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Je n'ai pas la moindre idée de ce que signifie parer en quarte ou dégager en tierce, mais peu importe. Si je ne visualise pas les mouvements, cela ne m'empêche pas de comprendre la stratégie. Et de stratégie, il en est ici beaucoup question.

Dans le Madrid des années 1860, les complots s'accumulent alors que la reine Isabelle II s'occupe principalement d'accumuler les amants. le climat politique est lourd, de multiples orages menacent, et dans les rues de la capitale l'ambiance est pesante. Un seul homme est totalement indifférent à tous ces tumultes. Un vieux maitre d'escrime du nom de Jaime Astarloa. Dans la paix de sa salle d'arme, il ne se préoccupe que d'inculquer à ses jeunes élèves quelques rudiments de l'art de l'épée, dans l'espoir de préserver celui-ci. Et plus que tout, il est à la recherche de la botte ultime, l'attaque imparable, l'aboutissement de toute une vie. Mais un jour, il reçoit la demande la plus insolite de toute sa longue carrière : un nouvel élève souhaite bénéficier de ses leçons…. Une femme !!

L'histoire en elle-même est relativement classique, et on ne sera guère surpris du dénouement. Peu importe, car elle est avant tout au service du magnifique portrait du maître d'arme. L'homme vit dans un idéal qu'il sait dépassé, archaïque. Peu lui importe. Comment prétendre avoir un idéal, si on ne s'y tient pas au simple prétexte que tous les autres l'ont abandonné ? Autour de lui, tous en rient, mais ne cachent pas leur admiration pour la droiture et l'honnêteté du personnage, qui contrastent violemment avec cette ère d'agitation et de traitrise.

Un portrait à la Velázquez dans un tableau de Delacroix.
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Belle rencontre littéraire, ce roman a su me séduire. Et cela malgré deux petits bémols, les machinations politiques dans une Espagne du XIX ème siècle et des cours très théoriques dispensés par un Maître de l'escrime... J'avoue que j'ai été un peu perdue au milieu des échanges des escrimeurs... Mais le livre est bien écrit, très captivant aussi. Peu de personnages du roman sont dignes de sympathie, mais le héros du roman, le Maître d'escrime, sort du lot parce qu'il est humain, très désuet et véritable honnête homme! le lecteur a envie d'y croire. La fin est surprenante...
Un roman que je recommande. Je ne vais pas en rester là avec l'oeuvre de Arturo Pérez-Reverte!
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Estocade, flanconade, parade de quarte, prime. Bienvenue dans le monde de l'escrime.

Mais attention pas celui des Olympiades et de Laura Flessel où on croise le fer comme une danseuse d'opérette. Non, là on pénètre dans le monde de Don Jaime Astarloa, illustre maître d'armes espagnol du XIXème siècle, pour lequel l'escrime est un art, synonyme d'honneur, de grandeur et de noblesse. Sauf que sous le poids des années, notre brave gentilhomme bien sous tout rapport, bien élevé et propre comme un sou neuf, sent bien que le temps des duels est révolu et que l'art du maniement de l'épée tombe en désuétude... La jeune génération ne voit que par les armes à feu et on parle de jeu et de sport comme avenir de l'escrime. Tout fout le camp quoi.

Nostalgique de cette époque où l'honneur se lavait devant témoins au fil de l'épée, Astarloa aspire aujourd'hui à la tranquillité et poursuit, bon an mal an, l'enseignement de son art, partagé entre colère, dégoût, résignation et mélancolie.
Et comme signe de ces temps qui changent, l'Espagne est en passe de vivre un bouleversement historique: il serait question de renverser la monarchie...
Don Astarloa, emmuré dans ses souvenirs, se moque éperdument de ces troubles politiques, de ces idées révolutionnaires qui agitent le peuple. Jusqu'au jour où il accepte malgré tous ses principes de gentilhomme d'enseigner sa fameuse botte secrète à une jeune femme. Diantre, si même les femmes se mêlent aux affaires d'hommes maintenant..! Mais il réalise vite qu'il n'est qu'un pion dans le jeu de la Milady espagnole qui va le plonger malgré lui au coeur d'intrigues et de conspirations où le meurtre tient bonne place.

Perez Reverte nous immerge avec panache dans cet univers chevaleresque. Son écriture est remarquable car à s'y méprendre avec nos Dumas ou Zévaco. Seul bémol, la mise en route est un poil lente à mon goût. L'action ne débute et ne s'accélère réellement qu'à mi-parcours, toute la première moitié du roman ne servant qu'à présenter les différentes pièces du scénario qui va se jouer.
En situant son intrigue dans cette période trouble de l'histoire de la monarchie espagnole, il démontre brillamment non seulement l'insatisfaction populaire permanente face aux régimes en place et ces éternels débats qui divisent monarchistes et républicains, mais aussi l'inéluctabilité du temps qui passe. Les générations se succèdent, les transmissions de savoir perdurent certes mais le sens des priorités et des valeurs évoluent irrémédiablement. Au sens de l'honneur on préfère l'ambition, on se détourne du devoir pour le batifolage, et finis les duels: les problèmes se règlent désormais à coups de billets bien distribués.

