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EAN : 9782815911009
208 pages
L'Aube (07/11/2014)
4/5   42 notes
Résumé :
Une histoire d'amitié entre un vieux luthier et un petit garçon dans un monde de musique avec Sofia pour toile de fond, vibrant au son des anecdotes du quotidien.
Un livre merveilleux et tendre, à l'image de ses violons, et qui vient d'obtenir dans son pays le Prix de la meilleure œuvre en prose.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ode sublime à l'Amour de l'Art et la Musique!
Une magnifique histoire qui retrace l'affection profonde qui se crée entre un vieux luthier tchèque venu au début du siècle en Bulgarie et le petit Victor, fils de musicien qui vit dans un quartier pauvre de Sofia ,dans les années 50, à l'époque la plus sombre du communisme.
Un violon démesuré dédié à Dieu, que le vieux luthier Georg Henig fabriquera dans les derniers mois de sa vie, et un buffet fait par les propre mains du pére de Victor pour sa femme sont les deux "Objets d'Art" qui éclaireront cette vie de misère et de désespoir engendrée par un régime qui écrase toute dignité humaine. Tout est sensibilité, poésie et musique dans ce récit : le luthier qui écoute et parle au bois dont il fait ses instruments, le buffet qui déverse une orgie musicale, les Ombres des morts qui visitent Henig, les dialogues entre le petit garçon et Henig.....
Henig dans une langue qu'il maîtrise trés mal nous donne une vraie leçon de vie:"pas jouer parce que avoir oublié aimer. Maitre avoir oublié aimer métier. Client avoir oublié aimer violon. Violon avoir oublié aimer musicien. Homme avoir oublié aimer soi-même."
C'est un récit autobiographique. Victor Paskov deviendra chanteur d'opéra, qu'il délaissera plus tard au profit de l'écriture. Avec ce livre il rend hommage à cet homme unique qui lui a apprit ce qui est l'art véritable et l'importance de la richesse de l'âme.
J'ai adoré ce livre émouvant, dont j'ai lu les vingt derniéres pages la gorge nouée.
P.s.Un grand merci à Isabelleisapure dont la belle critique m'a fait découvrir ce beau livre!
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Ce livre est un joyau. Les médias ayant fait l'impasse sur cet auteur inconnu, seuls quelques privilégiés ont eu le bonheur de lire ce texte et j'aimerai vous donner envie de le découvrir.
Il s'agit d'une histoire simple, une histoire d'amitié entre un vieux luthier et un petit garçon dans un monde de musique, vibrant au son des anecdotes du quotidien. le jeune garçon va aimer le vieil homme d'un amour que rien ne parviendra à éteindre.
« J'avais enfin découvert un grand-père à mon goût : extrêmement pauvre, infiniment bon, il semblait sorti tout droit d'un conte de fées, détenait des secrets, venait d'un pays lointain et inconnu, parlait une langue magique, exerçait un étrange métier et vivait dans la misère comme un saint. »
Ce texte est empreint d'une grande sensibilité, chaque mot, chaque phrase sont autant de petites notes délicates comme seul un grand artiste, qu'il soit écrivain, peintre ou musicien peuvent en produire.
J'ai lu ce livre à un moment particulièrement douloureux pour notre pays endeuillé par des attentats qui ont mis à mal notre liberté d'expression.
Les mots justes et simples de l'auteur ont mis comme un baume sur une blessure douloureuse.
Un livre capable de faire oublier quelques instants de telles ignominies est assurément un très grand livre.
Si vous avez la chance de croiser le chemin de Georg Henig, suivez-le, vous ferez en sa compagnie une superbe ballade.

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Il y a des livres sans scène de violence, sans grands évènements, sans grands rebondissements mais qui pourtant vous font vibrer.
Il y a des livres dont personne ne parle ni à la télé, ni sur les blogs parce que leurs auteurs ne sont pas connus mais qu'ils seraient dommage de rater.
Mais heureusement, il y a des éditeurs qui prennent le « risque » de publier ces pépites.

Ballade pour Georg Henig fait parti de ces livres.
L'histoire est simple. le père de Victor est musicien. Il emmène son jeune fils chez Georg Henig. Il souhaite que le vieux luthier tchèque fasse un violon « un huitième » pour son fils de 5 ans.
Le début d'une belle histoire d'amitié entre un vieil homme et un enfant.

