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Critique de kuroineko


Deux hommes de bien, de l'Académicien espagnol Arturo Perez-Reverte, est un des meilleurs romans historiques que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui. J'ai trouvé ce texte formidable et ce, pour plusieurs raisons, tenant aussi bien au fond qu'à la forme.
Concernant celle-ci, l'auteur joue sur deux époques. Il ne s'est pas contenté d'une préface ou d'une postface pour expliquer pourquoi et comment il a écrit ce livre. A la place, il raconte la construction de son récit à mesure que celui-ci, qui se passe dans les années 1780, se déroule. Il a été aussi passionnant de suivre les péripéties des deux académiciens espagnols partis à Paris en quête de l'Encycopédie, que de voir les recherches de l'écrivain. Car la quête de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, alors interdite par la Ste Inquisition dans le royaume ibérique, a réellement existé. Aussi Arturo Perez-Reverte a-t-il multiplié les recherches bibliographiques, cartographiques et même directement sur les lieux pour peaufiner son récit, coller au plus juste à la réalité. Lisant, retrouvant des anciennes cartes ou des mémoires de visiteurs espagnols de l'époque, interrogeant des spécialistes des deux côtés des Pyrénées, parcourant avec sa voiture l'itinéraire qu'ont suivi ses deux héros, ... C'est un régal que de voir se construire un récit.

Les parties situées au XVIIIème siècle se révèlent très réussies, le sérieux de l'auteur dans sa préparation garantissant une véritable plongée dans l'Espagne et la France de l'époque dite des Lumières. le chemin vers Paris et retour est tout sauf une sinécure. On voyage alors en voiture hippomobile et, étant sexagénaires, les deux académiciens se ressentent du cahotement incessant. Sans compter les risques de casse de roues ou d'essieux, le brigandage de grand chemin, le confort et l'hygiène souvent très relatifs des auberges d'étapes. Et j'en passe. Surtout que dans l'ombre se trame un complot visant à faire echec à la mission.

J'ai suivi avec grand plaisir les pérégrinations de Don Hermès, le bibliothécaire de l'Académie, et l'Amiral, sur les routes, dans les salons et milieux huppés parisiens comme dans les bas-fonds de la capitale, dans les librairies comme dans les tavernes. Car tout y est également occasion de discuter pour les deux comparses, ensemble ou avec les rencontres effectuées. La plume érudite du romancier place dans ces dialogues les grandes questions qui agitent cette période prolifique. On croise ainsi le chemin de certains rédacteurs de ladite Encyclopédie, un curieux abbé espagnol en exil virulent athée et qui voudrait changer le monde par le feu et le sang (personnage réelle qui accompagnera Robespierre sur l'échafaud), une femme tenant salon, ...

Je ne peux que recommander, en conclusion, cet excellent roman foisonnant. L'action se mêle à la réflexion de façon souple et intelligente. Et puis, quelque soit les contextes de cette lecture,  répandre un peu des Lumières ne peut pas faire de mal.
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