Autres temps, autres moeurs, mais toujours le même cycle: tout a un début, tout à une fin. A moins que ce ne soit l'inverse?

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Un très bon Perez Reverte assurément. Même si le tableau du maître flamand et le Club Dumas restent mes favoris.

Ici l'auteur nous emmène dans le monde de l'escrime à travers un véritable roman de cape et d'épée. Je n'ai pas compris grand chose aux différentes passes d'armes, mais bien à l'intrigue maniée de main de maître, bien évidemment.

On est loin ici de la guerre d'Espagne, sujet fréquent, trop fréquent peut-être chez les auteurs espagnols, pour se retrouver septante ans auparavant où certains rêvent déjà d'une république et complotent en ce sens.

Un très bon roman. Qui se lit sans déplaisir, et qui vous donne l'envie de tout lâcher pour en connaître la fin.

Et si j'avais quelques années de moins, nulle doute que ce livre me donnerait l'envie de tenter d'apprendre cet art du fleuret !
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Le maitre d'escrime est un roman classique, qui respecte à merveille tout l'art de la littérature. Une écriture élégante et soignée, des phrases riches et belles à lire. Un roman qui tranche avec ce que nous pouvons lire aujourd'hui, les tenants de la modernité absolue n'ont qu'une chose à faire passer leur chemin!
Tous les autres, qu'ils se régalent de ce texte brillant de l'histoire et des intrigues, de cette espagne du 19 siècle, surtout, des valeurs qui sont décrites ici. L'honneur, la grandeur d'âme, même l'amour reprend ses lettres de noblesse et redevient ce sentiment pur et rare pour lequel on se doit de vibrer, d'enrager, de croire et d'espérer, ou, de cacher sa peine non pas dans une fierté mal placée, mais dans la decence des pertes acceptée. Un très beau moment de lecture...
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Dans l'Espagne de la fin du XIXe siècle à Madrid, un vieux maître d'escrime use ses derniers talents à enseigner son art à une bande de jeunes freluquets sans cervelle. Hidalgo fatigué, Don Jaime regrette le bon vieux temps où le combat à l'arme blanche était traité selon sa juste valeur et vomit ce siècle infect où l'on ne parle que de politique et de coucheries. Mais un jour, le siècle vient frapper à sa porte en la personne de la belle Adela de Otero, une splendide aristocrate qui vient lui demander – Ô scandale ! – de lui enseigner sa célèbre botte des deux cents écus. Indigné, embarrassé à l'extrême, furieux, puis finalement charmé – car la belle a des yeux époustouflants, assez de résolution pour faire ramper l'armée d'Espagne toute entière et manie l'épée comme un spadassin chevronné – le maître se laisse finalement convaincre. Mais la jeune femme cache de noirs secrets et le vieil homme se retrouve entraîné bien malgré lui dans une sombre machination. Meurtres, emprisonnements, tortures, cadavres défigurés … Au soir de sa vie, le maître d'escrime aura plus que jamais besoin de ses talents d'épéiste pour conserver son honneur et sa peau usée intactes.

« La Maître d'escrime » est le premier roman que je lis de Arturo Pérez-Reverte, auteur que l'on m'avait souvent vanté mais dont je n'avais jamais eu l'occasion de lire les ouvrages, et c'est un indéniable coup de coeur ! Moi qui adore les variations stylistiques, j'ai été immédiatement séduite par la plume de Pérez-Reverte et par son style narratif, à la fois élégant et enlevé, d'une grande richesse sans jamais paraître lourd pour autant. C'est un vrai plaisir de lire un roman si bien écrit. Et si bien renseigné ! Car outre le fait de bénéficier d'une écriture fluide et subtil, « le Maître d'escrime » est également un excellent roman historique. Excellent dans le sens où l'auteur parvient à dresser un portrait prenant et saisissant de l'Espagne de la fin du XIXe siècle – ses tensions politiques, ses grandeurs et ses médiocrités… – sans une once de pédanterie ou de pédagogie, un défaut commun à beaucoup de romans historiques. On sent cette Espagne ! On la vit ! On ne l'apprend pas.

Mais malgré le grand intérêt que je porte à ce contexte historique, c'est par ses personnages que « le Maître d'escrime » m'a définitivement séduite. Et avant toute chose, par son personnage principal, ce vieux Don Quichotte vivant au milieu de ses rêves et de ses obsessions, mais qu'un sourire de femme va soudain faire revenir à la vie. Il y a à la fois beaucoup de tendresse et de cruauté dans cet amour d'un fier vieillard pour une jeune ensorceleuse – car ne nous leurrons pas : dans la vie réelle, les sexagénaires peuvent s'enflammer pour de jeunes beautés mais il est assez rare qu'ils soient payés en retour. Quelque chose de touchant et de pathétique que j'ai trouvé très émouvant. On peut saluer au passage quelques discrets hommages à Alexandre Dumas dont Pérez-Reverte est, semble-t-il, un fan inconditionnel.

