deux élèves ingrats devant un Victor bouleversé, est certainement une des plus belles leçons du livre : "ce sont eux qui sont pauvres car ils ont tourné le dos à leur art, ne le respectant plus et l'ayant rendu juste mercantile."


A eux, le bois ne parlera plus....



Une si belle lecture.
Commenter  J’apprécie          60
Il existe des histoires toutes simples, sans suspens, sans grands bouleversements, sans violence. Des histoires qui appartiennent à des livres dont on ne parle pas, ni sur les blogs, ni dans les médias. Mais heureusement, il existe des éditeurs pour les publier. Et « Ballade pour Georg Henig » est de ceux-là.
Lorsque le jeune Victor rencontre Georg Henig, vieux luthier un peu fantasque, il trouve en lui Le grand-père que tout enfant rêverait d’avoir. L'humble homme se voit confier un ultime violon à construire. Et dans le babil qui accompagne son ouvrage, où se mêlent réalité et fantaisie, le monde devient magique. Alors Victor écoute. Et Victor apprend. Il apprend le monde de la musique, l’importance de la richesse de l’âme, le respect du travail bien fait. Et le regard émerveillé et merveilleux que porte ce jeune garçon sur le monde, inspirant à Georg un nouvel et dernier souffle de vie, laisse présager dans notre imaginaire l’adulte éclairé qu’il deviendra.
J’ai lu ce livre il y a bien longtemps et je ne l’ai pas relu depuis. J’avais alors adoré cette histoire, qui a pour moi les reflets d’une pépite, prétexte à une belle leçon d’art et de vie. Bien que racontée par un adulte, elle porte la marque universelle de l’enfance. Et on se pense alors capable de remarquer dans l’air des choses que les autres ne voient pas.
Commenter  J’apprécie          50
Ballade pour Georg Henig a reçu le Grand Prix de littérature étrangère au Salon du livre de Bordeaux en 1991, dont il était éprouvait une grande fierté nous précise Marie Vrinat dans la postface de cette nouvelle édition.

Nous voilà donc en pleine capitale bulgare, là où Victor le narrateur va revivre le souvenir de sa relation avec le luthier, le maître Georg Henig, arrivé de sa Bohême natale en 1910 : l'incipit nous immerge directement dans le bain de ce mélange de nostalgie et de mélancolie, perceptibles tout au long du récit. Celles des souvenirs du narrateur remontant doucement à la surface, qui les contemple depuis sa situation présente. La contemplation des dernières traces de l'homme aux violons par le biais de ses dernières lettres, qui ont disparu avec lui, allège un peu la disparition du domicile parentale, englouti par les années passées. Cette ode aux souvenirs est entretenue par le discours qui s'adresse directement au luthier, dont il ne fait que célébrer la mémoire, avec tendresse, admiration, un peu de pitié, mais beaucoup de respect, de celui qui est dû aux artistes maudits, morts dans l'indifférence générale malgré le talent et le travail acharné. Et par le retour en arrière de la narration de plus de vingt-cinq années.

Cette histoire, tragique et touchante, est aussi celle d'une belle amitié, qui ne se mesure pas à l'aune des années vécues, d'un jeune garçon avec un homme qui aurait pu être son grand-père, et qui l'a été dans une certaine mesure. Celle de la musique des violons uniques que l'homme fabriquait, du Violon ultime, de l'oeuvre de sa vie, de la musique de Dieu. Celle d'un homme, désormais, célébrant à sa façon la mémoire de ce luthier qui s'est surpassé dans une ultime création, créant l'instrument unique, outrepassant tous les autres violons, avec une oeuvre magistrale, sans aucun antécédent.

