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Critique de Sharon


J'admire le travail d'orfèvre d'Anne Perry. Tandis que certains auteurs oublient ce qu'ils ont écrit ou usent de copier/coller maladroit, l'auteur britannique réintroduit le personnage du général Balantyne, dix ans après le mystère de Callander Square et quatre ans après Mort à Devil's Acre. Il a vieilli, il n'a pas changé. Il est l'homme d'honneur qu'il a toujours été. Ni le courage ni le sens de la justice ne lui font défaut. Ce n'est pas le cas de son adversaire. Ce maître chanteur est d'autant plus abject - comme s'il ne l'était pas tous - qu'il sait que le général ne pourra pas apporter les preuves de son acte de bravoure, les actes qu'on lui reproche sont trop anciens. Pire : dans l'Angleterre victorienne, reconnaître qu'une personne met en doute votre honneur est déjà une cause de déshonneur.
Le général n'est pas le seul à être pris dans ce cercle vicieux, le propre supérieur de Thomas Pitt, qui a voué sa vie à la mer, est lui-même victime de ce maître chanteur. Trois, puis quatre autres victimes sont recensées. Leur point commun ? Mis à part le fait qu'elles ne peuvent réfuter ce qu'on leur reproche, il n'y en a aucun, en apparence. La tâche de la police est donc encore plus ardue.
Comme souvent, Thomas reçoit l'aide de Charlotte et de Gracie. Cela ne fait guère plaisir au commissaire, qui sait à quel point enquêter peut être dangereux. Charlotte devrait le savoir aussi, ce qui ne l'empêche pas d'apporter son soutien au général. Quant à Gracie, se rend-elle compte de l'effet qu'elle fait à Tellmann, l'adjoint de Pitt ? Lui-même n'en a peut-être pas conscience. Lui qui déteste la haute société, pas nécessairement à tort, remet en cause son jugement abrupt face au général Balantyne, décidément une des créations les plus marquantes d'Anne Perry.
Je n'ai garde d'oublier lady Augusta, toujours là, toujours murée dans les prérogatives dues à son rang, maîtrisant les codes de sa caste à la perfection. Lady Vespasia et elles forment un saisissant contraste, et même si les outrages du temps se font sentir, même s'il faut, parfois, épargné la vieille dame qu'elle est devenue, elle a toujours gardé son sens aigu de la justice. D'autres femmes, non moins remarquables, apparaissent dans ce roman. Cherchez la femme : elle peut favoriser la carrière de son mari de bien des manières, sur lesquelles la bonne société victorienne ferme les yeux. Elle peut être aimée, aimante. Elle peut, comme Gracie, être un lien entre deux mondes, celui de la richesse et celui de l'extrême pauvreté. Elle peut vivre dans le luxe et l'honorabilité sans se demander comment son mari parvient à payer ses magnifiques robes de soie.
Bedford Square est à lire absolument après le mystère de Callander Square et Mort à Devil's Acre pour mieux comprendre tous ses enjeux.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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