J'ai adoré le lien qui se crée petit à petit entre le vieil homme et l'enfant. Georg Henig, est un vieil homme un peu fantasque, qui perd un peu la tête, il devient une sorte de Grand-père pour Victor. le grand-père que tout enfant rêverait d'avoir.
Avec sa candeur et sa naïveté d'enfant, Victor, écoute le vieil homme. Et ce qui pourrait sembler à d'autres (des adultes ?) des radotages, devient un monde magique, où réalité et « fantastique » se mêlent.

Le luthier lui fait découvrir du monde de la musique, des musiciens. . Malgré sa mauvaise maitrise de la langue bulgare, il transmet au jeune garçon sa façon de voir le monde, sa croyance en l'âme humaine. En lui expliquant comment fabriquer un violon, c'est tout son amour du respect du matériel, du travail bien fait, l'importance de la richesse de l'âme (sur la richesse financière) qu'il lui offre. Il lui apprend à écouter le monde qui l'entoure et les gens.
L'écriture à la fois poétique, pleine d'humour et de tendresse… ne peut pas laisser le lecteur indifférent.

J'espère que vous pardonnerez le côté décousu de cet article : encore une fois, j'ai tellement adoré ce livre que je n'arrive pas à en parler. Les mots me semblent inadaptés, inadéquats.
Alors encore une fois je ne dirai qu'une chose : lisez-le !
Merci à Virginie Jullion pour cette belle découverte !!!

Citations
« J'avais enfin découvert un grand-père à mon goût : extrêmement pauvre, infiniment bon, il semblait sorti tout droit d'un conte de fées, détenait des secrets, venait d'un pays lointain et inconnu, parlait une langue magique, exerçait un étrange métier et vivait dans la misère comme un saint »

« Les pensées et les souvenirs tournoyaient autour de sa tête blanche, comme des papillons autour d'une lampe qui éclaire pour elle-même, sans se préoccuper de ce qui se passe autour d'elle. »

« Toi riche quand être avec trompette. Quand être sans elle, tout à fait pauvre. »

« J'étais plongé jusqu'au cou dans l'univers de Georg Henig, un univers peuplé d'ombres, de rois, de dieux, d'arbres parlants, de clair obscur et de voix mystérieuses. »
Lien : http://lireetrelire.blogspot..
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C'est une très belle histoire d'amitié entre un vieux luthier juif tchèque réfugié en Bulgarie et le petit Victor que son père initie au violon que nous conte Victor Paskov. Par petites touches on découvre le parcours chaotique et néanmoins résigné de Georg, plus soucieux de réaliser le violon parfait que par ses conditions de vie, survivant chichement et délaissé voire oublié de ses propres élèves.
J'ai aimé ce roman qui fait plus la part belle à l'idéal et à l'amitié qu'au matériel, et à ces valeurs que va transmettre le vieux maître à son jeune émule. C'est un roman qui redonne espoir en la nature humaine dans un style simple et agréable .
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Ballade pour Georg Henig a reçu le Grand Prix de littérature étrangère au Salon du livre de Bordeaux en 1991, dont il était éprouvait une grande fierté nous précise Marie Vrinat dans la postface de cette nouvelle édition.

Nous voilà donc en pleine capitale bulgare, là où Victor le narrateur va revivre le souvenir de sa relation avec le luthier, le maître Georg Henig, arrivé de sa Bohême natale en 1910 : l'incipit nous immerge directement dans le bain de ce mélange de nostalgie et de mélancolie, perceptibles tout au long du récit. Celles des souvenirs du narrateur remontant doucement à la surface, qui les contemple depuis sa situation présente. La contemplation des dernières traces de l'homme aux violons par le biais de ses dernières lettres, qui ont disparu avec lui, allège un peu la disparition du domicile parentale, englouti par les années passées. Cette ode aux souvenirs est entretenue par le discours qui s'adresse directement au luthier, dont il ne fait que célébrer la mémoire, avec tendresse, admiration, un peu de pitié, mais beaucoup de respect, de celui qui est dû aux artistes maudits, morts dans l'indifférence générale malgré le talent et le travail acharné. Et par le retour en arrière de la narration de plus de vingt-cinq années.

