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Critique de Vermeer


Essai passionnant qui concerne l'histoire des mentalités, l'histoire sociale, la littérature, l'anthropologie, l'architecture.
La chambre privée est d'une apparition récente, XVIIIème siècle. Auparavant, elle pouvait être publique : chambre de Louis XIV à Versailles ou chambres-salons des Précieuses du XVII ème siècle telle Catherine d'Agonne.
La chambre : lieu du sommeil, du rêve, de retraite, de prière, de travail, d'écriture, de sexualité, de liberté, d'indépendance, de maladie, mort. Lieu de secret, d'intimité ou de promiscuité quand Michelle Perrot explore les taudis surpeuplés, nids à tuberculose des logements ouvriers du XIXème siècle.
Lieu d'indépendance chez les ouvriers, domestiques qui parviennent à en trouver une, chez les migrants ou adolescents d'aujourd'hui.
L'auteur évoque longuement les chambres sordides des ouvriers et domestiques, les chambrées, garnis. La chambre d'hôtel qui va de la plus misérable à celle du palace.
Lieu d'écriture nombre d'écrivains, Proust qui s'y confine, Kafka, les femmes comme Emily Dickinson et Virginia Woolf pour qui "une chambre à soi" marque l'indépendance qui a tant manqué aux femmes pour créer. Les femmes, plus que les hommes, en ont fait un lieu intime, de mémoire silencieuse.
Michelle Perrot évoque également la chambre-cellule, prison ou lieu de séquestration, la chambre des amours illégitimes, des délinquants en fuite et plus récemment l'apparition de la chambre d'enfant qui n'existe cependant que dans les pays riches.
Un tour d'horizon très large. Les chambres ne sont plus lieu de naissance et de mort depuis des décennies.
Lieu de mémoire mais surtout de l'intime et du secret, les chambres sont pourtant mémoires éphémères.
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