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EAN : 9782213022819
381 pages
Fayard (01/09/1991)
3.66/5   139 notes
Résumé :
1492 : cette année-là, trois caravelles rencontrent un continent ; les musulmans et les juifs sont chassés d'Espagne ; Bretagne et Bourgogne s'intègrent à la France ; l'Angleterre, délaissant le continent, se tourne vers les mers et les colonies...
1492 : l'Europe découvre le tabac, la pomme de terre et la syphilis. La première grammaire en langue vulgaire est imprimée à Salamanque. Venise s'efface devant Anvers au cœur de l'économie-monde. On voit naître les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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1492 : une année décisive.
C'est du moins ce que Jacques Attali s'efforce de démontrer. Dans ce moyen-âge finissant où l'on voit se mettre en place les lignes de force qui vont modeler l'Europe dans les siècles à venir, il note : le développement de l'imprimerie et de l'écrit, le commerce trans-océanique, les voyages d'exploration, le développement des activités financières et bancaires liées aux richesses rapportées des Amériques, l'apparition de grandes puissances européennes, mais aussi l'essor de l'esclavage, du racisme et de l'antisémitisme...
Il fallait l'érudition, la méthode et l'esprit de synthèse d'un Jacques Attali pour s'attaquer à un tel « chantier » . Car « 1492 » est bien plus que l'agenda d'une année, fut-elle 1492, qui vit entre autres la « découverte » des « Indes de l'Ouest ». L'auteur nous propose une analyse minutieuse d'une année charnière, comme l'histoire en comporte quelques unes et après lesquelles rien n'est plus comme avant.
D'autres, comme Erik Orsenna dans " l'Entreprise des Indes ", par exemple, s'y sont depuis un peu cassé les dents…
De l'Attali comme on l'aime : documenté, érudit, minutieux et précis, fluide, hors des sentiers battus… Didactique. Un vrai régal.

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Du livre tel que je les aime ! Quelle belle lecture ! 1492 (mais pas que)raconté sous forme de roman.

En fait, l'ouvrage se présente en 3 parties : a) la première, parfois un peu longue bien que très intéressante, plante le décor. Elle aborde différents concepts, différents thèmes. J'ai lu cette partie en ne voyant pas très bien ou l'auteur m'emmenait et j'avoue que si tout son livre s'était déroulé de cette façon ma critique aurait été très différente.
b) la seconde partie a, pour moi, été la plus passionnante. On voyage, on est happés dans la vie "quotidienne" de 1492, mais c'est aussi dans cette seconde partie que j'ai compris le sens de la première partie, le "plantage de décor" bien nécessaire pour établir des liens entre les différentes parties du livre.

c) la troisième partie : dans la même foulée que la seconde, aussi passionnante, nous parle de l'après 1492 et de ses conséquences jusqu'à aujourd'hui.

Je ne pourrais dire qu'une chose : j'ai passé un très bon moment lecture, une lecture comme je les aime.
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1492.. Cette année-là, trois caravelles rencontrent un nouveau continent; les Juifs sont expulsés d'Espagne, un Borgia est élu Pape, la Bretagne devient française, à Mayence Middleburg prophétise la Réforme et annonce Luther, l'Europe se tourne vers l'Atlantique, oubliant son passé méditerranéen, on fait le projet de l'Homme Nouveau.
Débarquent en Europe le chocolat, le tabac, le maïs, la pomme de terre et.. la syphilis.. alors qu'en Amérique arrivent la roue, le cheval et la variole..
Sous la forme d'un récit journalistique très vivant, tenu au jour le jour, Jacques Attali, comme il le dit lui-même, esaie de comprendre ici cette "catastrophe" cette "bifurcation" , cette rencontre ratée entre deux continents..
Un livre passionnant, publié il y a vingt ans, mais toujours intéressant à lire et à relire...
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1492, une année singulière dont Jacques Attali célèbre les 500 ans par un ouvrage fourni. Méthodiquement, avec le recul du temps, l'étude du voisinage historique de 1492, permet à l'auteur d'argumenter au sujet de la rupture, la bifurcation, la catastrophe - au sens d'un changement de paradigme - corrélées à cette date clé.

En 1992, Jacques Attali par sa culture, ses racines est quasiment l'un des seuls à pouvoir comprendre que ce qui se tramait en 1492, dont sa rupture avec les routes de la soie, via la nouvelle route des indes, redevenait imminemment d'actualité avec l'effondrement du bloc de l'Est et la préfiguration des nouvelles routes de la soie du début du troisième millénaire.

En particulier, le contexte historique mondial est brossé. Bien plus légèrement que dans l'ouvrage de Peter Frankopan intitulé "les routes de la soie", le rôle éminent de la Chine est mis en exergue.

La nouvelle route des Indes, symbole indissociable de 1492, montre à la fois l'émancipation de l'occident et en quoi cet arrachement nous à fait faire fausse route. L'ignorance des racines véritables pour imposer une culture occidentale ravageuse et factice à un nouveau continent est presque l'antithèse du multiculturalisme des routes de la soie tissé sur plus de 800 ans. La nouvelle route des Indes symbolise aussi le paroxysme d'une approche occidentale du christianisme et l'abjuration de ses racines judéo-chrétienne d'Asie mineure dont divers Torquemada constituent les figures marquantes.

1492 serait ainsi le moment où le balancier du pendule s'oriente vers l'occident. 1992 serait alors le temps marquant d'un retour de balancier vers l'orient que nous vivons actuellement avec les nouvelles routes de la soie.

1992 est aussi, peu ou prou, avec le web dont l'article historique de Sir Timothy John Berners-Lee et jacques Cailliau "WorldWideWeb : Proposition pour un projet hypertexte.", l'année marquante des nouvelles routes vers le nouveau continent numérique.