Cette histoire possède une saveur qui fleure bon la vieille Europe, cette Mitteleuropa, là où les dissensions familiales entre différences ethniques sont encore vivaces, la famille paternelle du héros étant valaque – communauté des Balkans, minorité roumanophone en Bulgarie – et donc méprisée par la famille de riches propriétaires terriens qu'étaient les Médarov, dont est issue la lignée maternelle. J'ai apprécié le charme de quelques retours en arrière dans le passé de Sofia, ces tableaux pittoresques, allègre et impétueux, aussi instructifs que suaves, qui ne sont pas sans rappeler les textes et le Prater de Stefan Zweig, ces printemps calmes et heureux avant la tempête. Cette musique sémillante et bouillonnante d'il fait bon vivre, désormais en cendre, non loin de la tombe de Georg Henig, ravivé un instant à travers les souvenirs de notre violoniste en herbe. Victor Paskov nous gratifie d'une écriture évocatrice, fine et d'une grande distinction et d'une grâce unique, qui lui permet de façonner au burin plus que les portraits, les sculptures de ses personnages, presque érigés sur un piédestal par la force sacrée du passé. J'ai particulièrement aimé les descriptions de ses parents, celle de son père, tout spécialement « seul mon père était grave, beau et marmoréen. Une mèche noire tombait sur son front de marbre, il la rejetait en arrière d'un mouvement brusque de la tête », où, à mon sens, l'art de l'auteur frôle la perfection. Il n'y a pas que dans la beauté et la félicité que l'auteur exerce son art avec dextérité et finesse, le destin dramatique de l'artiste luthier est rendu avec la même justesse comme si la musique née de ses mains pouvait presque être perçue à travers cela.

C'est un vibrant hommage à l'art, au véritable don et à la vocation artistique que ce texte : d'une part à travers la poésie qui se dégage à travers le phasé délicat de l'auteur, dont les pages belles succèdent les unes aux autres. D'autre part, à ce double tribut rendu au talent du luthier indissociable du pouvoir musical de l'instrument. Il y a Georg Henig l'artiste, le maître, celui qui crée son propre vernis, celui qui protègera les instruments, et ces autres, dont ses élèves, les usurpateurs, ceux qui copient, empruntent, pillent, ces esprits qui ne semblent pas intégrer que l'Art est dans la création, et le don, et non dans les outils qui ne sont que des instruments, vides de sens et d'âme. C'est aussi, quelque part, la célébration de l'Art en tant que voie supérieure, salvatrice, celle du trompettiste virtuose, le père du narrateur, d'une réalité plus morne, d'un quotidien besogneux et aride, encore alourdi par le désir inassouvi d'un gigantesque buffet afin d'asseoir un certain sentiment de supériorité. Là où l'Art gagne, l'autre échoue.

Ce texte, à l'image de l'art littéraire de Victor Paskov, est d'une beauté et d'une finesse incomparables, j'y ai pris autant de plaisir à le relire qu'à le lire, je ne peux que remercier les éditions de l'Aube d'avoir procédé à sa réédition. Si l'auteur était effectivement dans l'incapacité matérielle de nous faire entendre la merveilleuse musique du violon de Georg Henig, je crois que l'on en a un bon aperçu à travers l'enchantement que l'on ressent à lire sa prose.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          40
"Ballade pour Georg Henig" de Viktor Paskov (208p)
Ed. de l'Aube
Bonjour les fous de lectures....
Cette lecture m'a permis de valider un auteur bulgare.
Les années 1950, Sofia.
Viktor, un jeune garçon ( personnage quasi autobiographique , raconte l'histoire d'un vieil émigré tchèque, maître luthier Georg Henig.
Démuni et solitaire, il rejeté par ses anciens apprentis bulgares et vit dans le fond d'une cave dans un extrême dénuement.
La famille de Viktor, passionnée de musique, bien qu'ayant ses propres problèmes et tirant le diable par la queue, va se rapprocher du luthier et tenter de l'aider.
Celui-ci va transmettre au jeune Viktor les valeurs d'art, de foi et d'amour, valeurs qui font cruellement défaut dans ce quartier pauvre de Sofia dans les premières années du communisme.
Viktor se trouve un grand-père d'adoption et Georg, le luthier,une famille.
Ce sont dans les bavardages et radotages du vieil homme que le jeune enfant va trouver petit à petit le chemin menant à la vie d'adulte.
Un livre tendre, sans violence, sans grands rebondissements aux doux accents de conte de Noël.
Dommage que l'on en ait si peu parlé... un joli livre à découvrir qui vous parle d'amour et de musique.
Ce livre est le second écrit par l'auteur et lui a permis de remporter le prix de littérature étrangère à l'exposition du livre de Bordeaux.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (108) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1088 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}