AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Point de côté (17)

J'ai envie d'avoir quelqu'un, ou que quelqu'un m'ait... j'ai envie d'une présence. J'ai envie d'une main sur mon épaule. J'ai envie... de quelque chose que je ne peux pas écrire, même pas ici.
J'ai envie d'aimer, j'ai envie de crever. C'est pareil, au point où j'en suis, c'est pareil.
Commenter  J’apprécie          520
Je vis sans savoir pourquoi. Les gens qui pensent que les morts vont "là-haut" pourraient me donner des raisons, mais ça ne m'intéresse pas. Je ne cherche pas une réponse, je cherche une solution. Une issue.
Il faut que je m'en sorte. Que je sorte de cette vie.
Commenter  J’apprécie          370
La mort que je m'étais préparée me berçait depuis sept ans. Je n'ai jamais rien eu à prouver, puisque j'allais crever. Pas besoin de chercher à savoir qui j'étais, pas besoin de me regarder dans le miroir. Personne à affronter, juste à se laisser faire, se laisser pousser hors du monde sans rien dire.
Commenter  J’apprécie          340
Pour mon père, nous sommes une famille bien tranquille. Mon frère est mort, ma tante est morte, ma mère se finit au Temesta et moi je me rate au Lexomil mais, à part ça, tout baigne.
Quand il dit ça, ou plutôt quand il le laisse entendre, maman acquiesce aussitôt, comme un chien en plastique la tête montée sur un ressort. Ses yeux vides se balancent en cadence. Ses yeux crient au secours.
Commenter  J’apprécie          240
"L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose".
Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Commenter  J’apprécie          230
Quand on est deux on est forts, et quand on est fort on est souvent méchant.
Commenter  J’apprécie          180
J'aimerais aimer. Comme tout le monde, peut-être, mais plus qu'un autre. Impression d'être fait pour ça, comme mes jambes pour courir. Pour l'instant j'aime tout le monde, c'est-à-dire personne. Socialement, c'est suffisant. Ça me permet, malgré mon insondable timidité, de fréquenter des gens, d'entretenir quelques molles amitiés. Mais, pour mon désir, ça ne suffit pas. J'ai envie d'avoir quelqu'un, que quelqu'un m'ait...J'ai envie d'une présence. J'ai envie d'une main sur mon épaule. J'ai envie... de quelque chose que je ne peux pas écrire, même pas ici.
J'ai envie d'aimer, j'ai envie de crever. C'est pareil, au point où j'en suis, c'est pareil.
Commenter  J’apprécie          130
Postface
"Si un autre me ressemble, c'est donc que j'étais quelqu'un." Marcel Proust, Jean Santeuil
J'ai appris à écrire avec Pierre. Quand j'avais dix-sept ans et que je m'apprêtais à passer mon bac - c'était à Strasbourg, en 1988, au siècle dernier - j'avais un étrange passe-temps. Le soir, je remplissais des cahiers d'écolier à spirale, pour y raconter mes journées. Un journal intime, me dira-t-on, rien de plus banal, surtout pour une adolescente introvertie qui aime lire. Sauf que ce n'était pas mon journal intime.

C'était celui d'un garçon, Pierre Mouron. Sa vie n'était pas ma vie. Elle y ressemblait parfois, géographiquement, ou par instants : anecdotes de lycée, événements familiaux, problèmes de poids, rapport au corps, à la littérature, à la musique, au cinéma... à la santé mentale, aussi. Ce garçon n'était pas mon double, cependant : c'était, déjà, un personnage. Et j'étais, déjà, écrivain. Mais je ne le savais pas.

Six cahiers plus tard, j'ai cessé d'écrire ce journal fictif, j'ai écrit d'autres choses, de la poésie surtout, des débuts de roman où, parfois, Pierre venait se glisser, parce qu'il continuait à vivre dans ma tête, comme il l'a fait pendant des années. Vers l'âge de trente ans, l'idée m'est venue de reprendre ces six cahiers et d'en extraire ce qui ferait la base d'un roman. Considérant que son héros était encore adolescent, je l'ai soumis à des éditeurs de livres pour la jeunesse, qui pour la plupart, m'ont répondu que c'était épouvantablement triste et que personne n'avait envie de lire un truc pareil. Jusqu'à ce que l'un d'eux me dise oui : voilà comment Point de côté est né. Mon tout premier livre publié pour l'auteur, c'est un événement majeur, celui qui vous fait exister comme artiste aux yeux du monde. Dix-sept autres ont suivi, au fil des années, dans lesquels il est arrivé que Pierre vienne se glisser, tantôt discrètement dans le décor, tantôt dans le premier rôle. C'était facile, si facile : il suffisait de me laisser aller.

