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EAN : 9798376810248
523 pages
KDP/Amazon (11/02/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
L’auteur, docteur vétérinaire actuellement âgé de 67 ans, diplômé de l’École Nationale vétérinaire de Lyon exerce d’abord comme assistant salarié dans les Monts du Lyonnais puis en Isère avant de partir sous les drapeaux pendant un an alors qu’il est marié et père de deux enfants. Il crée ensuite sa propre clinique vétérinaire à Carqueiranne dans le Var en 1984 où il aura un troisième enfant. Il y exerce jusqu’à son départ à la retraite en mars 2020.
En 1995... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
PREMIER au classement des lecteurs sur MONBESTSELLER.com

Un scénario imaginatif, fouillé le roman attaque fort avec la description de l'état amnésique de François, puis il se diversifie au travers de personnages secondaires, leurs sentiments, leurs problèmes de couple… L'analyse psychologique y a la part belle tout comme les états d'âme des différents protagonistes. Bien construit, on suit pas à pas ce personnage candide et perdu. Quelle fin l'attend ? On tremble pour lui.
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Un scénario imaginatif, fouillé le roman attaque fort avec la description de l'état amnésique de François, puis il se diversifie au travers de personnages secondaires, leurs sentiments, leurs problèmes de couple… L'analyse psychologique y a la part belle tout comme les états d'âme des différents protagonistes. Bien construit, on suit pas à pas ce personnage candide et perdu. Quelle fin l'attend ? On tremble pour lui.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Leurs regards se croisent fortuitement. Elle se surprend à le fixer à nouveau et s’en étonne. Le métro est bondé. Il faut bien poser les yeux quelque part. Et puis il l’intrigue, tout simplement. Quel air sombre ! Lèvres fines exsangues, regard vague, un peu hagard, cheveux clairs ondulés, barbe de trois jours. Un imperméable fripé dissimule à peine son jean élimé. Des chaussures usées, pas cirées...
Il doit faire la manche à la sortie des églises et dans le métro, songe-t-elle. Je suis sûre qu’il n’a pas de ticket.
Elle est distinguée, très belle. Sa taille l'oblige à se dresser sur la pointe des pieds pour agripper la barre au-dessus de la profusion de mains qui embuent l'acier. Dans les courbures, ses hanches oscillent pour résister à la force centrifuge. Le long grincement menace de l'absorber au cœur de la foule bigarrée. Ce brassage libère des effluves qui la répugnent.
Elle esquisse un sourire. Devrait-elle éprouver de la honte à dévisager ainsi un inconnu ? La culpabilité, les convenances et les bonnes manières… Quelle rigolade ! Elles en avaient de bonnes, les sœurs ! Comment garder la tête baissée vers ce piétinement affligeant d’un sol maculé de chewing-gums écrasés ? L’odeur de cette humanité entassée rend le wagon étouffant. Elle relève la tête. Il faut bien respirer !
— Et puis flûte !
L'étrange fixité du regard, le mélange de beauté sauvage et de détresse dans l'éclat des pupilles lapis lazuli la fascinent. Cette vulnérabilité la touche. Quelle inconvenance à ressentir pareille émotion ?
— Aucune ! Je ne suis pas une pierre, songe-t-elle.
Elle plonge. Son esprit divague, noyé dans le gris bleu des yeux égarés. Ils ne semblent pas la percevoir. Elle s’adonne à son imagination. Le décor du métro s’efface sous les mille fables qu’elle échafaude. Elle passe du prince déchu à l’amant répudié. Pourquoi ne pas broder à l'inconnu une légende à la hauteur du malheur qu'elle lui suppose ? Car c’est cette douleur qui l'attire. Elle compatit. Persuadée de ne réagir qu’à la sollicitation de son instinct maternel, elle se rassure. Il paraît si jeune !
— Zut, il est sacrément beau quand même !
Serait-elle attirée par autre chose que sa précarité ? Dans un sursaut, elle se raidit.
Trente-cinq ans, un mari charmant, trois enfants... Une vie rue du Ranelagh plus qu’enviable. Elle se rassure en songeant qu’il ne lui manque rien. Jusqu’à peu, elle jurait que son existence privilégiée ne souffrait d’aucune carence.