Cette histoire, tragique et touchante, est aussi celle d'une belle amitié, qui ne se mesure pas à l'aune des années vécues, d'un jeune garçon avec un homme qui aurait pu être son grand-père, et qui l'a été dans une certaine mesure. Celle de la musique des violons uniques que l'homme fabriquait, du Violon ultime, de l'oeuvre de sa vie, de la musique de Dieu. Celle d'un homme, désormais, célébrant à sa façon la mémoire de ce luthier qui s'est surpassé dans une ultime création, créant l'instrument unique, outrepassant tous les autres violons, avec une oeuvre magistrale, sans aucun antécédent.

Cette histoire possède une saveur qui fleure bon la vieille Europe, cette Mitteleuropa, là où les dissensions familiales entre différences ethniques sont encore vivaces, la famille paternelle du héros étant valaque – communauté des Balkans, minorité roumanophone en Bulgarie – et donc méprisée par la famille de riches propriétaires terriens qu'étaient les Médarov, dont est issue la lignée maternelle. J'ai apprécié le charme de quelques retours en arrière dans le passé de Sofia, ces tableaux pittoresques, allègre et impétueux, aussi instructifs que suaves, qui ne sont pas sans rappeler les textes et le Prater de Stefan Zweig, ces printemps calmes et heureux avant la tempête. Cette musique sémillante et bouillonnante d'il fait bon vivre, désormais en cendre, non loin de la tombe de Georg Henig, ravivé un instant à travers les souvenirs de notre violoniste en herbe. Victor Paskov nous gratifie d'une écriture évocatrice, fine et d'une grande distinction et d'une grâce unique, qui lui permet de façonner au burin plus que les portraits, les sculptures de ses personnages, presque érigés sur un piédestal par la force sacrée du passé. J'ai particulièrement aimé les descriptions de ses parents, celle de son père, tout spécialement « seul mon père était grave, beau et marmoréen. Une mèche noire tombait sur son front de marbre, il la rejetait en arrière d'un mouvement brusque de la tête », où, à mon sens, l'art de l'auteur frôle la perfection. Il n'y a pas que dans la beauté et la félicité que l'auteur exerce son art avec dextérité et finesse, le destin dramatique de l'artiste luthier est rendu avec la même justesse comme si la musique née de ses mains pouvait presque être perçue à travers cela.

C'est un vibrant hommage à l'art, au véritable don et à la vocation artistique que ce texte : d'une part à travers la poésie qui se dégage à travers le phasé délicat de l'auteur, dont les pages belles succèdent les unes aux autres. D'autre part, à ce double tribut rendu au talent du luthier indissociable du pouvoir musical de l'instrument. Il y a Georg Henig l'artiste, le maître, celui qui crée son propre vernis, celui qui protègera les instruments, et ces autres, dont ses élèves, les usurpateurs, ceux qui copient, empruntent, pillent, ces esprits qui ne semblent pas intégrer que l'Art est dans la création, et le don, et non dans les outils qui ne sont que des instruments, vides de sens et d'âme. C'est aussi, quelque part, la célébration de l'Art en tant que voie supérieure, salvatrice, celle du trompettiste virtuose, le père du narrateur, d'une réalité plus morne, d'un quotidien besogneux et aride, encore alourdi par le désir inassouvi d'un gigantesque buffet afin d'asseoir un certain sentiment de supériorité. Là où l'Art gagne, l'autre échoue.

Ce texte, à l'image de l'art littéraire de Victor Paskov, est d'une beauté et d'une finesse incomparables, j'y ai pris autant de plaisir à le relire qu'à le lire, je ne peux que remercier les éditions de l'Aube d'avoir procédé à sa réédition. Si l'auteur était effectivement dans l'incapacité matérielle de nous faire entendre la merveilleuse musique du violon de Georg Henig, je crois que l'on en a un bon aperçu à travers l'enchantement que l'on ressent à lire sa prose.




Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le corps du violon était prêt.J'avais beau regarder ses mains,je ne parvenais pas à comprendre comment il insérait à l'intérieur l'âme de l'instrument,ce petit morceau de bois de rien du tout qui ressemblait à une grande allumette et qui constituait la partie la plus importante de tout le violon.p.146
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Mon père exécuta un bond aussi léger que gracieux et mit pied à terre. Il s’approcha de ma mère d’une démarche sautillante, comme s’il avait des ressorts sous les pieds, avant de s’arrêter devant elle et de lui adresser un signe de tête bref et brusque.