Ma part d'ombre, mon jumeau à l'envers. Écrire Pierre, c'est-à-dire le faire vivre, est naturel, il suffit de me laisser couler tout au fond, retrouver ce cœur écorché. J'ai appris à vivre avec Pierre. Je lui ai donné des goûts qui sont les miens. Je ne savais pas, avant que Point de côté paraisse, que ces goûts étaient un peu sombres, gothiques, dépressifs, dark - qualificatifs que j'ai appris à encaisser sans broncher, lorsqu'on me les a envoyés en pleine face, ou que je les croisais au détour d'un commentaire laissé sur un de mes livres dont Pierre est le héros. Je plaide l'innocence, sur ce coup-là.

Je ne savais pas, alors que j'écrivais son journal, que Pierre allait si mal. Tout ce que je voyais, c'était l'élan, la fuite vers l'amour. Pierre était une course, d'une pulsion morbide vers la vie. Pour moi il est étrange, à ce titre, de relire ces cahiers plus de trente ans plus tard, de retrouver ces fragments de ma vie déformée, de démêler mon réel de sa fiction. Je ne savais pas, moi non plus, que j'allais si mal. J'ai l'impression, un peu, de retrouver mon moi d'avant, et le plus troublant, c'est de constater qu'il est intact. Il a vieilli, mais il n'a pas tant changé. Relisant ce texte avec la distance des années supposée me donner du recul, ce qui me surprend, c'est justement l'absence de surplomb, c'est l'adhésion intacte. La grande leçon de la vie, c'est qu'on reste les mêmes, dedans. On apprend juste à vivre avec ça. Ce truc, cette blessure intérieure, peu importe à quoi elle ressemble. Cette fêlure.

Ce que je voudrais dire à mon moi de dix-sept ans, ce que je voudrais dire à Pierre, ce que voudrais dire à tous ceux qui se reconnaîtront dans Point de côté, pour quelque raison que ce soit, qu'ils soient raisonnablement dépressifs (comme dirait Pierre), hypersensibles, gays, victimes de harcèlement, en deuil, anorexiques, boulimiques - ces différents motifs n'ayant pas nécessairement de lien entre eux et ne s'excluant pas non plus mutuellement -- ce que je voudrais dire... C'est que ça va aller. Ça ne s'arrangera pas, non. Pas vraiment. Mais il y aura de beaux moments, si beaux qu'on en pleurera de joie. Il n'y aura pas de miracle, mais on va survivre à tout cela, parce qu'on est bien plus fort qu'on ne le croit, et bien moins seul qu'on ne le craint. Quelque part, il y a des gens comme nous. Et quelque part encore, des gens qui nous aiment. Oui, comme dirait Pierre, c'est con. Mais c'est vrai.

Quant aux autres, tous ceux qui ont trouvé la barque trop chargée, le roman trop triste, le personnage trop noir, "surtout pour des ados", je n'ai rien à leur dire. Foutez- nous la paix, et laissez-nous trouver un moyen sûr de survivre à la blessure. pg 187-190
Commenter  J’apprécie          80
Ils me disent qu'il est temps, qu'il faut que je me secoue. Ils disent qu'il faut quitter ses rêves, entrer dans la vraie vie.
Il y aurait donc une fausse vie ? Est ce que je ne vis pas, moi, avec mes rêves, mes secrets, est ce que je serais déjà mort ?
Commenter  J’apprécie          31
-Depuis quand tu es...comme ça?
Sur le coup je n'ai pas compris ce qu'il voulait dire. Comme ça? Comme quoi? Je le voyais déglutir sa pomme d'Adam montait et descendre comme s'il avalait une couleuvre. Qu'est-ce qu'i, y avait donc de si difficile à dire?
-Tu es beau, Pierre. Personne ne m'a jamais bouleversé comme toi, je te jure. Mais si tu continues... tu vas mourir.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (146) Voir plus




    {* *}