Citations sur Naissances (34)
Tu comprends que tu n'es pas encore morte, mais tu sais que tu ne parviendras plus à naître.
Pourquoi "les" eaux ? C'est le pluriel du déluge, le pluriel de l'origine, les eaux limoneuses dont toutes choses sont sorties, celles qui charrièrent du vivant, des cellules, des graines, les eaux troubles où nagèrent les premiers monstres, celles auxquelles s'arrachèrent ces reptiles fœtus bien gluants qui venaient au monde dans une solitude effroyable, rampant, bavant, recrachant les eaux dont ils étaient pleins.
Je pense à ces parois invisibles, infranchissables, posées verticalement dans le temps et qui barrent, de loin en loin, toutes les vies, ces murs de vent qui séparent et dispersent les signes. Transparentes parois : chacun distingue confusément à travers elles un peu de ce qui s'est passé, mais de ce qu'il a vécu chacun ne touche plus qu'une froide surface, une froide et lisse surface d'irréalité.
(…) elle se savait entrée dans la grande vieillesse, proche de ce qu'elle baptisait sa "mort normale", elle qui avait traversé la mort démente et écrasante, elle qui était descendue dans le pire.
Odeur de l'angoisse, surtout, car l'angoisse pue et finit par tout imprégner, la peau la plus douce comme le bois rugueux et les couvertures.
Vingt-cinq ans, que dire encore ? Que l'on découvre avec effarement que le "siècle" est après tout une unité de mesure de la vie humaine parfaitement adaptée. Dans la jeunesse, on croit naïvement que les siècles n'intéressent que les historiens. Siècles poussiéreux, siècles longs comme des tunnels creusés sous des montagnes d'évènements ou d'archives. Un jour, il s'avère qu'un quart de siècle, c'est tout de suite.
Sans trop savoir pourquoi, il saisit la main tellement minuscule et entrouverte au bout du bras déplié. Légers, les pétales blancs des doigts se perdent au creux monstrueux de sa paume. Car il y a cette perfection monstrueuse des doigts des nouveaux-nés, ces phalanges de rien du tout qu'achèvent les virgules des ongles.
Où sont cachés les stigmates du pire quand la vie courante nous contraint chaque jour à renaître à la banalité écoeurante et splendide? Stigmates cachés peut-être dans la voix. La voix comme un dernier refuge, une chair ultime. La voix qui se faufile dans le silence du présent, se pose, s'impose, se brise, s'éteint, se tait et à nouveau murmure.
ou sont cachés les stigmates du pire quand la vie courante nous contraint chaque jour à renaître à la banalité écoeurante et splendide? Stigmates cachés peut être dans la voix .La voix comme dernier refuge, une chair ultime.Stigmates cachés dans la voix d'une dame qui parle, tard la nuit.Dans la voix qui se faufile dans le silence du présent ,se pose, s'impose,se brise, s'éteint, se tait et à nouveau murmure. Car le passé ne dispose que du frêle refuge des mots .
Je pense à ces parois invisibles, infranchissables,posées verticalement dans le temps et qui barrent, de loin en loin, toutes les vies, ces murs de vent qui séparent et dispersent les signes. Transparentes parois? chacun distingue confusément à travers elles un peu de ce qui s'est passé, mais de ce qu'il a vécu chacun ne touche plus qu'une froide surface, une froide et lisse surface d'irréalité.