En 2019, lorsque j'écris cette critique, l'économie est mondialisée et numérisée, mais les démocraties sont demeurées locales. Ce paradoxe souligné à maintes reprises par Jacques Attali conduit inéluctablement à des bouleversements.

Une question demeure : après la fin de l'équilibre instable de la terreur, l'humanité saura-t-elle trouver un équilibre durable ?

Bonne lecture
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Ce n'est pas de la grande littérature. Mais il a ceci d'intéressant qu'il éclaire une époque, qu'il donne à voir une autre manière de comprendre la renaissance, le début d'un bouleversement qui a tant marqué qu'Attali semble dire que l'on en ressent encore les soubresauts. Puis on découvre que 1492 n'est pas seulement la découverte ( vision euro-centriste) de l'Amérique. Mais l'exode massive des juifs d'Espagne etc...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On passe alors de la conquête à la colonisation. La découverte, en 1548, de l'argent de Zacatecas, donne un sens à la découverte de l'Amérique. On s'y rue. Les Espagnols sont cinquante mille en 1560, et quinze mille Africains sont amenés d'Afrique pour travailler dans des mines à la place des Indiens, rapidement exterminés par le travail et la maladie.
Au total, les Indiens du Mexique passent de vingt-cinq millions en 1519 à guère plus d'un million en 1605.
Au Pérou, la colonisation commence quinze ans plus tard et suit la même voie qu'au Mexique: destruction immédiate. Le prince Huayna Capac, devenu le onzième Inca en 1493, a agrandi l'empire qui couvre alors le territoire du Pérou, de la Colombie et de l'Equateur actuels. Il a quitté Cuzco et s'est installé à Tomebomba. A sa mort, en 1527, l'empire est partagé entre ses deux fils Huascar et Atahualpa. Une guerre civile les oppose dont le second sera vainqueur. Pizarre, venu en 1531 du Panama actuel, est pris pour le dieu Viracocha, et un parent de Husacar, Manco, s'allie à ces "Viracoches". En 1532 Atahualpa quitte même Quito pour aller au devant des envahisseurs étrangers qu'il rencontre à Cajamarca. Il a néanmoins tôt fait de comprendre que l'Espagnol est mortel. Pizarre l'enlève, le rançonne, l'assassine l'année suivante, puis anéantit l'Empire en organisant un esclavage systématique des Indiens et un partage de leurs terres entre ses compagnons.
Les dix millions de sujets que comptait l'Inca en 1530 ne sont plus qu'un million trois cent mille en 1600.
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Le samedi 25 février 1492, à Grenade, Antonio de Nebrija, qui a déjà publié une Dictionnaire latin-espagnol, remet à la reine sa grammaire castillane, intitulée Arte de le Lengua castellana. La reine l'accepte. Audace qui fonde une nation. Dans la dédicace de cette grammaire,Nebrija présente l'intérêt et la portée de son travail. Il s'agit en premier lieu d'unifier la langue, en fixant son usage, afin d'éviter les écarts. Cette prétention met le Castillan au même niveau que les langues "nobles": grec et latin. L'unité de la langue est envisagée dans la perspective de l'unité religieuse, territoriale. Le castillan, langue de la Conquête.
Le castillan deviendra bientôt langue de l'Espagne et de l'Empire. Quatre cents millions d'individus le parleront au XXème siècle. L'imprimerie, dont l'Eglise pensait faire l'instrument de la suprématie du latin, est vraiment devenue l'instrument de son déclin.
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En des temps très anciens, un géant guerroyait, triomphait, dominait. un jour rompu de fatigue, il recula. Assommé, torturé, il fut laissé pour mort, puis enchaîné par de multiples maîtres.
Alors le géant échafauda un plan : reprendre des forces, sans se presser, puis briser ses chaînes rouillées d'un seul coup, vigoureux et franc. Et partir à la conquête du monde.
L’Europe est ce géant : enchaînée par de multiples maîtres quand se défait l'Empire romain d'Occident, elle sommeille durant un millénaire. Puis à un moment de hasard et de nécessité, elle écarte ceux qui l’entourent et se lance à la conquête de l'univers, massacrant les peuples de rencontre, s'appropriant leurs richesses, leur volant leurs noms, leur passé, leur histoire.
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Trois cent millions d’etres humains peuplent alors la Terre. Plus de la moitié vivent en Asie, près d’un quart sur le continent américain, un cinquième seulement en Europe. Encore ces chiffes sont-ils très incertains : nulle part aucun pouvoir n’organise de recensement systématique; partout, la plupart des gens ignorent leur propres date de naissance, et parfois jusqu’au nombre de leurs enfants.
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En réalité, l'Europe occidentale est déjà une mosaïque de cités et de nations perpétuellement en guerre les unes avec les autres: guerres franco-anglaise, lusitano - aragonaise, germano-slave, franco-bourguignonne...On se bat pour un village, un affront, un héritage, un mariage ou pour le plaisir.
Comprendre l'Europe de 1492 requiert donc d'entrer dans le détail de l'histoire des cinq décennies précédentes, dans leur complexité dynastiques et leurs futilités meurtrières. L'effort n'est pas inutile, puisque ces événements ont façonné la géopolitique d'aujourd'hui.

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Emission de France Culture :Inégalitaire, trop compétitive ou trop laxiste, l’école française est aujourd’hui accusée de tous les maux. Entre le développement rapide des plateformes numériques, l'état inquiétant de l'enseignement public et la concurrence exigeante des modèles éducatifs internationaux, comment se réinventer ? Pour l'économiste et écrivain Jacques Attali, c'est "une question de méthode"
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