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Citations sur Don Quichotte : Autoportrait chevaleresque (38)

Ce qu´il faut d´héroïsme pour développer une pensée critique contre la société, peaufiner ses arguments, analyser et approfondir et rechercher et disséquer et prospecter, pour au final glisser ses intimes convictions dans un livre qui ne sera lu que par les gens qui partagent le même point de vue.
page 261
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Ce qu´il faut d´héroïsme et d´abandon pour se contenter du langage commun, des mots déjà mâchés et usés et crachés par des millions de bouches ; pour noyer la singularité de ce que l´on ressent et de ce que l´on pense dans le plus petit dénominateur commun ; pour accepter la pauvreté d´une langue qui dit si peu de soi, qui simplifie à outrance, qui gomme les aspérités pour offrir à tous les même services standard et normalisés ; pour accepter de connaître si peu de mots, d´en passer par des expressions toutes faites, de risquer d´être mal compris et mal interprété, d´avancer les yeux bandés sur la corde raide du malentendu ; ce qu´il faut d´héroïsme pour accepter de suivre les règles de la langue sans tenter de les détourner à son propre usage, sans se les approprier, sans peaufiner les mots pour chercher à les renouveler un peu, pour les faire briller comme s´ils étaient neufs et inédits ; ce qu´il faut d´héroïsme pour négliger les éclairs de la langue.
page 204
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Ce qu´il faut d´héroïsme pour conjuguer un verbe au futur en ignorant sciemment l´usage du conditionnel.
page 159
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Ce qu´il faut d´héroïsme résigné pour accepter la promiscuité des tramways TER métros bus, pour supporter la transpiration et le coude dans le ventre, le sac à dos et le souffle coupé, les humeurs les sueurs les odeurs les dents gâtées les haleines chargées, et les coups de folie les insultes les mains tripoteuses les regards de colère ou de frayeur ; ce qu´il faut de renoncement pour s´entasser là où des rats s´entre-tueraient, là où nul animal n´accepterait de demeurer impassible ; ce qu´il faut être conscient de sa supériorité d´humain pour accepter ce qui rendrait folle n´importe quelle bête.
page 117
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Les chiffres sont implacables et les chiffres ne veulent rien dire, tellement ils sont loin de nos réalités quotidiennes ; on aimerait que les chiffres vivent leurs vies de chiffres dans le monde abstrait des mathématiques, sauf que l´on meurt chaque jour pour engraisser les chiffres, que l´humanité s´est inventée de nouvelles stratégies de déshumanisation, que des millions de vies ne pèsent rien sur un bilan comptable.
pge 57
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(…) alors que lire un livre n´est plus qu´un exercice scolaire évalué, une lubie de vieille dame, un loisir bovaresque pour femme qui s´emmerde, la singularité de quelques excentriques dont le nombre décroît au fil du temps, un passe-temps pour élites auto-proclamées ou une passion morbide ; ce qu´il faut d´héroïsme pour continuer à faire semblant d´y croire lorsque plus personne ne perd son temps à lire des livres, lorsque le livre reste le cadeau passe-partout qui ne sera jamais lu mais jaunira sur une étagère poussiéreuse , lorsque le livre sera bientôt un objet de musée, comme la lecture de poésie ou de fiction sera reléguée au passé au même titre que l´écoute des feuilletons à la radio ; ce qu´il faut d´obstination pour faire semblant d´y croire, pour ne pas voir combien le monde réel se contrefout de la littérature, combien le livre idéal est celui qui engendrera des produits dérivés cinématographiques ou virtuels, combien le livre est une activité sans aucun fondement sérieux dans une société où la valeur des choses n´est plus qu´une valeur marchande, où le profit n´est ni le plaisir, ni l´excitation intellectuelle, ni la connaissance, mais bien l´accroissement de sa richesse personnelle.
page 48
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Un rêve d´écrivain : ouvrir un livre, se glisser à l´intérieur et ne plus entendre les gémissements de la société, ne plus en voir les fissures. Les dysfonctionnements. (…)
Et pourtant, les livres n´inventent rien, tout est déjà disposé sur la table du réel, les livres réagencent, remodèlent, déplacent certains éléments pour les redistribuer différemment. S´il est possible que la littérature pétrisse tout ce qui est à portée de notre main, alors il est certainement possible de le faire également dans la réalité : à nous d´obliger nos vies à nous rendre heureux.
page 47
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En résumé, l´histoire des deux voyageurs est d´une simplicité absolue : dans les rocailles sèches du centre de l´Espagne, un homme préfère la fiction au réel. Il s´ennuie de ce que le monde ait des frontières et des règles strictes, il ne voit rien dans son village qui le fasse rêver ; aussi se met-il à lire et décide-t-il de s´installer entre les pages de ses ouvrages préférés. Quitte à vivre, autant être fou puisque la folie offre plus de distractions que le lent décompte des journées toujours semblables. Ensuite, un second homme, paysan illettré condamné à la pauvreté et à une vie ras de terre, trouve dans la folie du précédent matière à s´échapper de sa propre prédestination ; (…).
p 45-46
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