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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est extrèmement difficile de faire oeuvre littéraire avec ses souvenirs personnels. L'autobiograhie et l'autofiction ont été un des drames navrants de l'écriture française ces dernières années… le risque de raconter les épidodes de sa vie par sections de “vécu” est omniprésent, il est souvent lassant et mal écrit, voire insignifiant ou, dans le cas de célébrités, rédigé par des hommes de mains dont c'est la fonction cachée.
Ces livres sont souvent mal reçus, hormis lorsque le “romancier” a vécu des drames à la mode : positionnements sur sa sexualité ou sur sa marginalité, agressions racistes et/ou sexuelles, etc.
Le projet de Camille Patrice contenait en germe certains de ces risques. Elle les a évité car elle est une femme de culture, elle est une véritable romancière, elle fait oeuvre de littérature : son style, son rythme surtout (je dirais sa scansion dans les phrases), sa poésie à l'évocation d'une situation loufoque ou tragique, la joliesse d'un détail de décor, sa détermination à contenir sa rage du deuil inextinguible, l'enfoncement progressif dans la douleur, sa maturité face aux comportements inappropriés, l'inaltérabilité de ses appréciations sur autrui et sur le monde en général, la vulnérabilité de son identité, la hauteur tragique de sa solitude et de ses renoncements ne sont pas que des évènements vécus racontés à la chaîne.
C'est l'imprégnation d'un monde réellement personnel, d'une personnalité vigoureuse, d'un regard retenant des larmes, d'un essoufflement constant devant le drame personnel, qui surgissent sous la forme d'un des textes le plus construit et le plus émouvant à lire actuellement. de la littérature vraie. Extrèmement rare dans le monde actuel de l'autocontemplation.
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Bouleversant
Ce premier roman de Camille Patrice est à mon avis une grande révélation de cette rentrée littéraire. À partir du décès de son père, "le grand singe" comme elle l'appelle, l'auteure nous raconte les histoires de ces deux familles, l'une issue du Maghreb, l'autre de la bourgeoisie française. Elle le fait à travers les diverses maisons où elle a vécu, de son enfance à l'âge adulte. Mais Camille Patrice ne "raconte" jamais,. Non. Elle nous fait "ressentir" ce qu'elle a vécu. Dans un style à la fois moderne, parfois poétique et totalement organique, elle nous livre ses colères, ses amours, ses joies et ses dégoûts, le tout nimbé d'un féminisme discret mais omniprésent. j'ai dévoré ce livre en 2 soirées, jusqu'au dernier chapitre qui est un vrai coup de poing et son épilogue. le grand singe n'est pas mort. Il restera à jamais dans son coeur. À lire absolument.
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Camille Patrice - La femme bleue

Pour La maison squelette



La maison squelette est construit autour de la mort du père, laquelle déclenche chez l'héroïne l'afflux de souvenirs d'une famille improbable, à deux pôles, l'un du Sud, des Touaregs déplacés en France, l'autre du Nord, des bourgeois taiseux.
Les maisons sont les piliers de la mémoire et finissent par former le squelette de la psyché de l'autrice mais surtout celui de sa langue, à la naissance de laquelle on croit assister «en direct » dès le début de la lecture .
Puissante, rauque, acérée, tonique, jamais convenue, personnelle, violente, heurtée mais fluide, cette langue nous débarque en deux mots de la Chine à la Grèce…., mais surtout elle est vraie, d'une honnêteté radicale, politique.
On dirait que l'autrice elle même est étonnée par ce qui s'écrit, qu'elle se balade dedans comme dans un paysage, avec l'absence totale de psychologie et la justesse de perception d'un enfant.
J'aime tout particulièrement les pages sur la nature, bien loin des cartes postales, âpres et attentives aux mouvements des ombres.
Parfois, la drôlerie affleure, tant l'héroïne s'accable elle même et s'acharne à se donner le mauvais rôle, ainsi qu'un Auguste méchant.
Il existe un suspens dont on subit la tension sans savoir de quoi il s'agit et qui se résout soudain, dans une bascule stylistique archi gonflée, un monumental coup de poing.
Tout le livre est un poème sauvage, audacieux, incandescent qui déploie le Non comme bannière, le Non d'Antigone face au Pouvoir, pour que, après la bascule de la mise à nue, après la dévoration que représente tout deuil, s'amorce le Oui...
Je souhaite à Camille Patrice, la femme bleue, autant de livres que de vies, et plus encore ; avec mon admiration pour ce travail d'une saisissante beauté.


Pascale B.
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Un roman dans lequel amour et haine se côtoient sans cesse. Bonheur et douleur y sont intimement liés. L'auteur se livre telle une femme colérique, dont l'élan vital pousse aux extrêmes.
La construction du livre, de Maison en Maison est agréable à suivre et balaye une trentaine d'années de vie de façon originale. La lecture est facile et fluide, avec un style tantôt crû, tantôt travaillé
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L'histoire d'une gamine renfrognée qui fouille chaque recoin de sa vie pour trouver les trous d'air par lesquels circule sa colère.
Nous la suivons dans sa fouille, depoussierant les différents lieux de sa mémoire, dénichant des objets perdus, des fleurs, des sensations cachées ;
on y croise des fantômes, certains que l'on peut toucher, d'autres qui ne peuvent que nous traverser ; on passe de pièce en pièce, d'étage en étage, toujours derrière cette étrange petite fille au regard sombre, qui nous guide mais refuse de nous prendre par la main ; puis on se perd avec elle jusque dans la pièce la plus secrète de sa mémoire, là où la vision se trouble, où le silence et la vapeur nous empêche de
respirer, là où naît la colère d'une femme.
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Un livre choc ou émotion et rage se mêlent intimement dans un style magnifique, poétique et cru à la fois. Ébranlée, accablée par la mort de son père, l'auteure reviste sa vie à travers les maisons qui ont jalonné son existence. Elle exorcise ses rapports avec "le grand singe", ce père tant aimé qui l'a tant déçue, ainsi que les douleurs de son métissage, à la fois culturel et social. Cet écartèlement lui a donné l'impression de n'être à sa place nulle part, d'être en proie à tous les vents, à toutes le tempêtes, telle cette maison squelette découverte au détour du chemin d'une île grec.
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