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Critique de Arakasi


Dans l'Espagne de la fin du XIXe siècle à Madrid, un vieux maître d'escrime use ses derniers talents à enseigner son art à une bande de jeunes freluquets sans cervelle. Hidalgo fatigué, Don Jaime regrette le bon vieux temps où le combat à l'arme blanche était traité selon sa juste valeur et vomit ce siècle infect où l'on ne parle que de politique et de coucheries. Mais un jour, le siècle vient frapper à sa porte en la personne de la belle Adela de Otero, une splendide aristocrate qui vient lui demander – Ô scandale ! – de lui enseigner sa célèbre botte des deux cents écus. Indigné, embarrassé à l'extrême, furieux, puis finalement charmé – car la belle a des yeux époustouflants, assez de résolution pour faire ramper l'armée d'Espagne toute entière et manie l'épée comme un spadassin chevronné – le maître se laisse finalement convaincre. Mais la jeune femme cache de noirs secrets et le vieil homme se retrouve entraîné bien malgré lui dans une sombre machination. Meurtres, emprisonnements, tortures, cadavres défigurés … Au soir de sa vie, le maître d'escrime aura plus que jamais besoin de ses talents d'épéiste pour conserver son honneur et sa peau usée intactes.

« La Maître d'escrime » est le premier roman que je lis de Arturo Pérez-Reverte, auteur que l'on m'avait souvent vanté mais dont je n'avais jamais eu l'occasion de lire les ouvrages, et c'est un indéniable coup de coeur ! Moi qui adore les variations stylistiques, j'ai été immédiatement séduite par la plume de Pérez-Reverte et par son style narratif, à la fois élégant et enlevé, d'une grande richesse sans jamais paraître lourd pour autant. C'est un vrai plaisir de lire un roman si bien écrit. Et si bien renseigné ! Car outre le fait de bénéficier d'une écriture fluide et subtil, « le Maître d'escrime » est également un excellent roman historique. Excellent dans le sens où l'auteur parvient à dresser un portrait prenant et saisissant de l'Espagne de la fin du XIXe siècle – ses tensions politiques, ses grandeurs et ses médiocrités… – sans une once de pédanterie ou de pédagogie, un défaut commun à beaucoup de romans historiques. On sent cette Espagne ! On la vit ! On ne l'apprend pas.

Mais malgré le grand intérêt que je porte à ce contexte historique, c'est par ses personnages que « le Maître d'escrime » m'a définitivement séduite. Et avant toute chose, par son personnage principal, ce vieux Don Quichotte vivant au milieu de ses rêves et de ses obsessions, mais qu'un sourire de femme va soudain faire revenir à la vie. Il y a à la fois beaucoup de tendresse et de cruauté dans cet amour d'un fier vieillard pour une jeune ensorceleuse – car ne nous leurrons pas : dans la vie réelle, les sexagénaires peuvent s'enflammer pour de jeunes beautés mais il est assez rare qu'ils soient payés en retour. Quelque chose de touchant et de pathétique que j'ai trouvé très émouvant. On peut saluer au passage quelques discrets hommages à Alexandre Dumas dont Pérez-Reverte est, semble-t-il, un fan inconditionnel.

Histoire d'amour, récit policier et politique, histoire d'escrime bien entendu (maintenant je sais ce que sont une parade du tierce ou une estocade courte. C'est-y pas merveilleux, ça ?) Il y a un peu de tout dans « le Maître d'escrime » et c'est bien cette diversité qui donne son charme au roman. Je le conseille avec enthousiasme et je m'empresse personnellement d'enchaîner sur la suite de la bibliographie de Pérez-Reverte. C'est qu'il semble avoir été plus que prolixe, l'excellent homme !
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