— Fichtre ! Pourquoi ce flottement ? Serais-je en train de m’inventer d’obscurs désirs pour un clodo dans une rame bondée ? N’importe quoi ! Et quand bien même ! Qui pourrait parler de sentiment à propos d’une simple impression ? Une silhouette aperçue... Je ne lui ai jamais adressé la parole. Je ne le reverrai jamais.
Pulsion, fantasme ou littérature… Elle commence à douter de ses certitudes. Elle en veut finalement à ce type de bousculer les apparences rassurantes de sa vie sans histoire.
Douze ans qu'elle habite Paris. Pourquoi surviendrait aujourd’hui une telle occurrence ? Tous les jours, des millions de parisiens transhument en un obscur va et vient souterrain. Ils s’ignorent soigneusement, sans que personne ne s’en plaigne.
— Moi, il faut qu'en rentrant de mes courses au Quartier Latin, je m’apitoie sur un paumé qui ne me demande rien ! Je débloque complètement. Mes divagations finissent par m’obscurcir l’esprit. Je m’invente de nouvelles lubies. Quelle indécrottable provinciale, je fais ! Les ragots de Mirepoix me manquent-ils à ce point ?
Son mariage l'a propulsée dans la capitale, contrainte de céder aux exigences de carrière de son mari. Elle n'a guère d'occasion de retourner dans son Ariège natale. Elle a gommé son accent. Mais son enfance chaleureuse, protégée de l'ardeur du soleil par les couverts1 d’une bourgade bruissante de rumeurs et réputations chuchotée l’a prédisposée à la curiosité.
— Tiens ! Le voici qui descend.
Bir Hakeim. Elle se surprend à mémoriser la station. Elle le suit du regard. À l’instant où son ombre disparaît, avalée par la descente d’escalier, elle réprime un pincement au cœur .
— Faut pas exagérer ! Pourquoi ce regard vide me manquerait-il ? Il ne me voyait pas. Baliverne, enfantillage ! Rien de tout cela n’a jamais existé ailleurs que dans ma tête.
L’inconnu descend quatre à quatre. Il ne regarde pas devant lui. A-t-il seulement une notion de sa destination ? Apparemment ses jambes le guident mais son esprit voyage ailleurs, perdu dans ses pensées. La femme qui le dévisageait n'est qu'une image creuse. Contour flou, analysé par sa rétine sans que son cerveau n’établisse de connexion. De ce visage, il n'a retenu que des yeux noirs, brillants comme l'hématite, encadrés par une cascade auburn. Rien d’évocateur. Aucun souvenir de l'avoir déjà rencontrée.
— De toute façon, qu’est-ce que j’en sais ? Quel crédit puis-je accorder à mes impressions ? Je ne suis plus capable de me remémorer quoi que ce soit. Pourquoi me fixait-elle avec autant d'insistance si nos chemins ne se sont jamais croisés ? Quelle importance ? À quoi bon continuer à chercher ?
Huit jours qu'il vagabonde au hasard des rues dans Paris. Rien ! L'étincelle censée réveiller sa mémoire n'a pas jailli. Aucune figure, aucun endroit n’entraîne le moindre écho en lui.

Le neurologue qui lui décrivait les arcanes du fonctionnement cérébral aurait-il omis un détail ? Aurait-il sous-évalué son atteinte ? L'hôpital demeure son unique point de référence familier. Même le jargon du médecin lui semblait limpide. Pourtant rien ne fonctionne.
— Quelle purée, cette conscience mouvante ! Comment dissocier les résurgences de mon existence passée, des souvenirs postérieurs à ma sortie de l’hôpital ?
Ceux-là se sont érigés en une concrétion si vive qu’elle semble devenue un repère incontournable. Mais cette nouvelle histoire n'occulte-t-elle pas l'accès à l'ère précédente qu'il tente d'exhumer. À moins que cette dernière ne se soit volatilisée ? II ne sait pas, il ne sait plus. II flotte dans un brouillard où tout se dissout. Pourquoi avoir choisi Paris plutôt que Toulon, Aix ou Nice ? Y a-t-il habité ? Y est-il seulement venu ? Comment savoir ? A-t-il choisi la bonne destination en se précipitant dans le premier train à la gare Saint-Charles ? A-t-il eu tort de fuir précipitamment Marseille à cause de cette menace d’internement psychiatrique ?
