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Critique de michfred


Je ne connaissais pas ce poète à la vie "sans relief, sans carrière et presque sans mystère à force de lumière panique" dit la 4ème de couverture. Je savais seulement que Sandro Penna était pour Pasolini un des sommets du lyrisme italien, et que, comme le cinéaste-poète, il avait un faible pour les ragazzi, les fanciulli aux yeux de braise qui déambulent lascivement dans les ruelles romaines..

Lire la courte anthologie bilingue - une excellente traduction et une préface éclairante de Bernard Simeone- intitulée "Une ardente solitude" a été pour moi une vraie découverte: ni faux-semblants, ni détours, ni déguisements, ni vaines pruderies, dans une époque où on ne badinait pas, pourtant, avec la morale et la sexualité -Penna est né en 1906 et mort en 1977 - mais au contraire une sensualité libre, une homosexualité assumée, une joie sereine, une empathie qui le fait être immédiatement au coeur des choses et en même temps une mélancolie, une lucidité qui lui font ressentir à quel point il en est exclu:

"Amour de la terre, joie pleine
incomprise. Oh comme tu portes
loin! Un jour
les pins solitaires ne verront pas
-la pluie les lèche, le soleil les endort-
avec l'amour danser ma mort."

Il perçoit jusqu'au malaise ce qui s'attarde à la surface solaire du monde:

"Amour, jeunesse, mots joyeux,
quoi donc brille sur vous et vous dessèche?
Reste une odeur comme de la merde sèche
le long des haies lourdes de soleil."

Bref, rien de tranquillement innocent, mais pas de sombre fébrilité non plus. Une façon étonnante d'être dedans et dehors à la fois. de jouir et de désespérer en même temps.

Une pépite: je comprends que Pasolini ait aimé...
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