Elle lui répondit par une révérence timide. Il la prit par la taille ; ils entrelacèrent leurs doigts et tendirent leurs bras ; Les oreilles des habitants du quartier se dressèrent : ils retenaient leur souffle. Il se fit un silence solennel.

Tout à coup, des sons triomphants éclatèrent, jaillissant du buffet comme d’un extraordinaire orgue Silbermann, et emplirent le quartier de leurs échos. On pouvait voir l’air vibrer autour du buffet qui exécutait, aidé par tous ses tiroirs, ses portes, son placard et sa penderie, des sons si puissants que les feuilles des arbres tombaient dans la bouche grande ouverte des voisins et des passants. C’était une merveilleuse musique, un cocktail de notes uniques, une résonance pleine de sensibilité, une apothéose, une cantate, un oratorio, un hymne à la vie, une symphonie céleste, le rugissement polyphonique des cinq océans ; et mon père et ma mère dansaient, jeunes et remplis d’allégresse, dansaient, amoureux et grisés, dansaient, dansaient et dansaient encore.

Des voix cristallines s’écoulaient de la petite pharmacie, douces comme un baume. Les basses grondaient de la penderie, assombries et feutrées. Des thèmes et des motifs pour flûte se déroulaient du placard de gauche, comme des saucisses liées les unes aux autres. Du placard de droite parvenait le tintement triomphant des casseroles et des poêles, semblable à celui des cymbales dans les Danses polovtsiennes de Borodine : boum-ta-ta, boum-ta-ta ; le petit bar déversait les accords cristallins d’une harpe avec une douceur liquoreuse ; dans le tiroir, cuillères et fourchettes s’entrechoquaient énergiquement, comme des castagnettes dans un capriccio espagnol. Le buffet déversait une orgie musicale, il grondait, rugissait, tonnait, débordait ! Le quartier écoutait, frappé de stupeur, tandis que mes parents valsaient.
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Je me demande si l'on continue à vivre dans la conscience des autres, lorsqu'on a quitté ce monde. Je me demande s'il faut croire ce bel aphorisme qui dit que l'esprit du maître émigre dans celui de ses disciples, tandis que son art se perpétue dans leur mémoire et dans leurs œuvres.
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Au début de ce siècle, à l’époque où des calèches passaient sur les pavés jaunes de Sofia, transportant des dames en crinoline et des messieurs en frac, ou, dans les jardins de la capitale, des instruments à vent jouaient des pots-pourris de La Traviata, ou Ivan Vazov promenait son chien devant l’Assemblée nationale et ou la troupe de l’Opéra donnait ses premiers spectacles, des musiciens tchèques et italiens arrivèrent à Sofia pour aider quelques exaltés à créer une culture musicale en Bulgarie.
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Le ton était doux et velouté, plus chaud et passionné qu'aucun des violons que je connaissais.
Il s'éteignit, argenté et étheré, comme une fine toile d'araignée, tendue entre les branches glacées de deux buissons, l'hiver, et que le vent agite doucement.
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Video de Victor Paskov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor Paskov
5 janv. 2023 Quand on est jeune, intrépide et insolent comme notre héros, quel avenir a-t-on dans la grisaille de la Bulgarie soviétique ? Aucun. Viktor le sait et fuit, avec joie, rejoindre son père en Allemagne de l’Est où il espère pouvoir vivre libre. Vite, il déchante : cette terre aussi est un enfer où dégringole son père. Mais Viktor a deux atouts – sa fougue et le rock’n’roll – avec lesquels il va bousculer ceux qui voulaient le dompter.
Né à Sofia, Victor Paskov (1944-2009) a été diplômé du conservatoire de Leipzig, membre de plusieurs groupes de jazz et critique musical. C'est au mitan de sa vie qu'il se tourne vers l'écriture : il a notamment publié Ballade pour Georg Henig. Il est considéré comme l'une des voix essentielles de la littérature bulgare contemporaine. Traduction de Marie Vrinat-Nikolov Couverture de Benjamin Vesco Montage de Guillaume Genette
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