Histoire d'amour, récit policier et politique, histoire d'escrime bien entendu (maintenant je sais ce que sont une parade du tierce ou une estocade courte. C'est-y pas merveilleux, ça ?) Il y a un peu de tout dans « le Maître d'escrime » et c'est bien cette diversité qui donne son charme au roman. Je le conseille avec enthousiasme et je m'empresse personnellement d'enchaîner sur la suite de la bibliographie de Pérez-Reverte. C'est qu'il semble avoir été plus que prolixe, l'excellent homme !
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A Madrid, en 1868, tandis que le trône d'Isabelle II chancelle, que complots et rumeurs passionnent ses connaissances, « le Maître d'escrime » ne se préoccupe que de mettre la dernière main à son « traité sur l'art de l'escrime » en y incluant « la botte magistrale, l'estocade parfaite (et) imparable » qui en ferait le « nec plus ultra » de la discipline en surpassant les traités des grands maîtres français dont il fut jadis l'élève.
Seul et vieillissant, insensible aux affaires du monde mais conscient que, le pistolet prenant le pas sur l'épée, son «art tombe en désuétude », il vit des leçons qu'il donne à des tireurs confirmés ou à des débutants. Lorsqu'une jeune inconnue lui confie « je veux apprendre la botte des 200 écus ! » il ressent « la douce sensation que quelque chose de nouveau était en train d'arriver dans son existence monotone ». La nouvelle élève est douée et apprend vite. Que va-t-elle faire de cette arme redoutable? Dans quelle dernière aventure va-t-elle l'entraîner?
L'escrime est au coeur du roman mais il n'est pas nécessaire de posséder toutes les subtilités de la « parade de quarte, de tierce ou en demi-cercle, de l'estocade courte et du dégagement forcé» pour savourer la dernière aventure d'un héros qui n'a comme fortune que son honneur dans un Madrid qui n'est plus la capitale du monde qu'elle fut pendant plus d'un siècle.
C'est aussi l'occasion, pour l'auteur, de mettre dans la bouche de son héros quelques unes des vérités qui lui tiennent à coeur :
« Une civilisation qui renonce à la violence en pensée et en action se détruit elle-même. Elle se transforme en un troupeau d'agneaux qui se fera égorger par le premier venu.»
« Je préfère être gouverné par un César ou un Bonaparte, qu'on peut tenter d'assassiner s'il ne vous plaît pas, plutôt que de voir le vote du boutiquier du coin décider de mes passions, de mes habitudes et compagnie…le drame de notre siècle, c'est le manque de génie, qui est seulement comparable au manque de courage ou au manque de bon goût. Sans doute doit-on cela à l'ascension irrésistible des boutiquiers aux quatre coins de l'Europe ».
Le roman date de 1988 et il n'a pas vieilli, au contraire
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Très beau roman que ce Maître d'escrime! Rien n'y manque: une intrigue qui, même si elle est "classique", nous tient en haleine; un pan de l'histoire espagnole qui demande à être exploré ultérieurement; un personnage principal attachant et remarquable de qualités morales; un raffinement dans l'expression et une langue de haute qualité. Décidément, Arturo Pérez-Reverte ne me déçoit jamais et en plus, chaque livre est une surprise, car il sait renouveler ses sujets.
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Dans une période politique troublée pour l'Espagne, en 1868, Don Jaime, maître d'escrime quinquagénaire, regrette le temps où l'escrime était un art du combat, et non pas un sport comme il l'est désormais, remplacé par les pistolets et fusils, synonymes de facilité et de lâcheté selon lui. Il vivote entre quelques leçons, ayant du mal à trouver sens à son existence dans une Madrid en constante évolution, jusqu'au jour où celle-ci va être radicalement bouleversée par une demande inattendue...

Si l'on excepte une intrigue plus qu'attendue, qui enlève tout piquant au récit, ce roman policier, qui prend le temps de se mettre en place, choisissant de dépeindre avec précision le cadre spatio-temporel dans lequel il se situe avant de développer tout évènement criminel, est une lecture agréable, qui dose parfaitement pauses descriptives de personnages, de lieux... et scènes d'action, mettant en scène avec fluidité les différentes techniques d'escrime présentées, tout en nous offrant une histoire cohérente et un dénouement qui se tient.

Je n'en garderai pas un souvenir impérissable, mais j'ai tout de même passé un bon moment.

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Avis mitigé pour ce roman. L'intrigue historique n'est pas trop mal, même si elle est un peu longue à se mettre en route et que j'avoue ne pas avoir tout compris (trop de noms différents). Mais là où je n'ai pas du tout adhéré, c'est dans la surabondance de termes techniques. Je veux bien que le personnage principal soit maitre d'escrime, mais au bout d'un moment c'est trop et je me suis vraiment ennuyée sur certaines passages. Heureusement qu'il n'y a que 275 pages car je n'en aurais pas supporté plus. Un roman qui n'a pas marché avec moi.
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