La migraine reprend. La douleur naît dans sa nuque, irradie tout le crâne. Elle le persuade de l'imminence d'une rupture. Une compression, un battement contre ses tempes... et l'impression que le mal ne peut cesser qu'en se tapant la tête contre les murs... Son estomac se tord. II a envie de vomir. Sa vue se trouble. Les lucioles arrivent. Il reconnaît leur constellation dans l'éblouissement qui l'aveugle. II a trop gambergé comme toujours. Alphonsine lui aurait dit : « Tu fais chauffer les plombs, tu vas encore disjoncter ».
Une caricature de sourire, rictus pitoyable, déforme ses lèvres. Malgré la douleur, l'évocation de l’infirmière antillaise du service de neurologie le rassure. Le souvenir de sa gaieté, sa faconde et son bagou, reste le meilleur antidote à l’angoisse. Son optimisme et sa bonne humeur la métamorphosaient à ses yeux en une magnétiseuse plus efficace que les remèdes. Pleine d’affection pour lui, elle avait tout fait pour contribuer à sa remise sur pied. Chaque matin, il attendait son entrée dans la chambre, impatient de retrouver son déhanchement rassurant. Elle l’avait vite démasqué, en suivant le mouvement de son regard. Elle s’était gentiment moquée de lui : « Joséphine Baker et les bananes de la revue nègre sur les marches du casino de Paris, ce n’est plus d’actualité, mon biquet. Elle aurait pu être ma mère, je te signale. » Bizarrement, la référence lui avait parlé. Au-delà d’une vague ressemblance, les formes qu’il devinait sous la blouse blanche n'avaient rien à envier à celles de la star de music-hall. Bien sûr, il avait fallu qu’il lui dise. Elle avait éclaté de rire. Ni surprise, ni flattée, elle l'avait rebordé comme un enfant avec un baiser sur le front  :
— Ne va pas t'ébouillanter la caboche.
Il réalise maintenant à quel point sa présence lui manque. Tant qu'elle le cajolait, il ne pouvait rien lui arriver. En quittant l'hôpital, il l'a perdue. Sauf dans sa mémoire ! Heureusement, elle, elle ne s’efface pas. Pour le moment… Alors, il la préserve. Il l'entretient comme une flamme qui ne doit jamais s'éteindre. Chaque jour, il évoque son visage, sa voix, la couleur de sa peau et la douceur de ses paumes. Elle est devenue sa bonne fée. Il l'appelle au secours quand le spleen le gagne. Il murmure son nom comme un mantra secret. A mesure qu’enfle l’incantation : « Alphonsine, Alphonsine, Alphonsine... », il la voit apparaître dans la lumière de son esprit. Elle vient à lui et le prend dans ses bras comme si elle était réellement présente.

II traverse le Champ de Mars. Des gamins courent, une nuée de pigeons s'envole. L'air est tiède. Les marronniers bruissent sous la caresse de la brise. Un sentiment de béatitude le pénètre. Une odeur s'insinue qu'il associe à des rires, des poursuites endiablées et des tartines de chocolat. Il hume pour identifier ce parfum. II reconnaît la fragrance des magnolias, la senteur d'herbe coupée et l'effluve du crottin. Pourtant rien ne se produit. Aucune image, aucun nom n’apparaît. Juste cette sensation familière qui flotte dans l’atmosphère. Elle ne résout aucune question. Quelle frustration ! II dévale des marches. Elles le conduisent sous le pont d'Iéna. Il s'immobilise au bord de l'eau. Un léger clapot résonne sous les voûtes. L’odeur est âcre. Là, pas de doute, ça sent l’urine. Sans rien évoquer de plus, ça le dégoûte. Il rebrousse chemin, le nez pincé, et aperçoit un gamin assis sur le quai. Le petit joue avec un bateau électrique rouge et blanc. Le grondement d'une péniche amplifié par l'ogive du pont le panique. Totalement absorbé par son jeu
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